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Friperie à Alger
A la rescousse des bourses moyennes
30 Octobre 2007

Les articles vestimentaires d’occasion, créneau encouragé par les pouvoirs publics, font, depuis quelques années, la joie des ménages moyens ou à faible revenu.

La fermeture successive de dizaines d’entreprises gonflant les effectifs de chômeurs, la dégradation du pouvoir d’achat et l’absence de sérieuses perspectives d’emploi sont parmi les raisons ayant exacerbé les fléaux sociaux et permis l’émergence de nouveaux métiers. Parmi ces derniers, l’on peut citer le commerce de la friperie qui s’est installée en Algérie.
En ces temps de disette, l’on ne s’embarrasse pas d’a priori pour passer des heures et des heures à fouiner dans les tas de balles à vêtements pour dénicher la bonne affaire. La gent féminine s’y met à son tour, et l’on peut constater de visu en se promenant dans les magasins de la fripe que des jeunes filles et des dames accompagnées souvent de leurs enfants déambulent entre les rayons.
Le négoce prend les allures d’une véritable filière en se généralisant de plus en plus. La plupart des localités de la capitale disposent de boutiques commercialisant ce genre d’articles.
Selon plusieurs personnes interrogées, des familles connues pour leur rang et leur aisance sociale ne s’embarrassent plus comme avant de préjugés pour faire leurs emplettes dans les rayons des "décrochez-moi-ça" et les marchés hebdomadaires de la région. Fringuer correctement un gosse entre 1.500 et 2.500 DA est une aubaine à ne laisser filer sous aucun prétexte, cherté de la vie oblige. Si en apparence, les produits étalés pêle-mêle sur des étals de fortune, ne payent pas de mine, les opportunités de dégoter un très bon manteau coûtant entre 800 et 1.000 DA, une veste ou un pantalon "griffés" dont le prix varie entre 300 et 400 DA, sont omniprésentes.
On ne s’habille pas bien qu’avec du neuf. C’est du moins ce que pensent les habitués de ces boutiques.
Les magasins proposant ce type de marchandise ne désemplissent pas en été tout comme en hiver, d’ailleurs. Leurs propriétaires seraient mêmes disposés à affirmer que la clientèle estivale est beaucoup plus généreuse. Le chiffre d’affaires de ces vendeurs «des bonnes affaires» est plus que satisfaisant.
«Vous n’imaginerez jamais les bonnes affaires qu’on peut trouver sur ces étals. Vous ne trouverez pas des vêtements semblables chez les vendeurs de neuf», déclare une dame, ajoutant qu«il n’y a pas que les prix qui sont attrayants, mais la qualité et la marque des vêtements qu’on y trouve».
Pour preuve, notre interlocutrice a affirmé que «même des émigrés qui descendent au bled en été viennent y trouvent leurs comptes». L’été, des émigrés trouvent en ces lieux une occasion à ne pas rater. «Nos meilleurs clients sont ceux qui viennent de France. Ils achètent beaucoup de choses. Parfois, ils nous revendent aussi de vieux vêtements. Pour eux, les prix sont plus qu’intéressants et ils font des affaires», nous confie un vendeur dans le magasin 3F, situé à la rue Hassiba-Ben Bouali.
Une astuce à laquelle semblent recourir certains émigrés pour éviter les fortes dépenses en France et les excédents de bagage. S’acheter de nouveaux vêtements, se débarrasser de ses vieux habits sans trop s’encombrer. Aux côtés des chasseurs aux «bonnes affaires», on trouve ceux qui ne cherchent qu’à s’habiller décemment et à habiller leur progéniture sans que les signes du dénuement soient trop ostentatoires.
Les petites bourses semblent trouver leur compte. Des centaines de familles achètent des habits «encore utilisables» et parfois même presque «neufs».
Omar, employé à l’APC, y fait quotidiennement un saut. «J’ai quatre gamins scolarisés, et la rentrée scolaire a toujours été un souci pour moi. Avec mes 18.000 dinars, il faut que je les habille et leur achète de nouveaux trousseaux scolaires. Ajoutez cela les dépenses quotidiennes, vous comprendrez que je ne peux que les habiller de ce marché puisqu’il leur faut impérativement de nouveaux manuels scolaires.»
C’est donc dans l’objectif de doter ses garçons de vêtements en bon état que notre employé fait des visites quotidiennes à la friperie pour ne pas rater les bonnes affaires qui pourraient se présenter. «In challah t’fra had el aam tani», ajoute-t-il avec un petit sourire.
Le marché de la fripe a aussi ses clients habituels qui viennent faire leurs achats tout au long de l’année, particulièrement lors de certaines occasions, comme l’Aïd ou encore la rentrée scolaire. Le marché de la fripe rend d’énormes services aux petites bourses. Certains pensent déjà à l’hiver et s’approvisionnent pendant que les prix des vêtements d’hiver sont encore bas. «Je viens ici pour acheter des habits d’hiver, il vaut mieux faire ses prévisions dès maintenant. C’est moins cher et on trouve des occasions à ne pas rater. J’ai six enfants et notre revenu à tous les deux est modeste. On ne peut pas se permettre d’acheter du neuf», confie une mère de famille.
Qu’importent les raisons qui motivent les milliers de personnes qui s’approvisionnent dans ce marché de l’«occasion», les commerçants semblent satisfaits de leur rendement.
«On reçoit toutes les catégories de personnes et on fait de vraies affaires. Plus le prix est bas mieux nous vendons», disent-ils, précisant, par ailleurs que leur «commerce rend service» aux démunis. Le marché de la fripe connaît ces dernières années un boom».
L’on serait même tenter de conclure que dans la plupart des cas, l’acheteur a l’embarras du choix. Heureusement qu’il y a la fripe !

Par : Malika.L

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