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Dahmani Meziane, entraîneur de l’EN féminine juniors de judo au Midi Libre
«Nous avons hérité d’un lourd fardeau»
8 Septembre 2010

S’exprimant, au cours de sa visite au siège du journal Midi Libre, l’entraîneur de la sélection algérienne féminine juniors, Dahmani Meziane, s’est montré d’un côté satisfait de la première expérience depuis son retour à la tête de l’équipe, tout en regrettant de l’autre côté le retard enregistré par les judokas algériens pendant une vingtaine d’années durant lesquelles les sélections algériennes, toute catégories confondues, étaient absentes, qui selon lui, étaient victimes d’une mauvaise gestion de l’ancien bureau. Cet entraîneur a, en outre, indiqué que les choses commencent de plus en plus à reprendre le bon chemin après plusieurs années de marasme qui ont coûté cher à cette discipline qui, auparavant a bel et bien défendu les couleurs nationales dans pas mal de compétitions internationales. Dans cet entretien, Dahmani Meziane revient également sur beaucoup de questions relatives notamment à la nouvelle politique mise en place par la nouvelle composante fédérale, qui tente depuis quelques temps de remettre les choses sur rail.

Midi Libre : D’abord un petit aperçu sur votre parcours
Dahmani Meziane : J’ai débuté ce sport en 1970. Mon premier club a été le quartier où je suis né à El Biar et dans lequel j’ai passé une grande partie de mon parcours avant de rejoindre d’autres clubs, à l’image du Mouloudia d’Alger et l’USM Alger. J’ai passé dix-sept ans à l’équipe nationale avec laquelle j’ai eu cinq titres africains, cinq coupes africaines, trois titres méditerranéens et plusieurs autres titres arabes. J’ai été à plusieurs reprises champion d’Algérie. J’ai été classé deux fois parmi les sept premiers aux Jeux Olympiques. La première en date a eu lieu en 1988 à Séoul, et la deuxième était à Barcelone en 1992. J’ai passé vingt ans comme athlète d’élite avant de prendre, par la suite, les commandes de l’équipe nationale juniors. C’est ainsi que j’ai commencé le bébé-judo à quatre ans seulement. En tout cas, c’est difficile de résumer un parcours de plus d’une quarantaine d’années pendant lesquelles j’ai vécu des hauts et des bas. Mais, C’est tellement intense. On côtoie à chaque fois les meilleurs athlètes du monde entier.

Votre parcours en tant qu’entraîneur…
Actuellement, je suis directeur technique des sports (DTS) au club d’El Biar féminin, que j’ai crée moi-même, et en même temps entraîneur de la sélection nationale féminine juniors avec laquelle j’ai fait plusieurs championnats d’Afrique depuis son lancement en 2000. J’ai débuté ma carrière d’entraîneur exactement en 1996. Mais par la suite en 2007 j’ai décidé de quitter définitivement cette sélection

Quelles en sont les raisons ?
Pour des raisons purement personnelles. Je préfère m’abstenir d’en parler. Depuis cette période, le niveau des sélections nationales ne cesse de se dégrader. J’ai repris les entraînements cette année et cela fait trois mois seulement que je suis à la tête de la sélection nationale juniors avec laquelle j’ai déjà fait deux stages de préparations à Alger, un stage en France et un autre stage et un tournoi en Italie.

Vous entraînez actuellement combien d’athlètes  ?
Actuellement, j’ai vingt-deux athlètes âgées de seize à dix-huit ans, elles sont toutes étudiantes.
Avant de prendre en main cette équipe, j’ai décidé de mettre en place toute une politique de rajeunissement, basée essentiellement sur le volet formation, pour atteindre cet objectif, je suis descendu moi-même jusqu’aux cadettes pour dénicher les meilleurs athlètes et je les ai accompagnées jusqu’aux juniors. J’ai fait une petite expérience cette année au Sénégal lors des championnats d’Afrique, c’était une grande réussite.

Comment appréciez-vous ces résultats ?
En tant qu’athlète, mon seul regret c’est de ne pas pouvoir arracher une médaille olympique, car c’est le rêve de n’importe quel athlète. Mais malheureusement je n’ai pas pu réaliser ce rêve. A notre époque, nous avons beaucoup souffert sur tous les plans, On n’avait pas les moyens nécessaires pour réaliser même un minimum de stages, on travaillait uniquement avec les moyens de bord, c’était difficile. Le grand travail, je précise, a été fait par les clubs. Mais je pense que le manque du professionnalisme à l’époque en est la cause. Et la mauvaise gestion s’est répercutée d’une manière flagrante sur les résultats des sélections nationales et des athlètes.
Maintenant et quand la situation commence à s’améliorer, les résultats viennent à long terme, ce que nous avons pu réalisé jusqu’au là, est encourageant.
En effet, avec un total de quatre médailles d’or, une argent et deux bronze, remportés au précèdent championnat d’Afrique au Sénégal, je pense que c’est un bon résultat comme début, malgré qu’au début de la compétition j’étais un peu prudent dans mon évaluation du niveau technique des joueurs.
De toute façon, la première place en individuel était prévisible, mais la seconde place par équipe je ne m’y attendais pas en raison des donnés qui m’ont été livrées auparavant. N’empêche, avec la volonté des uns et des autres, nous avons quand même atteint la finale que nous avons perdue par la suite avec un seul point seulement contre la Tunisie, détentrice du trophée.

Vous venez juste de reprendre les commandes après 3 années d’absence, Quel est votre prochain objectif ?
D’abord, qu’il faudrait continuer le travail effectué jusqu’à maintenant avec les jeunes qui seront appelés à constituer l’élite nationale. Notre objectif immédiat est de faire mieux lors des prochains championnats prévus en 2011. Cette jeune équipe va devoir briller en réalisant surtout de très bonnes performances. Pour atteindre cet objectif, j’essaie d’abord d’aller chercher ces jeunes dans les petites catégories pour les préparer en prévision de ces échéances.
Certes, les choses d’ores et déjà s’annoncent difficiles, mais je dois faire avec. Je tiens également a signaler que le niveau technique du judo féminin est en nette régression…
Quelles sont les causes de la régression du niveau technique  ?
Cette régression est due à la mauvaise gestion de l’ancien bureau fédéral des affaires de la Fédération. Le travail effectué pendant dix ou quinze années est vraiment médiocre. Les gens avaient l’habitude de travailler avec les mêmes athlètes jusqu’à un âge très avancé, ils ne préparent pas la relève. A quoi s’ajoute aussi un certain favoritisme qqui aa émergé au fil du temps. Les entraîneurs de leur coté souffrent car ils n’ont pas de pâte prête, donc il faut préparer d’abord les athlètes sur tous les plans, même sur le plan psychologique car cette nouvelle génération est vraiment difficile à maîtriser. Et puis, ce que nous sommes en train de faire actuellement est complètement faux, l’équipe nationale prépare les compétitions, elle ne forme pas. L’équipe est faite pour aller chercher les titres, la formation par contre se fait dans les petites catégories et dans les écoles.

L’instance responsable du judo a traversé durant plus de 20 ans la période la plus difficile de son histoire, cela est dû à quoi ?
Le problème vécu par cette instance est très grave, il remonte à une vingtaine d’années. Cependant, malgré quelques petits efforts, ce sport ne fonctionne plus depuis belle lurette, pendant laquelle le judo algérien s’est trouvé dans une situation la plus terrible qui puisse exister, sans moyens, sans compétitions internationales, voire même nationales, c’est vraiment catastrophique. Le niveau technique de certains entraîneurs pendant cette période était des plus bas. Il faut que les gens se remettent en cause. Je ne pense pas que les choses s’améliorent pour une fédération qui ne fait pas son bilan annuel pour voir réellement ce qui a vraiment marché et ce qui n’a pas marché. Il nous faut maintenant former le nombre nécessaire d’entraîneurs de haut niveau pour garantir une meilleure prise en charge des athlètes et assurer un bon fonctionnement à l’avenir. Le problème des athlètes, notamment celui des filles a été sérieusement posé ces derniers temps en Algérie. Après cette période catastrophique en matière de participations surtout, le judo algérien commence à reprendre ses droits. A l’heure actuelle, notre premier objectif consiste a réinstaurer le climat de confiance et de travail au sein de cette instance.

Donc, l’ancienne équipe était la première responsable de tout ce qui s’est passé durant cette période au sein du judo algérien ?
Exactement, nous avons hérité d’un lourd fardeau. L’ancien bureau était seul responsable de tout ce qui s’est passé pendant cette période de passage à vide. Rien n’a été démontré par ses prédécesseurs, au contraire, ils étaient tous à côté de leur sujet. Ce bureau, comme je l’ai déjà dit, ne fait pas de bilan technique de tout ce qu’il fait pendant une saison. Et s’il ne tire pas de conclusions, comment veulent -ils que les choses avancent. Il y a de quoi s’inquiéter et se poser des questions, c’est une vraie arnaque.

Actuellement y a-t-il moyen de faire sortir cette discipline de son marasme ?
Je pense que les pouvoirs publics sont derrière toute bonne initiative quelle que soit son origine, notamment quand il s’agit d’initiatives qui visent les jeunes. Maintenant, est-ce que ces subventions vont dans le bon sens ou pas, je ne sais pas. Ce que j’ai constaté depuis mon retour, c’est qu’il y a beaucoup de sorties entre tournois et stage précompétitifs, avant on n’avait pas tout ça. Ce que j’ai également constaté ces dix dernières années, c’est que les équipe nationales faisaient cinq stages avant de participer à une compétition internationale. Moi par exemple, en l’espace de deux mois j’ai effectué cinq stages, trois en Algérie, un tournoi en France et un autre en Italie, c’est énorme.

Quel sera votre prochain programme de préparation en prévision des échéances futures ?
Les entraînements se font durant toute l’année. En tout cas, ça diffère d’une période à une autre. Il y a des périodes précompétitives et d’autres de préparations. Et puisque toutes les athlètes font des études, donc, la gestion du temps est un peu difficile. Mais dans l’ensemble, nous avons trois entraînements par jour, ils varient selon les objectifs tracés. Là, aussi ça va être des rappels sur des petits gestes comme travailler davantage sur l’amélioration de la technique et de la tactique. Pendant ce mois de Ramadhan, c’est clair, le matin, les athlètes font de la préparation physique, notamment du renforcement musculaire, et, le soir, place à la technique et aux combats.

Quelle relation entretenez-vous avec le judo ?
Le judo a été mon fidèle compagnon après évidemment ma famille et mon épouse. Je l’aime parce que ce n’est pas uniquement du physique, mais également de la stratégie et du mental.

Quelles sont vos principales qualités ?
Pour ce qui concerne mes qualités, Je suis très sensible. La moindre chose me touche.

Et vos défauts…
Quand quelque chose m’énerve, je reste silencieux pendant une longue durée.

Par : Mourad Salhi

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