il est trois heures du matin et des centaines de personnes bravent le froid et la fatigue dans une impressionnante file d’attente pour voir "Picasso et les maîtres" au Grand Palais à Paris. Pour faire face au formidable succès public (plus de 700.000 visiteurs depuis le 8 octobre) l’exposition est ouverte 24 heures sur 24 depuis vendredi matin et jusqu’à lundi 20h00 ,19H00 GMT, jour de sa fermeture. Boisson offerte dans la file d’attente ou chocolat à la caisse,cafeteria et librairie ouvertes: pour cette première, 50.000 personnes sont attendues au cours de ces 83 heures non stop. Selon un premier comptage, 15.616 personnes ont profité de l’aubaine entre vendredi 09h00 et 05h30 du matin samedi, indique la Réunion des Musées nationaux (RMN). Devant "L’Infante Marie-Marguerite" de Velasquez, Julien, 27 ans, et Louis, 28 ans, racontent qu’ils voulaient "voir l’exposition à n’importe quelle heure", malgré "le coup de barre" qui se fait sentir."On ne voulait pas louper cela", renchérit Eric Bonsergent, un cadre commercial parisien de 33 ans: "D’un côté, on dit que les gens ne vont pas au musée mais quand on a une expo pareille, le succès est là. La solution d’ouvrir la nuit est brillante", juge-t-il.Dans l’ensemble, cependant, le choix de l’horaire s’est imposé. Edouard, 55 ans, directeur financier, ou Noriko, une japonaise vivant à Paris, n’ont "jamais trouvé le temps d’aller voir l’expo" avant. Dans les salles d’exposition, l’affluence est comparable à celle de la journée. Le public, majoritairement jeune, est attentif et regarde longuement les tableaux. "Les gens sont moins agressifs que dans la journée", juge Farid Dahmani, un gardien qui, comme tous les employés, est volontaire pour ce travail de nuit et rémunéré en conséquence.