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Edition du 8 Décembre 2025



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Accident mortel de Béni Abbès
Mobilisation totale de l’État
8 Décembre 2025

Une route sinistre s’est à nouveau teintée de sang ce week-end dans le Sud-Ouest algérien. Un bus transportant des voyageurs entre Tindouf et Béchar a fait un dérapage fatal avant de se renverser, samedi matin, sur la Route nationale 50 (RN50), à hauteur de la commune de Tabalbala dans la wilaya de Béni Abbès.


Le bilan provisoire, communiqué par les services de la Protection civile, a évolué tragiquement : de 12 décès et 23 blessés initiaux à 14 morts et 34 blessés confirmés, selon la Gendarmerie nationale. Parmi les victimes, deux militaires, soulignant l’impact dévastateur de cet accident sur des familles et des communautés déjà éprouvées par les rigueurs du désert.
L’incident s’est produit vers 25 kilomètres au sud de la localité de Boulaadam, dans une zone aride où les conditions routières, combinées à une possible fatigue du chauffeur ou à un excès de vitesse, ont précipité le drame. Le commandant de la compagnie de Gendarmerie de Béni Abbès a décrit une scène de chaos immédiat : le véhicule, un car de transport interwilayas bondé, a quitté la chaussée avant de basculer sur le flanc, piégeant ses occupants sous les débris.
« Les circonstances exactes font l’objet d’une enquête approfondie », a-t-il précisé, promettant des expertises techniques pour élucider les causes – qu’il s’agisse d’un défaut mécanique, d’une météo capricieuse ou d’une erreur humaine.

Une mobilisation exemplaire face
à l’horreur
La réponse des secours a été fulgurante, un modèle de coordination interservices dans l’immensité saharienne.
La Protection civile de Béni Abbès a dépêché deux ambulances et deux camions de désincarcération, renforcés par trois véhicules supplémentaires venus de Béchar. Sur le terrain, les équipes ont extrait les survivants des tôles tordues, stabilisant les cas les plus critiques avant leur évacuation vers l’hôpital d’El Abadla, dans la wilaya voisine. « L’opération se poursuit, et le bilan reste provisoire tant que tous les blessés ne sont pas hors de danger », avait averti un porte-parole de la Protection civile dans les premières heures.
Dimanche soir, le ministère de la Défense nationale (MDN) a annoncé une mesure d’urgence supplémentaire : dix blessés graves – dont six militaires et quatre civils – ont été héliportés vers l’Hôpital central de l’Armée d’Aïn Naadja, à Alger.
Cette opération, supervisée sur ordre direct du général d’armée Saïd Chengriha, chef d’état-major de l’Armée nationale populaire (ANP), illustre l’engagement des forces armées dans la gestion des crises humanitaires.
« Ces évacuations visent à garantir une prise en charge médicale optimale, avec tous les moyens nécessaires mobilisés », souligne un communiqué du MDN, qui rend hommage à la rapidité des interventions sur place.

Visite ministérielle : enquête et humanité au cœur du désert
L’écho de la tragédie a rapidement atteint les plus hautes sphères de l’État. Sur instruction expresse du président Abdelmadjid Tebboune, les ministres de l’Intérieur, des Collectivités locales et des Transports, Brahim Merad – attendez, non : Saïd Sayoud –, et de la Santé, Mohamed Seddik Aït Messaoudene, ont effectué dimanche une descente sur le théâtre des opérations.
Par voie terrestre, ils ont rallié Tabalbala pour inspecter le site de l’accident, arpentant la RN50 balayée par les vents sahariens. « Nous devons ouvrir une enquête exhaustive pour identifier les véritables causes et prévenir de tels drames », a insisté M. Sayoud, appelant à une vigilance accrue des usagers de la route.
Le duo ministériel s’est ensuite rendu à l’hôpital de Tabalbala, où 15 blessés étaient encore soignés dans un état stable. « Ils quitteront tous l’établissement dans les prochaines heures », a rassuré le ministre de l’Intérieur, saluant le professionnalisme des équipes médicales.
M. Aït Messaoudene, de son côté, a loué les efforts du personnel de l’établissement hospitalier Tourabi-Boudjemâa : « Leur dévouement assure une prise en charge optimale, et nous mobiliserons tous les ressources pour un rétablissement rapide. »
Dans une déclaration à la presse, M. Sayoud n’a pas mâché ses mots : « Je renouvelle mon appel aux conducteurs : prudence, respect des vitesses et rejet de l’imprudence sont essentiels pour sauvegarder des vies. »
Il a également exprimé sa gratitude envers l’ANP, la Gendarmerie, la Police et la Protection civile pour leur réactivité, avant d’adresser ses condoléances les plus sincères aux familles éplorées.

Le président Tebboune : compassion et unité nationale
C’est le chef de l’État lui-même qui a clos cette journée de deuil par un message poignant sur son compte personnel des réseaux sociaux.
« Nous sommes profondément attristés par cet accident qui a emporté 14 de nos concitoyens dans la wilaya de Béni Abbès », a écrit M. Tebboune. « À leurs familles, j’offre mes condoléances les plus sincères et ma compassion la plus profonde. Que Dieu accorde patience et réconfort à leurs proches, et un prompt rétablissement aux blessés. »
Ce geste personnel, rare pour un président en exercice, souligne l’ampleur du choc national.
L’accident de Tabalbala n’est malheureusement pas un cas isolé : les routes du Sud, avec leurs étendues infinies et leurs défis logistiques, comptent parmi les plus mortelles du pays.
En 2024, plus de 5 000 personnes ont péri sur les routes algériennes, selon les statistiques officielles, souvent pour des raisons similaires – surcharge, fatigue ou infrastructures perfectibles.

Vers une route plus sûre ? Une enquête sous haute surveillance
Tandis que l’enquête de la Gendarmerie avance – avec des auditions du chauffeur survivant et des analyses de la boîte noire du bus –, les autorités promettent des mesures préventives. Renforcement des contrôles sur la RN50, formation accrue des transporteurs et campagnes de sensibilisation : autant d’outils pour briser le cycle tragique des accidents. Pour les familles des victimes, originaires pour beaucoup des confins de Tindouf, ce drame est une plaie ouverte dans un quotidien déjà marqué par l’isolement.
Dans le silence du désert, Tabalbala pleure ses morts. Mais au-delà du chagrin, cet événement appelle à une mobilisation collective : pour que la route, symbole de lien et de mobilité, ne soit plus un piège mortel.
Les prières montent vers les disparus, et l’espoir, vers un avenir où chaque voyage se termine en retrouvailles. Affaire à suivre, avec l’espoir que justice et prévention triomphent.

Par : Hamrouche Mounir

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