Le Midi Libre - Société - Les maraudeurs de l’oliveraie de Thiniri
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Dans cette région située en aval du Djurdjura
Les maraudeurs de l’oliveraie de Thiniri
15 Janvier 2011

Contrairement à la saison précédente, les oliviers de la vallée de Thiniri, en aval du Djurdjura, ploient cette année sous le poids du fruit, présage que... tout baignera dans l’huile pour peu que les récoltes soient protégées des prédateurs que sont les maraudeurs et les nuées d’étourneaux.
C’est à une quarantaine de kilomètres au sud de Tizi-Ouzou, dans les villages d’Assi Youcef et d’Aït Bouaddou que les maraudeurs, généralement de très jeunes gens, ne ratent pas une occasion pour s’adonner à leur sport favori mais interdit, se livrant, en solo ou en groupes organisés, à de véritables razzias contre les oliveraies environnantes.
Le fruit du larcin est emballé dans des sacs en jute qui seront ensuite cédés à vil prix à des marchands d’olives occasionnels qui ne tarderont pas à transformer le produit en huile commercialisable à prix d’or.
S’installant en retrait des villages ou transformant leurs domiciles en boutique, ces "marchands" d’olives -en fait des receleurs- sont plus que certains de tirer avantage de leur activité, surtout qu’ils n’ignorent pas que les revendeurs, des enfants en majorité, sont toujours pressés de se délester de la marchandise pour ne pas éveiller les soupçons sur son origine. Un maraudeur n’avouera jamais son larcin et soutiendra toujours que les fruits proviennent du champ familial. Il n’a pas les moyens de rechigner sur le prix fixé par le marchand, car il a tout intérêt à se débarrasser, au plus vite, du produit de son vol.

Saccage
Le vol des récoltes donne lieu souvent au saccage de jeunes arbres : pour aller vite en besogne et éviter de se faire surprendre, les maraudeurs n’hésitent pas à abîmer les oliviers, en arrachant des branches entières. Une autre forme de maraudage, plus ravageuse que celle, fastidieuse, du ramassage des olives une à une, consiste à subtiliser les récoltes du jour laissées momentanément dans les champs par les oléiculteurs. Le lieu d’entreposage des sacs d’olives, généralement des buissons touffus, est repéré de jour par les maraudeurs puis vidé à la faveur de la nuit.
Aussi, pour limiter les effets de ce maraudage préjudiciable à l’économie rurale, dont l’oléiculture en constitue la principale ressource, et afin de prévenir les conflits entre les familles à cause de ces vols, les comités de ces villages de montagne ont institué la tradition de décréter, à chaque campagne oléicole, l’interdiction de la vente d’olives.
Cette mesure, annoncée par voie d’affichage, est prise à l’unanimité par l’assemblée générale de chaque village bien que la sanction encourue par tout contrevenant se limite au paiement d’une amende symbolique par tout receleur d’olives et par le maraudeur ou son tuteur. Mais il arrive que l’on autorise, pour des raisons exceptionnelles et au cas par cas, certaines familles dans le besoin à vendre leur précieuse récolte mais uniquement à des tenants d’huileries qu’il ne faut pas confondre avec ces fameux "marchands occasionnels" d’olives volées. Néanmoins, le maraudage ciblant l’olive de table pour sa conservation selon des méthodes artisanales à des fins de consommation domestique, sévit toujours étant donné que la culture de l’olive de table est très limitée en Kabylie où sa pratique est réduite aux besoins de pollinisation des champs oléicoles, dominés par la variante "Chemlal". L’autre facteur de prédation des récoltes est incarné par les nuées d’étourneaux, ces oiseaux migrateurs venant de contrées froides, qui prennent d’assaut les oliveraies pour se gaver de grains, en prenant de vitesse les oléiculteurs qui n’ont pas pu engranger leurs récoltes à temps.


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