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Jeunes groupes de musique
Des talents en quête d’espaces d’expression
28 Fevrier 2011

Marquée par une grande variété de styles, la scène musicale algérienne enregistre chaque jour la naissance de nouveaux groupes de jeunes artistes passionnés, alors que les espaces d’expression font cruellement défaut.


Composés généralement de trois à cinq membres, ces jeunes pousses, qui excellent dans des genres musicaux différents, sont le plus souvent animés d’un seul désir, celui de se produire sur scène, pas forcément dans de grandes salles de spectacles tant ils pourraient se contenter d’espaces modestes mais conviviaux pour y rencontrer d’autres jeunes. Juste pour le plaisir du partage et celui de vivre en communion des moments d’émotion. M’lema, Phénix, Mazal, Caméléon, NR2, Good-Noise, Daz, Impulse, B.B Blues, Paranoïd, ou encore Costa Blanca et bien d’autres. La liste est longue pour ces formations musicales, tous genres confondus, qui forment ce que;l’on pourrait qualifier de "nouvelle vague" de musiciens algériens.
Avec des fortunes diverses, ces jeunes gens tentent d’imposer de nouveaux codes, une nouvelle culture musicale, en prise avec leur temps.
Et chaque groupe œuvre dans un style propre. Si le gnawi et le rock métal dominent la scène musicale, d’autres groupes de hip-hop, flamenco et de fusion y trouvent leur place pendant que les groupes spécialisés dans le métissage des genres musicaux font une entrée discrète mais décidée.
A les voir répéter dans des maisons de jeunes et autres médiathèques, certains de ces groupes semblent motivés et déterminés à aller jusqu’au bout de leur rêve.
Généralement, la "chance" de monter sur scène est offerte à quelques- uns de ces groupes par l’établissement Arts et culture et l’Office national de la culture et de l’information (ONCI), mais uniquement à Alger, alors que leurs admirateurs se recrutent dans presque toutes les régions du pays.
Pour contourner l’écueil des concerts en salle, ces groupes s’en remettent au "monde virtuel" de l’Internet pour la promotion de leurs produits, grâce aux réseaux sociaux ou blogs qui diffusent des extraits vidéo ou sonores de leur rares prestations sur scène ou de leurs enregistrements en studio.
Magie du Web, des fans-clubs ont été créés pour certains groupes, même pour ceux qui n’ont pas eu encore l’occasion de se produire sur scène ou sortir un album.
Parmi ces groupes, le cas de NR2, une formation atypique, mérite qu’on s’y attarde. Ce trio composé de Réda, Yousra et Ramzi, qui fait dans la chanson à texte dans un style mêlant une variété de sonorités, peine à convaincre les organisateurs d’évènements artistiques de les programmer. Pourtant, à voir sa page "perso" et son profil sur des réseaux sociaux, ce groupe semble être apprécié par des centaines de fans.
Pour Réda, son fondateur, l’argument selon lequel les jeunes d’aujourd’hui n’apprécient que les ambiances rythmées et fortes en décibels est fallacieux. L’artiste convient tout de même que cette croyance, répandue, a induit l’apparition "rapide" d’un nombre important de groupes de gnawi ou de rock.

Le web, en attendant les espaces réels d’expression
"Que peut un jeune groupe pour faire connaître sa musique, si même les cafés et salons de thé le boudent...?", lâche-t-il désolé avant de bénir cette "petite merveille" qu’est l’Internet qui les aide à se faire connaître, mais
surtout à avoir un feedback sur leur travail, explique Réda pour qui la culture est un besoin essentiel au même titre que l’eau et la nourriture. Autre style, autre groupe. "Diwan El Bahdja", qui est un groupe composé de quatre membres, fait, comme son nom le laisse entendre, dans le gnawi et tente, pour sa part, de contribuer à la sauvegarde d’une partie du patrimoine matériel et immatériel national en se consacrant à cette musique ancestrale, dont la rythmique autant que les incantations mystiques séduisent de plus en plus de jeunes.
Et même si le groupe fait dans un genre purement traditionnel, il s’appuie, lui aussi, sur le web qui, sans remplacer le charme de la scène, n’en est pas moins un outil important pour la promotion de cette formation, comme l’explique Nassim.
Néanmoins, pour le gumbriste et choriste de "Diwan El Bahdja", l’Internet est une arme à double tranchants : "Moyen utile, certes, pour la promotion d’un jeune groupe de musique, le net risque aussi de l’étouffer car le vrai travail doit se faire sur la scène, en contact direct avec le public", estime Nassim qui reconnaît, par ailleurs, que certains styles de musique sont "privilégiés" en termes de programmation, par rapport à d’autres.
C’est à travers la Toile, en effet, que le groupe "Caméléon", adepte de la fusion des styles, a pu se faire une notoriété. D’ailleurs, ses premiers titres "Allah", "El bir esseghir", "Rechani" et "Douk el adyane" ont eu un succès remarquable sur le blog du groupe et son profil sur facebook, comme en témoignent les commentaires et les partages de liens.
C’est grâce aussi à quelques passages radio que le premier concert du groupe, organisé en début du mois de février dans une grande ambiance à la salle d’Alger, a vu la présence d’un public nombreux qui connaissait son répertoire par cœur, alors que son album n’est pas encore dans les bacs.
Pour tous ces groupes, la Toile est décidément un espace dans lequel les jeunes talents peuvent exprimer leurs talents artistiques, se faire connaître et aller à la rencontre de leurs fans, mais la scène demeure irremplaçable car c’est le lieu par excellence du partage et de l’émotion, si nécessaires aux artistes, ainsi qu’ils l’affirment.
En attendant la scène et la multiplication des espaces réels d’expression, ces jeunes groupes de musique, tout à leur passion, continuent à se produire sur le Web. Même si les applaudissements ne se font pas entendre...


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