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Désir de maternité
Ces femmes qui redoutent d’être mères
1 Mars 2008

Avoir un enfant conçu dans un instant d’amour et de bonheur est le rêve d’une majorité de femmes.

Petites déjà, instinctivement, on se retrouve souvent attirées par le jeu de la petite fille campant le rôle de l’affectueuse et chaleureuse maman dorlotant son petit bébé, représenté par une poupée. Le désir de maternité naît donc, chez les femmes, dès les premières années de la vie. Cependant, il existe une catégorie de femmes qui appréhendent, voire refusent d’être mères sans comprendre réellement ce qui sous-tend leur hantise de concevoir un enfant.
Peur de l’engagement, peur de perdre son autonomie, de contraindre son épanouissement professionnel, peur de la responsabilité où autre, les causes varient selon la spécificité de chaque femme. Pourquoi certaines femmes refusent la maternité ? Telle est la réponse à laquelle nous essayerons de répondre à travers cet article.
«Moi avoir un enfant, je vous assure que cette idée ne m’a pas encore effleuré l’esprit. J’ai toujours été pour la liberté, l’épanouissement et l’autonomie de la femme. Croyez-moi, je n’ai jamais pensé qu’un jour, moi l’éternelle révoltée, je pourrai décider d’avoir un enfant. Je pense que cela est encombrant. D’ailleurs, pour me marier, je choisirais volontiers un homme stérile qui ne m’embêtera pas trop avec son désir de devenir père. Moi et ma carrière passe avant la maternité. Je pourrai peut-être un jour adopter un enfant, mais je refuse de reproduire ce que j’ai dû endurer au sein de ma famille. Je n’ai pas eu une enfance facile et je refuse de concevoir un enfant à qui je serais incapable d’être une bonne mère », confie Rachida, jeune femme âgée de 32 ans.
Les traumatismes de l’enfance, la peur de faillir à son rôle parental, de n’être pas la maman affectueuse, de voir ses ambitions professionnelles tombées à l’eau à cause de la maternité. Ce sont là une série de motifs avancés par Rachida et beaucoup d’autres femmes qui considèrent la maternité comme un fardeau lourd à porter. 
Décider de ne pas avoir d’enfant et assumer ce choix est loin d’être évident à une époque où la maternité est portée aux nues. Aujourd’hui, toutes les stars n’hésitent pas à s’afficher enceintes et heureuses de devenir bientôt des heureuses mamans. Même leur carrière passionnante est suspendue pour réaliser leur rêve de maternité tant caressé.

L’indépendance, but principal
Pourquoi ce choix ? Relèverait-il d’un égotisme ou d’un désir de réussite professionnelle galopant (moi et ma carrière d’abord) ? D’un profond scepticisme quant à l’avenir (état de la planète, situation économique) ? De difficultés relationnelles (rencontrer celui qui serait le bon père pour son enfant) ? Pas du tout. Si, chez une femme, le refus de la maternité s’accompagne toujours d’une revendication d’indépendance, il exprime le désir de préserver une certaine liberté par rapport aux liens, une liberté aussi bien affective qu’intellectuelle puisque les femmes sans enfant désirent prendre leur décision d’elles-mêmes. Se sont aussi souvent des femmes qui aspirent à réaliser leur épanouissement professionnel et gravir, à pas rapides, l’échelon social.
«Je ne crois pas que quelqu’un a le droit d’imposer un choix quelconque à une femme, y compris son mari. Personnellement, j’ai dû imposer à ma famille et ensuite à mon mari mon choix de ne pas avoir d’enfants du moins pour l’instant. J’ai encore un long chemin à parcourir avant de parvenir à réaliser ma carrière professionnelle. Les enfants, je m’en soucie peu et puis, à voir tous les gosses mal éduqués livrés à eux-mêmes dans les rues, croyez-moi, je me sens rebutée. Encore, pourquoi en concevoir ? Pour essuyer leur ingratitude et leur égotisme, jamais. Pour l’instant, être mère est une décision arrêtée jusqu’à nouvel ordre.», confie Narimène. 
  
Un choix hérité de l’enfance
Le désir de ne pas avoir d’enfant est, dans une grande partie de cas, un choix hérité de l’enfance, c’est ce que prouve une récente étude intéressante menée par un psychiatre français suite à un nombre d’entretiens menés avec des femmes non désireuses de concevoir un enfant. Dans le cas de ces femmes, la majorité a eu une mère soit trop absente, soit étouffante ou fusionnelle. Elles ont par ailleurs le sentiment que, pour cette dernière, avoir un enfant a été quelque chose de plus ou moins imposé, donc, inconsciemment, elles tentent de faire ce choix que leurs mères n’a pas pu faire.
Mais le père, souligne la psychiatre, a aussi un rôle majeur dans le désir d’enfant de sa fille. Là encore, on note un point commun : les femmes le décrivent soit comme manquant, soit comme violent, soit comme… trop proche. « On peut supposer que ces femmes, dont la relation à la mère est teintée d’insatisfaction et d’insécurité, ont investi d’autant plus leur père, mais celui-ci, idéalisé, a fait défaut à son tour », selon le psychiatre.
Le lien parental problématique pour ces femmes est à l’origine de leur désir de ne pas avoir de gosse. Pour elles, l’enfant étant un engagement à vie, une immense responsabilité  et une source de hantise, il est alors rejeté. Entre envie d’épanouissement, peur de l’engagement, des responsabilités, crainte de faire revivre à l’enfant les mêmes blessures narcissiques vécues à l’enfance où de ressembler à leurs mères trop absente, autoritaires, ou fusionnelles, des femmes affichent leur désir de ne pas s’attacher à un gosse à qui elles estiment ne pas avoir beaucoup de choses à apporter. Ce choix est-il apprécié par notre société ?
Certainement pas, car si dans d’autres milieux sociaux qui sont parvenus à la désacralisation de la paternité, les femmes ont le droit d’afficher au grand jour leur refus de maternité, mais chez nous, la minorité de femmes ayant choisi de ne pas concevoir un bébé avance une série de justifications, mais jamais la vraie : celle de refuser de s’attacher à un gosse pour une quelconque raison bien plus profonde. La paternité reste un choix que chaque parent doit assumer. Concevoir un enfant n’est point une tâche facile, mais une obligation qui implique disposition et dévouement. Elle requis donc mûre réflexion.

Par : D. Soltani

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