Le Midi Libre - Culture - «J’ai voyagé avec Djeha»
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Entretien avec le comédien Hakim Dekkar
«J’ai voyagé avec Djeha»
3 Septembre 2008

Hakim Dekkar vient d’achever le tournage d’un feuilleton en 20 épisodes, dont l’action se déroule entre Mostaganem, Oran et Boussaâda. Le comédien est connu pour son rôle du héros populaire ‘’Djeha’’. Mais il a beaucoup d’autres cordes à son arc.

Achouak el Madina (les épines de la ville), de quoi traite ce feuilleton de 20 épisodes ?

C’est un film basé sur l’action, et qui relate des drames de la société. On y parle de vol, de drogue, de blanchiment d’argent, on aborde les problèmes sans aucun tabou, dans une optique visant à montrer les travers de la société pour pouvoir apporter des remèdes. On met en confrontation les forces du bien contre cellles du mal. Il s’agit d’être crédible vis-à-vis des téléspectateurs, qui bien entendu vivent au sein de la société et connaissent ces problèmes. Pour ce qui est des personnages principaux, - car il y en a plusieurs -, il est question de deux bandes de malfaiteurs.
Des personnages bon chic bon genre auxquels on donnerait le bon en confession, ils présentent bien. On les prendrait pour d’honnêtes citoyens, mais gare à qui se laisserait prendre à leur jeu. Pour tromper leur monde, ils sont bien habillés, ont l’air d’être rangés. On peut donc dire qu’ils travaillent avec intelligence. Ils ont des complices et ils savent déguiser leurs opérations. En face, bien sûr, dans les rangs des forces de l’ordre, les enquêteurs doivent aussi travailler avec intelligence. Et c’est ce qu’ils font : ils adaptent leurs moyens à ceux des bandes mafieuses.
Dans le domaine de la dramaturgie, on a un triangle : l’humour, l’amour et la mort.
Il y aura, à côté de l’action et d’un rythme soutenu, des histoires sentimentales, des héros peints dans leur vie quotidienne, tel enquêteur qui vit pleinement sa vie privée tout en accomplissant ses tâches.

L’action de cette dramatique se situe dans plusieurs localités...

On aura des décors externes et internes, dans des sites et des paysages vierges. De vraies cartes postales de l’Algérie.

Vous nous donnez l’eau à la bouche...

On ira des paysages maritimes (dominante bleue) vers la couleur dorée (les dunes de sable de Boussaâda). La caméra fera un énorme travelling pour décliner ces paysages merveilleux qui inspirent la paix et le repos.

Et où pourra-t-on admirer ces belles images ?
Le feuilleton sera diffusé sur les trois chaînes nationales, l’ENTV, Canal Algérie pour nos émigrés, et A3 pour l’ensemble du monde arabe. Ainsi, on a le plaisir de s’adresser à un large public, grâce au satellite.

Vous avez débuté votre carrière dans le théâtre. Parlez-nous de votre expérience de comédien de théâtre ?

Ce fut mon premier amour. Je souhaite bien y revenir. J’ai commencé à jouer des pièces avec les scouts, à Constantine. Puis, on a formé une troupe de théâtre amateur, c’était le théâtre de la rue. Ensuite, j’ai rejoint le théâtre professionnel, à Bejaia, grâce à Bouguermouh, qui m’a tendu la main. Je peux dire que j’ai eu une longue carrière, qui m’a mené de Bejaia, à Alger, Annaba. On fait des tournées, on a noué des contacts avec le public. Ce qui m’a permis d’être distribué dans douze pièces de théâtre. Et puis j’ai participé à mon premier feuilleton télévisuel en 1988, de Amar Mehcène, réalisé par la station de Constantine, une ville qui beaucoup donné à l’art, avant de jouer dans d’autres productions (Sidi Rached, Djeha). On s’est fixé des étapes. Voilà, à l’âge de 19 ans, j’ai pris mon cabas, et je me suis lancé dans la grande aventure du théâtre pour ne pas rester un artiste local.

Quelle est la fiche technique de «Achouak el madina» ?

C’est un feuilleton d’action de 20 épisodes, que j’ai moi-même produit. La mise en scène a été assurée par Ali Moussaoui, qui est connu pour avoir réalisé des séries, des documentaires. Moi, je joue l’un des rôles principaux, aux côtés de Mohamed Adjaimi, Nidhal Mehouli, Imène Nawal …

Parlez-nous de cette expérience, dont une partie avait été réalisée en Syrie.

La première série a été faite ici même, avec la station régionale de Constantine. La deuxième partie a été réalisée en 2002. On avait voulu alors faire deux ou trois épisodes à l’étranger. On a choisi la Syrie, car les histoires de Djeha se déroulent entre Damas et Baghdad. La troisième partie a été réalisée totalement en Syrie. Ensuite, on est revenu en Algérie et on a travaillé à Ghardaïa, en mêlant aux histoires connues de Djeha des contes berbères.
On a également tourné dans un village kabyle. Djeha est une production 100 % algérienne. Ce fut une belle expérience, car cela nous a permis d’entrer en contact avec des boites de production syriennes, qui ont tant de métier. Le problème, quand on veut faire ce genre de productions, en Algérie, c’est celui de la reconstitution historique.
Comment avoir un décor de palais, des maisons d’époque, comment retrouver les anciennes demeures à l’architecture spécifique. Les Syriens ont su conserver ces décors, mais en Algérie, on travaille dans des appartements modernes qui ne correspondent pas à ce que nous cherchons.

Vous étiez un acteur comique, et là vous passez au drame. Vous changez de registre...

Je ne veux pas m’enfermer dans un genre. je suis polyvalent. Je suis porté sur le tragi-comique. On doit montrer un comique qui peut jouer le tragique. On doit savoir composer un personnage. Dans le feuilleton ‘’les Epines de la ville’’, il y a de l’action, des drames, des conflits. Le comédien doit avoir un bagage culturel, étudier ses personnages. Rien que dans le comique, il ya plusieurs registres : burlesque, comique. Prenez le personnage de Djeha : il est cultivé, intelligent, fin, spirituel. Il a le sens de la repartie et des formules à double sens. Quand j’interprète un rôle, je laisse toujours une part de mystère…

Vous préférez le comique ou le tragique ?

Je veux donner au spectateur la sensation de découvrir quelque chose de nouveau. Le personnage ne doit pas être plat. Il doit être complexe, réagissant en fonction de la situation et du contexte.
Même si le public est habitué à me voir dans des rôles de comédie, c’est à moi qu’il appartient de créer une nouvelle relation, en laissant toujours une part de moi qui reste à découvrir.
Certains personnages ont sur moi une influence, j’en garde quelque chose. Cela dépend de la concentration qu’on peut avoir. Prenons l’exemple de Djeha. J’ai voyagé avec lui dans le temps, et dans l’espace. Grâce çà lui, j’ai appris beaucoup de choses. Il a des qualités : fidélité, bonté, humanisme, droiture. Il déteste l’injustice et combat les forces du mal. Khebat Kraou m’a appris la dérision.

Quelle est la spécificité du travail audiovisuel ?

C’est un monde à part. C’est toi qui vas vers le public, au contraire du théâtre. Tu rentres dans les foyers des gens. C’est un monde magique et magnifique. C’est toute une industrie, qui demande beaucoup de moyens technologiques et financiers.
Si on compare l’Algérie à des pays comme la Syrie, on s’aperçoit que notre pays est un continent, avec d’énormes potentialités, et pourtant l’audiovisuel reste un terrain vierge chez nous. Pourquoi est-ce que les privés ne viennent-t-ils pas investir dans le secteur ? On pourrait réaliser des productions qui seraient exportées dans tout le monde arabe, voire au-delà.

Vous auriez aimé faire des films pour le cinéma ...

Oui, c’est mon rêve. Dans une année et demie, je vais faire un long métrage. Le problème, c’est que les salles de cinéma sont dans un état déplorable en Algérie. Pourquoi faire un film qui ne sera pas distribué dans les salles ? C’est dramatique.
Le cinéma c’est le guichet. On constate que les films actuels ne sont pas faits pour passer dans les salles, pourquoi ? Moi je suis artiste révolté, j’ai envie de faire des choses dans mon pays : parler des inondations de Bab el oued, du séisme, des personnages historiques, comme l’Emir Abdelkader ou Jugurtha. Je veux aussi travailler dans le fantastique, les films historiques et, aborder les problèmes sociaux tant il y en a tellement de sujets à traiter.

Par : ahmed ben alam

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