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Cyberdépendance
Les dangers d’une tendance high-tech
9 Mars 2008

Qu’est-ce que la cyberdépendance ? Comment s’installe-t-elle ? Que peuvent être ses répercussions sur le fonctionnement de l’individu ? Comment peut-on échapper au cercle vicieux de la dépendance ? Nous tenterons de répondre à ces questions à travers cet article.

La cyberdépendance est un phénomène relativement nouveau dont l’installation progressive a été favorisée par l’invasion des ordinateurs et plus particulièrement de l’Internet dans notre existence.
Au travail, à la maison ou dans un cybercafé, les adeptes du net trouvent aisément le moyen de s’adonner à leur loisir préféré : surfer sur le net en vue d’explorer un monde virtuel énigmatique et impressionnant. Cependant, comme dans chaque domaine, les abus ne font pas exception à la règle. Ainsi, de plus en plus de personnes se trouvent prises dans le piège de la toile, prisonnières d’un monde virtuel qui épuise leur énergie, leur temps et leur santé en proie à un nouveau mal nommé cyberdépendance.
Qu’est-ce que la cyberdépendance ? Comment s’installe-t-elle ? Que peuvent être ses répercussions sur le fonctionnement de l’individu ? Comment peut-on échapper au cercle vicieux de la dépendance ? Nous tenterons de répondre à ces questions à travers cet article.
La cyberdépendance est un sujet d’actualité et nombreuses sont les recherches scientifiques qui se sont penchées sur la question en vue d’analyser une dépendance aussi ravageuse que la toxicomanie ou l’alcoolisme. Cette dépendance intellectuelle, fruit de l’ère technologique, mérite l’analyse car même s’il n’existe pas encore de chiffres officiels sur les cyberdépendants dans le monde, ce phénomène prend une ampleur inquiétante. Zoom sur un nouveau comportement.    
Reconnaître la
cyberdépendance
La cyberdépendance est le fait de ne pas pouvoir s’empêcher de se connecter à Internet, dans le but d’éprouver du plaisir et/ou de soulager une tension intérieure (stress). Une personne n’est considérée comme cyberdépendante que lorsque les heures qu’elle passe devant son ordinateur sont supérieures à celles consacrées à sa vie quotidienne. Autrement dit, un cyberdépendant est un individu qui s’investit davantage dans le monde virtuel que dans le réel. De plus, l’un des symptômes caractéristiques de la cyberdépendance est l’incapacité qu’éprouve la personne à contrôler le temps passé à "assouvir" son besoin d’Internet.
Le fait de se connecter est alors réalisé en dépit des répercussions possibles sur sa vie. Comme dans toutes les dépendances, le sujet a tendance à ne pas percevoir (ou ne pas vouloir se rendre compte) du temps qu’il passe sur le net. Une sorte de déni, reflétée par la conviction qu’a l’individu de pouvoir contrôler ses pulsions pressantes d’aller sur le net, s’installe progressivement.
Le cas de Djamel, un homme âgé de 35 ans, est largement illustrateur. Ce jeune homme qui, au départ, ne se connectait que pour accomplir un travail ou une recherche quelconque, se retrouve aujourd’hui aux prises avec la cyberdépendance.
Il raconte : «Depuis que j’ai le net à la maison, je passe plus d’heures à surfer qu’à faire autre chose. Au départ, je pensais que cela n’était que momentané, mais ensuite le fait de m’asseoir face à mon ordinateur et me connecter est devenu pour moi un comportement routinier. Pis encore, je me sentais tellement stressé et mon état d’instabilité ne pouvait s’atténuer que lorsque je suis face à ma liste de contact MSN ou devant les sites de rencontres. J’avoue que ma vie virtuelle est nettement bien plus riche que celle réelle. D’ailleurs, je suis quelqu’un qui se décrirait volontiers comme timide, isolé et incapable d’aller vers les autres.»
Internet occupe une part considérable dans la vie des cyberdépendants qui renoncent à toute forme d’activité réelle pour plonger dans le monde envahissant du virtuel.
Comportement du
cyberdépendant
Le cyberdépendant a tendance à s’isoler du monde réel, afin de pouvoir rejoindre son monde virtuel. Il faut dire que ce nouveau monde possède des avantages sur le monde réel : Il permet au cyberdépendant d’assouvir ses envies, sans avoir à subir les contraintes du monde "extérieur". De plus, le cyberdépendant a le sentiment de contrôler son environnement au gré de ses désirs. Il va vouloir, de plus en plus souvent, avoir recours au net afin de se soustraire aux contingences que nous impose la vie. La personne cyberdépendante a tendance, comme l’alcoolique, à se réfugier dans le déni et peutmême devenir agressif lorsque son entourage tente de le confronter à la réalité.
Le cyberdépendant va développer des obsessions vis-à-vis du net, ne plus penser qu’à sa prochaine connexion au point de devenir compulsif en ne songeant qu’à son monde virtuel. L’anxiété du cyberdépendant diminue à chaque fois qu’il est devant son micro. En quête de plus fortes sensations, il se retrouvera entraîné dans la spirale infernale de la cyberdépendance.
Un cas typique
Mounir est un jeune homme âgé de 30 ans. Chômeur depuis plus de 3 ans, il a trouvé dans le net l’échappatoire à un vécu  accablant. Les heures passées face à l’écran n’étaient au départ qu’une issue pour fuir les plaintes de sa mère qui ne supportait plus son oisiveté. Progressivement, ce jeune homme passait des heures interminables à se connecter et à chercher les sites pornographiques. Pour lui, seul ce moyen était capable d’apaiser ses craintes et lui procurer une jouissance inqualifiable. Sa vie se limitait à son petit univers. Le virtuel avait nettement pris le dessus sur la réalité emmenant Mounir à s’isoler davantage. Conscient de la gravité de sa situation, Mounir alla à la rencontre d’un psychologue.
Impossibilité de résister aux impulsions à réaliser ce type de comportement, sensation croissante de tension précédant immédiatement le début du comportement, plaisir ou soulagement pendant sa durée, sensation de perte de contrôle pendant le comportement, tels étaient les symptômes conclus par le médecin traitant. Mounir souffrait d’une cyberdépendance qui nécessitait une prise en charge immédiate, autrement parlé, Mounir risquait son intégrité mentale si son état se détériore davantage.
Pris dans un engrenage qui les pousse, progressivement, à fuir la réalité, les cyberdépendants sont conscients de leur obsession, mais ils ne peuvent pas s’en sortir d’une dynamique qu’eux-mêmes ont créée. Ils négligent leurs activités dans les autres secteurs de la vie pour dépenser tout leurs temps devant l’écran de leurs ordinateurs.
Le portrait type
du cyberdépendant
Le portrait type de la personne cyberdépendante a évolué depuis quelques années. Autrefois, on pouvait reconnaître majoritairement des hommes âgés de 25 à 35 ans, scolarisés, financièrement capables de se doter d’un ordinateur assez dispendieux et qui passaient un nombre incalculable d’heures devant l’écran de leur appareil. Maintenant, il semble y avoir une certaine concordance entre les hommes et les femmes. La démarche des deux sexes, vis-à-vis d’Internet et de son utilisation, est cependant très différente. Les hommes cyberdépendants recherchent beaucoup de sites reliés à la pornographie, à l’érotisme, aux rencontres affectives avec un aboutissement dans la sexualité.
Ce qui entretient
la cyberdépendance
La dépendance affective et la compulsion dans le sexe semblent être les deux principaux moteurs qui nourrissent la cyberdépendance.  Une majorité d’hommes affirment avoir un attrait particulier aux sites érotiques. Il arrive que le cyberdépendant nourrisse d’autres types de dépendance. Son terrain de personnalité le prédispose à tomber dans les comportements excessifs et l’incapacité de contrôler sa conduite ancre de plus en plus sa dépendance.
Lorsque l’insomnie domine
Les cyberdépendants ont le point commun de passer des nuits blanches face à leurs écrans. L’insomnie meuble leur nuit et renforce leur dépendance puisque, la personne atteinte ne sentira pas le temps s’écouler. Mener une seconde vie virtuelle à surfer sur le net et investir toute son énergie pour la nourrir est le propre des cyberdépendants.
La toile, coupable ou
innocente ?
Maise et si Internet était, principalement, une grosse agence de rencontres ? Les sites qui permettent de converser attirent un bon nombre de gens à la recherche d’un moyen de communiquer. Quand ce n’est pas simplement des sites genre «agences de rencontre». Partout on peut discuter de banalités, de sujets sérieux... ou d’amour. Les internautes célibataires sont très friands de ces sites où ils espèrent rencontrer l’âme sœur. La personne vivant en couple, désirant se divertir en bonne compagnie, peut tomber dans un piège : la séduction. L’interlocuteur(ice) sera disposé(e) à l’écouter, la réconforter, la rassurer ou la comprendre ce qui fait, semble-il, défaut dans un couple ancré dans la routine ne se résumant plus qu’à métro, boulot, dodo, bobo. Un grand nombre de mariages aboutissent à un divorce après la découverte d’une relation extraconjugale et/ou cybersexuelle. Dans Internet, l’infidélité virtuelle semble avoir la cote. Mais est-ce qu’Internet est la cause profonde de certains divorces ou simplement un facteur prétexte pour mettre un terme à une relation qui bat de l’aile ?
Mon enfant est accro à Internet, que faire ?
L’exposition des enfants au net en l’absence d’un contrôle parental est susceptible de créer chez ce dernier un comportement de dépendance tout comme chez la personne adulte. Encore là, il faut relever la vulnérabilité de l’enfant et l’influence néfaste d’une surexposition au net. Parents, comment savoir si votre enfant est véritablement cyberdépendant ?
Le temps passé devant l’ordinateur témoigne évidemment du niveau de dépendance. Mais plus encore, c’est la rupture sociale qui indique le degré de cyberdépendance. La dépendance se traduit progressivement par le besoin de passer de plus en plus de temps devant l’ordinateur, avec une incapacité à stopper cette activité.  Obligatoirement, cela se fait au détriment des autres occupations. Un enfant va ainsi abandonner ses autres loisirs, ses activités sportives, il va négliger ses amis, ses devoirs, l’école. Il se désocialise progressivement. Cependant, on ne peut parler de cyberdépendance dans le cas d’un enfant que si son comportement s’accompagne de changement psychologiques et une altération de l’humeur. Un enfant triste, agressif, isolé, présentant des troubles de sommeil, une migraine, une perte d’appétit, des douleurs au dos, qui reste longtemps face à son micro présente infailliblement les signes précurseurs d’une cyberdépendance face à laquelle les parents doivent réagir, mais comment ?
Limiter le temps de l’exposition au net sans recourir à l’interdiction catégorique de son utilisation est la meilleure démarche que les parents doivent suivre. Cela dit, un enfant peut se mettre face à son ordinateur quand il a achevé ses devoirs, il peut  même s’adonner à des jeux en réseaux, mais d’une manière modérée.
La prise en charge de la cyberdépendance repose sur les thérapies comportementales dont l’objectif est d’apprendre à l’individu dépendant de gérer son utilisation d’Internet sans interdit. Le plus souvent, une thérapie de 6 mois est suffisante.

Par : d. soltani

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