L’Algérie célèbre le 70e anniversaire de la glorieuse Révolution du 1er novembre 1954 dans la sérénité et dans la conviction d’ un avenir prometteur.
C’est un événement chargé de symboles de l’Algérie, au même titre que son hymne national, son drapeau et ses sacrifices. Cette célébration est donc un moment de recueillement chargé de respect, à la mémoire des glorieux martyrs de Novembre 1954.
Tous les historiens s’accordent à dire que c’est l’une des révolutions qui a le plus marqué les événements de notre époque. Cette célébration est également un moment de communion nationale autour de notre glorieux passé, dont le 5 Juillet 1962 n’est finalement que la restauration de notre État national millénaire, pour paraphraser le moudjahid feu Mouloud Kacem Naït Belkacem. En associant la célébration de l’anniversaire de la glorieuse Révolution du 1er Novembre à celle de la restauration de notre État national, l’Algérie a, d’emblée, affirmé la nécessité de consolider la libération par l’édification nationale, assignant notamment cette oeuvre à sa jeunesse porteuse de ses espérances.
Ce choix reflète l’âme d’une vieille Nation, belle et rebelle, qui a su, chaque fois à travers les millénaires, dépasser les tragédies et les vicissitudes de l’Histoire et poursuivre ainsi la réalisation de son destin de dignité et de grandeur. La préservation de la mémoire nationale est aussi destinée à nos générations montantes, car elle constitue toujours, pour elles, un ressourcement précieux de leur patriotisme face aux défis et aux épreuves, ainsi qu’un motif de fierté nationale. Il fallait du courage et de l’abnégation pour panser les plaies et aller de l’avant. Le peuple algérien a pu surmonter l’épreuve en relevant tous les défis, dans un contexte extrêmement difficile.
Pourquoi cette terre intéresse-elle le colon français ?
Avant tout, les Français débarquent pour des raisons d’abord économiques. Il est question de ventes de blé par l’Algérie à la France et de non-remboursement des dettes avec des échanges durs et un ambassadeur français qui s’est senti humilié par le dey d’Alger qui sert de gouverneur à Alger. C’est donc, au départ, une expédition punitive. Mais à mesure que les troupes débarquent et que l’occupation commence, la France se pose la question : «Que va-t-on faire de ce territoire ? » Il faut soumettre la population et, ensuite, on commencera à théoriser la colonisation de peuplement et la colonisation agricole avec la dépossession de la terre des Algériens. Ces colons sont convaincus qu’ils sont là pour toujours, que la contestation est éteinte.
Les prémices de la révolution apparaissent déjà !
Outre les multiples révoltes populaires depuis leur débarquement sur les côtes algériennes ainsi qu’à travers tout le territoire national, une nouvelle secousse fait trembler la colonisation sur ses bases, et ce, au moment où les Européens célèbrent la fin de la Seconde Guerre mondiale. En effet, les Algériens se joignent à ces célébrations en apportant leurs propres revendications et leurs propres drapeaux.
En cette fin de guerre, la revendication du droit du peuple à disposer de lui-même est réaffirmée avec une nouvelle vigueur. À Sétif, Guelma et Kherrata, des émeutes ont lieu, suivies d’une vague de répression terrible. Pendant des semaines, l’est du pays est isolé. Les forces de l’ ordre françaises mettent les Algériens engagés en politique dans des camps ; dans certains lieux, les militants nationalistes sont exécutés ; il y a des bombardements et des ratissages. Mais la goutte qui a débordé le vase, c’est le retour des d’anciens combattants algériens de la guerre pour découvrir leur maison brûlée et leur famille assassinée.
Eux qui avaient vécu la guerre dans l’armée française avaient découvert à la fois une camaraderie combattante et une hiérarchie militaire raciste dans laquelle leur avancement était bloqué. Ils ont été utilisés comme chair à canon pour les batailles les plus difficiles. On parle de 45 000 morts justes pour les massacres de Sétif, Guelma et Kherrata du 8 mai 1945. Néanmoins, l’événement marque toute une génération d’hommes et de femmes. Cette répression du 8 mai 1945 fait basculer bien des hésitants du côté de la revendication de l’indépendance.
L’éveil a gagné du terrain
À partir de 1946, quand les hommes détenus sont libérés, se créent plusieurs partis politiques qui ont l’indépendance pour objectif. Le but, c’est la création d’une République algérienne indépendante. Face à une crise des partis politiques, un petit groupe d’hommes créent le Front de libération nationale (FLN). Le premier objectif du FLN est de tenir bon face à la répression, d’accroître sa base et de rallier l’ensemble des forces politiques algériennes. Plus tard, le FLN vise à se constituer en État : à partir de 1958, il fonde un gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) qui va aussi profiter du contexte international pour lancer des opérations diplomatiques, s’affirmer sur la scène internationale, avoir des ambassadeurs aux États-Unis, à l’ONU, en Chine, en Amérique latine, et trouver des soutiens.
Dans ce but, il crée même une équipe de foot en rassemblant les joueurs algériens des clubs français ! Sur le terrain militaire, il ne sera pas possible d’écraser l’armée française, mais il faut mener la guerre suffisamment longtemps tout en menant une lutte diplomatique. Le FLN a une grande capacité de mobilisation et utilise tous les moyens pour réunir les forces et élargir sa base. Il se forme aussi comme une organisation révolutionnaire à laquelle adhèrent des militants-combattants.
La révolution prend de l’ampleur
En effet, l’idée de l’indépendance algérienne fait quand même son chemin. Plusieurs facteurs étaient du côté de l’Algérie. A commencer par l’appui de pays récemment indépendants ou qui le deviennent durant cette guerre longue de huit années. Dans cet intervalle de temps, deux indépendances changent particulièrement la donne : celle des pays voisins, Tunisie à l’est et Maroc à l’ouest en 1956.
Dès lors, leurs territoires peuvent être utilisés comme bases arrière. Des indépendantistes algériens peuvent s’y armer et s’entraîner. La guerre froide a été aussi d’un grand apport pour la révolution algérienne. L’Algérie obtient l’aide du bloc de l’Est, qui forme des Algériens dans des académies militaires ou apporte du soutien financier, logistique ainsi qu’une aide diplomatique, ce qui va exercer une pression essentielle sur la France.
Le sacrifice paye et l’Algérie nouvelle est née
L’Algérie est «un modèle» en matière de sacrifices consentis durant la période coloniale pour recouvrer la liberté et la souveraineté de son peuple. En effet, elle a payé un lourd tribut avec des millions de martyrs tombés aux champs d’honneur durant toute conquête française. Mais pas pour rien ! Car, un 19 mars les accords d’Evian ont été signés entre le gouvernement français et le Gouvernement provisoire de la République algérienne et qui officialisent l’indépendance. Le 1er juillet, un référendum d’autodétermination a lieu (99 % des Algériens qui y participent se prononcent pour le «Oui»). Le 5 juillet est choisi comme date symbolique de l ’indépendance.
C’est une fête entre Algériens, avec des slogans politiques mais aussi des vêtements que les gens ont préparé longtemps à l’avance. Encore aujourd’hui, les participants vous disent que c’était le plus beau jour de leur vie... Aujourd’hui, le pays s’engage résolument, sur la voie du renouveau en tant qu’État soucieux de rattraper le temps perdu. Un pays reconnu et respecté pour ses positions claires, fondées sur les principes de coexistence pacifique, de non-ingérence, de soutien au droit à l’autodétermination des peuples. Il s’y attelle avec sérénité, défrichant des pistes encourageantes de redressement, sans se fourvoyer dans les dérapages du passé.