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Jean François Mattei au Midi Libre
«L’humain vit l’urgence d’une époque qui doit retrouver son humanisme»
18 Novembre 2007

Jean-François Mattei, actuel président de la Croix Rouge française, nous livre ici son stress sur le devenir de l’Homme qui se dénature de son humanisme à mesure que les conceptions scientifiques progressent, selon qu’elles s’adaptent ou pas aux besoins d’un siècle qui ne fait de l’Univers qu’un gadget, parfois très dangereux.

«L’homme en quête d’humanité» est un ouvrage de réflexion qui s’arrête sur l’itinéraire social, scientifique, voire éthique et philosophique, de l’Homme et les différents progrès qu’il a effectués sur lui-même et sur cette Terre depuis son existence… En archéologue de la conscience humaine, à l’heure des confusions à tout-va, Jean-François Mattei, actuel président de la Croix Rouge française, nous livre ici son stress sur le devenir de l’Homme qui se dénature de son humanisme à mesure que les conceptions scientifiques progressent, selon qu’elles s’adaptent ou pas aux besoins d’un siècle qui ne fait de l’Univers qu’un gadget, parfois très dangereux. La sortie de «L’homme en quête d’humanité» est programmée pour la mi-novembre aux éditions presse de la renaissance.

Le Midi Libre : Qu’est-ce qui a inspiré monsieur le Ministre à se pencher, à notre époque, sur l’Homme ?
Jean-François Mattei : Je réfléchis sur la question de l’humanisme de l’Homme depuis trois ans. La question essentielle, autour de laquelle d’ailleurs s’articule tout le travail que vous avez eu l’occasion de lire, est : pourquoi sommes-nous à une époque qui ne parle jamais de l’Humain ? D’autres questions s’enchaînent en filigrane : c’est quoi être humain de nos jours et sur quels aspects pouvons-nous répondre à ces questions ? La génétique aidant, les spécialistes trouvent aujourd’hui aux animaux un sens moral ; par conséquent, nous sommes, sur ce versant de la moralité, très proches des animaux. L’alphabet génétique est commun au monde du vivant, pour ne citer que cet exemple. Un autre exemple, le champ prometteur des xénogreffes va nous permettre de réaliser des transplantations d’organes de l’animal — le porc — à l’homme et notamment le cœur. Sur le plan de la morale, bien des comportements de l’animal ressemblent aux nôtres au point que se pose réellement la question des frontières qui séparent l’humain et l’animal. Des frontières qui s’estompent de jour en jour.

D’autres approches élucident vos réflexions, entre autres l’homme et la machine. L’Homme s’est-il transformer en machine ? Y aurait-il, là aussi, des frontières en pointillés ?
Effectivement, les sciences qui étudient le cerveau humain bousculent cette autre frontière également. Le cerveau est de plus en plus comparé à un ordinateur avec une mémoire. Nos structures de pensée et de raisonnement rappellent souvent celles des logiciels informatiques. C’est ce que je dis dans mon livre!

Pis encore, l’Homme se réduit-il, selon vous, à une chose ?
Ce qui m’a ramené à le penser, c’est cette commercialisation des organes. Tout organe peut se vendre et s’acheter. Je dois vous dire que j’ai renoncé à toute exhaustivité dans ce premier volume. Je ne prétends pas détenir la vérité, mais je veux dire la mienne dans le respect et la tolérance.

Entre l’homme et l’animal, l’homme et la machine… l’homme et la chose, où se trouvent les frontières alors ?
Le souci est de savoir si nous saurons garder la maîtrise de ce qui nous arrive aux moments de grandes «bretelles» de la vie humaine. Mesurer nos capacités si nous serons emportés par un mouvement qui prendrait le dessus sur nous. L’humain vit l’urgence d’une époque qui doit retrouver son humanisme. Mais avant, nous devons répondre à la question de base : c’est quoi «Etre» et exister de nos jours ?
En raison de la conscience qu’a tout homme de sa finitude, cette question fera toujours partie de sa vie sur terre. On se pose d’autres questions, bien évidemment : Quand avons-nous commencé d’exister ou cessé de l’être au-delà des événements visibles de la naissance et de la mort ?
Les réponses des philosophies et des religions à ce genre de questions, ne sont-elles pas suffisamment tranchantes ?
Les sciences, la philosophie et les religions, répondent par l’intelligence de ce qui est. Elles mettent en rapport l’homme au monde tel qu’il est. La philosophie n’est autre que la soif de ce qui est juste. La religion en rajoute d’autres rapports, ceux qui lient l’homme à son semblable. Ceux qui sont à la recherche du sens de la vie…
D’où vient cette crise ?
Ces crises ! Elles ont surgi lorsque ces questionnements sont passés au second plan. Des époques d’insouciance, de plaisirs, d’envie de vivre, la croissance et la révolution industrielle qui appelait à garder l’esprit léger faisant fi de l’éthique. Lors de ces périodes, les fascinations multiples repoussent la question du sens dans un inconscient collectif qui n’en a cure.

Par : Samir MEHALLA

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