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Edition du 24 Septembre 2009



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Au Caire, une clinique pour une ville qui se couche tard et dort mal
24 Septembre 2009

Minuit un jour de semaine à Héliopolis, dans le nord du Caire. La journée de travail commence vers neuf heures du matin mais les rues grouillent toujours de familles faisant leurs courses et d’adolescents vibrant au rythme de la bruyante stéréo de leur voiture. «Se coucher tôt, ce n’est pas dans notre mode de vie», affirme Abdo, 39 ans, fonctionnaire dans un ministère. La culture de la nuit n’explique pas tout. Pollution, trafic assourdissant, logements surpeuplés, rythmes scolaires décalés et alimentation inadaptée se conjuguent pour faire de la mégalopole égyptienne une cité d’insomniaques. Au point qu’une «clinique du sommeil», la première du pays, vient d’ouvrir pour aider ceux qui peuvent se l’offrir à retrouver le chemin de l’oreiller. «La seule raison de se mettre au lit tôt serait que notre salaire soit réduit en cas de retard au travail. Si ce n’est pas le cas, pourquoi se coucher de bonne heure?», poursuit Abdo. Dans le salon, ses enfants regardent souvent la télévision toute la nuit, jusqu’à 07H00 du matin. «Pendant l’année scolaire, je leur dis de se coucher tôt. Mais l’été, il n’y aucune raison de les y forcer», ajoute-t-il. Surnommée la «Grosse mangue» —d’après la Grosse pomme, New York, une autre ville qui ne dort jamais—, la capitale égyptienne compte quelque cinq millions de personnes souffrant de troubles du sommeil, un tiers environ de sa population, selon des études internationales. Selon les médecins, un adulte devrait dans l’idéal dormir huit heures par nuit, sans interruption. Cherifa Taher en est loin. «Je ne me couche jamais avant 01H00 ou 02H00», dit cette mère de famille qui se lève à six heures tous les matins pour préparer ses enfants pour l’école. «Quand les enfants rentrent de l’école, ils se reposent un peu, dînent puis leurs professeurs particuliers arrivent. Ils ne finissent jamais avant 21/22H. Ce n’est qu’après que je prends du temps pour moi», explique-t-elle. Le faible niveau des écoles en Egypte oblige les parents, riches ou pauvres, à recourir massivement aux professeurs particuliers en fin de journée. Face à ce phénomène, le docteur Ramez Reda Moustafa, enseignant en neurologie et en psychiatrie à l’Université d’Aïn Chams, au Caire, et celle de Cambridge, en Grande-Bretagne, a ouvert depuis deux mois la Sleep Care Clinic, une «clinique du sommeil». Dans la salle d’attente, Hani Ramadan, timide comptable de 30 ans en costume-cravate, espère la fin de ses nuits blanches. «Je ne dors pas la nuit. Parfois, au travail, je n’arrive vraiment pas à garder les yeux ouverts», explique-t-il, tandis qu’un employé de la clinique le prépare pour une polysomnographie, un examen médical consistant à enregistrer, alors que le patient dort, les rythmes respiratoire et cardiaque ainsi que l’activité du cerveau et des muscles. «Il y a beaucoup de raisons pour lesquelles les Egyptiens ont du mal à dormir», dit le Dr Moustafa à l’AFP. En plus des causes avancées par l’OMS, «nous sommes de grands buveurs de thé et une grande partie de la population est obèse», ajoute-t-il. La vie trépidante du Caire n’arrange rien.


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