Le Midi Libre - Culture - Dar Khdaoudj El Amia, un lieu de mémoire
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Virée au Musée national des arts et traditions populaires
Dar Khdaoudj El Amia, un lieu de mémoire
4 Juillet 2007

Situé dans le quartier Souk El Djamaâ (ancien Socgemah) dans la partie basse de la séculaire Casbah, le Musée national des arts et traditions populaires abrite et ce, jusqu’au 30 septembre prochain, une exposition scénographique reconstituant la vie au quotidien dans la vieille médina, baignant le spectateur dans la douce souvenance d’un passé où il faisait bon vivre. Zoom.

A partir de Djamaa Ketchaoua (qui signifie en langue turque plateau des chèvres : kegi/aoua), le Palais Hassan Pacha et Dar Aziza enserrent l’ancienne place de la Djenina. Le quidam longe la rue Hadj Omar (ex-rue Bruce) non sans remarquer le mythique café des Sports où il ne reste que le témoignage d’une inscription mosaïcale renvoyant les nostalgiques des qaâdate musicales entre autres à la douce souvenance d’antan, voire à ll’estampe d’un temps révolu du chanteur El Anqa et autres épigones du genre chaabi. Dans les parages, Dar el cadi, Dar Mustapha Pacha et Dar Essouf, trois monuments qui sont déjà livrés après des travaux de restauration qui ont duré plusieurs années. Dire que les restaurateurs qualifiés ne ‘’courent pas les rues’’ dans la mesure où ce type de restauration suppose tout un savoir-faire pour coller plus ou moins à l’authenticité des éléments architectoniques, notamment. Plus loin, on emprunte des escaliers au pavage éventré (c’est un lieu commun, la séculaire Casbah qui s’effrite !) pour rallier le Musée national des arts et traditions populaires situé dans quartier Souk el Djemâa. On accède au Palais des ATP par une porte en arc de plein cintre plaquée de marbre. Le visiteur est invité à franchir la première entrée (sqifa) non sans admirer ses colonnes marbrées, torsadées et cannelées qu’enjolive la feuille d’acanthe. Un travail ouvragé qui renseigne sur la main experte des orfèvres italiens que sollicitaient la Régence turque. Puis d’une deuxième sqifa plus longue et bordée de banquettes composées d’arcades en accolades recouvrant des niches. Dans un coin de cet historique espace, un pressoir d’olive traditionnel du XIXe siècle en bois d’olivier imputrescible attire notre attention.
Les travaux d’urgence ont commencé en 1998, et qui consistaient dans l’opération de la mise hors d’eau. Désormais, les eaux pluviales ne seront plus récupérées par ce qu’on appelle el djâb (bâche d’eau construite sous chaque maison). D’une superficie de 50 m2, el djâb est chaulé et revêtu de marbre. Il servira de salle d’exposition pour les bijoux, selon la directrice qui envisage de restituer aux différentes dépendances du palais leur aspect quelque peu mystique. Avec l’équipe en place, Mme Amamra s’attelle aussi à muséaliser le palais en aménageant des ailes thématiques (dinanderie, tapisserie, objets d’art anciens, tableaux, etc.). «Il reste à restaurer le comble de la grande salle dont l’opération demande du temps et du savoir-faire», souligne la conservatrice qui tient à préciser qu’«il est prévu l’extension du musée et ce, en annexant une superficie extra muros de 100 m2». Rappelons que jusqu’au 30 septembre, l’espace muséal abrite une exposition scénographique reproduisant les différentes facettes de la vie casbadjie. L’initiative est louable à plus d’un titre dans la mesure où elle permet aux visiteurs de faire, à travers la reconstitution du patrimoine matériel et immatériel, une escale dans la mémoire casbadjie et faire découvrir, à l’occasion, aux jeunes générations les us et coutumes de la vieille médina et l’atmosphère feutrée dans laquelle évoluaient leurs aïeux.
L’histoire du palais et sa collection
Selon la tradition orale, le Palais Khedaouedj el‘amia fut construit en 1575 par Yahia Raïs sur une zaouia désaffectée de Sidi Ahmed Abdellah ez-zouaoui. En 1789, Hassan, alors ministre des Finances (khaznadji) du dey Mohamed Ben Othmane, en aurait fait l’acquisition pour y loger sa fille Khdaouadj l’aveugle d’où le nom de Dar Khdaouedj el‘amia. Une légende dit que cette princesse, d’une rare beauté, perdit subitement la vue tandis qu’elle se contemplait dans un miroir. Avant la conquête française, la famille Bacri a élu domicile, qui y installa la première mairie d’Alger. C’est sans doute à cette période, pense-t-on, que sa partie ouest fut agrandie, d’où des pièces d’une largeur inaccoutumée. En 1838, le logement fut affecté au sous-directeur de l’Intérieur puis à partir de 1839 au procureur général. En 1909, Dar Bacri devient l’hôtel privé du premier président de la cour d’appel. C’est en 1860 que le musée fut enrichi de stucs. En 1947, il est affecté au service de l’artisanat (conservation des arts populaires). Depuis l’indépendance, le Palais devient le Musée des arts et traditions populaires.
On accède au Palais par une porte en arc de plein cintre plaquée de marbre. Une première entrée (sqifa) qui servait aux ablutions des invités, puis une deuxième plus longue bordée de banquettes composées d’arcades en accolades recouvrant des niches constituées de bancs de marbre. Les murs sont revêtus de faïences dont les entrelacs mis en avant offrent une palette de couleurs que dominent le vert émeraude, le jaune ocre et le bleu d’Egypte ou le carreau Delft. Sur la droite de cette sqifa, un escalier conduit au niveau supérieur qui surplombe le patio que bordent quatre grandes pièces. Par le même escalier, on accède au troisième niveau également ceinturé de pièces dont le plafond fouillé s’entremêle remarquablement et harmonieusement avec les claustras finement ajourés et les vitraux polychromes des fenêtres. Ces chambres d’inégales dimensions sont chargées d’histoire. Des objets sont exposés : broderie murale, instruments de musique, costume traditionnel, ustensiles, mobilier (étagères, rchichqate, baldaquin, coffres de la mariée…).
On retrouve dans la collection du musée, plus de 3.000 objets : le tapis, les tissages, la broderie, les bijoux, la vannerie, le mobilier, la poterie, le costume, la boissellerie, l’armement, le cuir, des instruments de musique, des pièces de dinanderie et une collection de tableaux. En 2001, l’ambassade des Etats-Unis a consenti un don de 14.500 dollars au profit du musée pour la restauration de trois tableaux des artistes peintres Omar Racim, Mohamed Kechkoul et Chérifa Hamimoumna. Les œuvres, dont la restauration a été confiée à la spécialiste, Mme Florence Herrenschmidt, seront exposées prochainement.

Par : Farouk Baba-Hadji

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