Midi à 14 h
Les nouveaux
trottoirs d’Alger
Par A. Khalmy
Les nouveaux trottoirs d’Alger ne
sont pas ceux qui ont été refaits depuis l’Indépendance. Les
nouveaux trottoirs d’Alger ne sont pas ceux qui ont été refaits
deux fois, à chaque mandat communal, depuis l’indépendance. Ils
ne sont même plus ceux qu’on a revêtu d’une couche de bitume
pour économiser de l’argent pour en faire, normalement, autre
chose. Ce ne sont plus aussi ceux qui ont été pavés de carrelage
destiné aux espaces de luxe. Les nouveaux trottoirs d’Alger, qui
étaient cet espace piéton permettant aux usagers de marcher en
toute sécurité, ne sont plus les mêmes. Les trottoirs d’Alger ne
sont pas restés le réceptacle de petits étals de fortune de
revendeurs non catalogués, non recensés, non reconnus. Les
nouveaux trottoirs d’Alger ne sont plus ceux occupés naguère par
de petites gens très pauvres—pardon, je crois avoir souvenance
qu’un ministre avait déjà tranché cette question : “Il n’y a
plus de pauvres en Algérie.”
Alors, excusez moi, je récapitule…
Les nouveaux trottoirs d’Alger ne sont plus occupés par des
pauvres et la preuve officielle, c’est qu’il n’en existe plus.
Les trottoirs d’Alger sont squattés par des familles qui ont fui
leur gîte pour des raisons sécuritaires ou mises dehors pour des
raisons judiciaires. Ce sont des femmes avec enfants dont des
maris se sont débarrassés pour de fausses raisons peut-être,
pour de bonnes raisons peut-être, mais toujours est-il que ce
sont des humains qui sont sur les nouveaux trottoirs d’Alger.
Les nouveaux trottoirs d’Alger ont le mérite de cumuler deux
caractéristiques, le jour, c’est le trottoir des uns, le soir,
c’est celui des autres. Quand une femme à qui il est demandé ce
qu’elle fait sur le trottoir, par un soir plus froid que la
froideur de l’hiver, elle répond avec un sourire se voulant
sensuellement aguichant, je travaille. L’ignare lui dira Allah I
ainek, le plus «intelligent» (excusez les guillemets) dira qu’il
faudrait trouver une solution pour ces malheureuses femmes, le
malin lui dira où peut-on aller terminer la nuit et, rusé qu’il
est, il dira combien, pour éviter des conflits commerciaux, le
moment d’après. Le maire, lui, focalisera sa pensée, peut-être,
sur le discours du lendemain ou sur le dossier que le wali
attend. J’arrête. Je commence à croire que je parle de
situations d’ailleurs alors que je suis à Alger. Au fait, c’est
quoi Alger pour un pauvre qui a cessé d’exister ? Alger la
fraîche.
A. K.
Première édition
du concours «Microphone d’Or»
Des chaînes à la
chaîne
Organisée par la Radio algérienne dans le décor du prestigieux
hôtel Hilton, cette manifestation «publique» a pour but
essentiel de promouvoir les productions radiophoniques
algériennes. Ce concours est, selon les organisateurs, appelé à
couvrir les autres pays du Maghreb lors de la prochaine édition,
en 2008. «D’ici là et pour engranger de la plus-value par le
truchement de la qualité, il faut espérer une ouverture du champ
médiatique au privé » estiment, en catimini, bon nombre de
professionnels.
Par D. Mentouri
Animateurs, réalisateurs,
correspondants, auteurs de programmes radiophoniques à
caractères social, éducatif ou économique diffusés par les
diverses chaînes nationales et stations radiophoniques ont été
primés lors d’une cérémonie à laquelle a été convié un parterre
de personnalités du monde médiatique et diplomatique. Des
distinctions leur ont été décernées dans une atmosphère chargée
d’émotions et de convivialité. Ce concours, ouvert à toutes les
chaînes nationales, thématiques, régionales et autres agences de
communication, a été sanctionné par l’attribution de droits à 14
catégories d’émissions, de reportages et d’investigations mais
également aux émissions sportives. La qualité du produit,
l’originalité thématique, la pertinence, la conformité textuelle
et sonore ainsi que l’approche des sujets ont été les quelques
critères sur lesquels se sont basés les membres du jury composé
d’éminentes figures médiatiques et présidé par le docteur et
universitaire Salim Kalala. Le DG de l’ENRS, Azzedine Mihoubi,
organisateur de cette cérémonie a affirmé que «l’objectif visé
est la valorisation de la production radiophonique à l’heure de
la suprématie de l’image», affichant, par ailleurs, sa volonté
de booster la nouvelle génération de créateurs au sein des
radios algériennes. A ce sujet, ont confié certaines voix en
aparté,
«Il serait souhaitable que l’on
pense à ouvrir le champ médiatique, notamment la radio, au privé
afin de créer un espace de compétitivité qui serait, au
demeurant, une source de richesse et de plus-value ». Une option
à laquelle bon nombre de personnes appartenant au monde
médiatique tous organes confondus ont souscrit. Les prix ont été
remis jeudi soir à deux catégories, celle des meilleures
émissions et reportages, et cette englobant les prix individuels
avec les prix des meilleurs animateur, réalisateur,
correspondant à l’étranger et du meilleur présentateur de
journal d’information. Il est à signaler que la chaîne III a
remporté trois distinctions dites «micro d’Or». Cette chaîne,
très prisée par les auditeurs en raison de la diversité des
sujets qu’elle propose à décroché le prix des meilleures
émissions économique, sociale et politique. Le prix de la
meilleure animatrice radio a été décerné à Meriem Abdou et à son
alter ego Samiha Halli ex aequo avec Malika Belhadj de la chaîne
radio de Relizane. L’auteur de l’interview inédite de feu Yasser
Arafat, en l’occurrence Meriem Abdou, et dont un extrait a été
diffusé lors de la cérémonie, a reçu le prix du meilleur
enregistrement dans le cadre de l’émission «l’Histoire en
marche». Tiaret et sa radio locale de proximité n’étaient pas en
reste puisque cette station a été primée pour l’excellent
reportage sur les clandestins (El harraga). La radio El Bahdja
s’est quant à elle, distinguée par la diffusion de son émission
«Héros dans l’ombre». Mostaganem a été choisie pour recevoir le
prix de la meilleure émission culturelle, religieuse et
d’histoire ainsi que pour «El-meddahate», classé meilleur
programme de variétés. radio Jijel pour «Rihlet el-kabdh ala
Zidane» (sur les traces de Zidane), du meilleur rendez-vous
sportif, et radio M’sila pour «Baraim el amel» (graines
d’espoir), ont été gratiffiées du microphone d’Or de la
meilleure émission pour enfants. Un prix spécial a, cependant,
été décerné à la Chaîne II de la Radio nationale pour son thème
«L’économie de l’eau». Par ailleurs, un prix a été consacré au
meilleur spot publicitaire et un autre au jury présidé par Salim
Kalala. L’annonce des résultats du concours «microphone d’Or»
auquel ont pris part 37 stations radiophoniques nationales,
régionales et locales , avec plus de 200 ouvrages, a été
rehaussée par la présentation de partitions musicales et des
passages artistiques interprétés par le musicien Mohamed Rouane,
le chanteur Djamel Allam et le comédien Saïd Hilmi. Cette
compétition, qui s’inscrit dans le cadre du premier festival de
la production radiophonique, a été annoncée par M. Mihoubi lors
d’un point de presse qu’il avait animé le 2 décembre dernier et
au cours duquel il n’avait pas écarté la possibilité que cette
manifestation — nationale pour sa première édition — soit
élargie à d’autres stations radiophoniques maghrébines lors de
sa prochaine édition prévue en 2008. A ce sujet, «est-t-il
permis aux radios privées maghrébines de participer et
concourir au même titre que les organes publics ?»,
s’interrogent des observateurs. Chose qui, le cas échéant,
nourrira l’espoir de l’ouverture du champ médiatique tant
attendue.
D. M.