19e édition (26 mars-10 avril 1994 en Tunisie) : le Nigeria fait l’unanimité
Le paradoxe de cette CAN tunisienne, qui accueille deux nouveaux venus (Gabon et Sierra Leone), vient du fait qu’elle se déroule sans le Cameroun et le Maroc, deux des trois représentants africains à la Coupe du monde programmée quelques semaines plus tard aux États-Unis. La Tunisie espère décrocher enfin le titre continental qui lui manque. Coup de tonnerre au stade El Menzah de Tunis, le 26 mars, lors du match inaugural, le Mali, de retour à la compétition après une absence de 22 ans, terrasse la Tunisie (2-0). La nouvelle formule adoptée avec trois équipes par groupe est impitoyable. L’élimination du pays organisateur, quatre jours seulement après le coup d’envoi du tournoi, a la conséquence de vider les stades du public. Le football produit par le Nigeria, le Ghana, la Côte d’Ivoire et la Zambie est d’excellente qualité. Le Mali étonne en éliminant l’Égypte en quart de finale. Huit buts sont inscrits en demi-finales. Le Mali va exploser face à la Zambie (0-4) et c’est aux tirs au but seulement (4-2), après un nul 2-2, que le Nigeria prive la Côte d’Ivoire de la finale. Le Nigeria, qui a débarqué avec une équipe jeune dans laquelle les petits nouveaux comme Amunike, Amokachi, Oliseh et Okacha sont chaperonnés par les vieux briscards Keshi et Yekini, est un grand vainqueur face à la Zambie (2-1). Cette dernière équipe décimée quelques mois plus tôt par un accident d’avion a réussi, elle aussi, un véritable tour de force, en se hissant en finale avec de jeunes joueurs conduits par le miraculé Kalusha Bwalya.
20e édition (13 janvier-3 février 1996 en Afrique du Sud) : le coup de maître des Bafana Bafana
En 1996, l’Afrique du Sud remplace le Kenya qui ne peut organiser la CAN qui lui avait été confiée. Elle possède les infrastructures nécessaires pour organiser la compétition. Du moins, en aménageant les terrains de rugby situés en zone blanche car le football est avant tout l’affaire des Noirs. A quelques jours du coup d’envoi de la CAN , on apprend que le Nigeria, pour des « raisons de sécurité », a décidé de ne pas défendre son titre. En réalité, le régime militaire du général Sani Abacha qui vient de faire pendre le chef des militants de la cause ogoni, Ken Saro Wiwa, n’a pas apprécié la condamnation de cet acte par Mandela. Le football est pris en otage, une fois encore, par la politique. Le nombre de participants à la phase finale, porté à seize, se voit amputé du Nigeria que la CAF n’a pas voulu ou pu remplacer du fait des délais très courts. En présence de Mandela, vêtu du maillot de la sélection, les Bafana Bafana marquent l’histoire de la CAN. Pour leur première participation, ils sont les lauréats. Williams réussit un doublé (2-0) qui consacre la victoire des Sud-Africains. En dehors des matches de l’équipe locale, qui ont eu lieu dans le quartier populaire de Soweto, le public fait défaut. Les Blancs surtout sont discrets, validant ainsi la thèse que le football est l’affaire des Noirs.
21e édition (4-28 février 1998 au Burkina Faso): l’Égypte pour la quatrième fois
Le Burkina Faso, sans référence dans le football continental, est le premier pays qui abrite une compétition avec 16 sélections. Parmi celles-ci se trouvent quatre des cinq mondialistes africains : l’Afrique du Sud, le Cameroun, la Tunisie et le Maroc. Le Nigeria, cinquième qualifié pour le Mondial français, est suspendu par la CAF et n’a pas pris part aux éliminatoires. L’Égypte va réussir un coup de génie en enlevant un quatrième titre, alors qu’elle n’était pas du tout donnée favorite. Elle va profiter de la faillite des « mondialistes » méconnaissables à l’exception de l’Afrique du Sud finaliste malheureux (0-2). Marocains, Tunisiens et Camerounais manquent de motivation et semblent être en petite condition physique. Tout le contraire des Congolais et des Burkinabé qui terminent respectivement aux 3ème et 4ème places du tournoi. Le mental des Congolais est remarquable. Menés 4 buts à 1 par les Burkinabé en match de classement à cinq minutes du terme de la rencontre, ils trouvent les ressources nécessaires pour égaliser. Quant au football burkinabé, il peut être fier de sa prestation. Il fait partie du dernier carré, une performance sans précédent pour lui, réussie sous la conduite du « sorcier blanc», l’entraîneur français Philippe Troussier.
(à suivre …)