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La justice du gang rose
Quand les femmes disent non à l’arbitraire
21 Mai 2008

Des femmes victimes de violence, on en voit partout dans le monde. Dans les pays développés ou en voie de développement, ce phénomène universel prend des proportions alarmantes, notamment dans les sociétés patriarcales où la femme continue à être considérée, dans la mentalité rétrograde, comme étant inférieure à l’homme.

Seulement, ce qui est inédit jusqu’ici est le fait que des femmes, victimes d’injustices, s’organisent en gang pour lutter contre la marginalisation et les violences qu’elles subissent au quotidien au sein de leur contexte. Cela s’est déroulé en Inde où selon des informations publiées par le journal le monde, un groupe de femmes baptisé «le gang rose» s’est donné pour but de lutter contre l’arbitraire que subit la femme indienne.
Les femmes en Inde subissent toutes sortes d’injustices de la part des hommes. Dans les villages pauvres, elles sont nombreuses à subsister dans des conditions difficiles. Les hommes de loi qui, normalement symbolise la justice, se trouvent contrairement complices des auteurs des actes de violence.
Chunna Devi est une habitante d’un village pauvre du nord de l’Inde. Cette femme, récemment tabassée par des hommes acharnés qui lui avaient lancé des briques en plein visage, raconte sa mésaventure au poste de police. Son affaire est classée, car, déclare-t-elle, le silence de ces policiers est acheté. Donc, la femme est contrainte de se soumettre à ces rapports de force.
La jeune femme, perdant confiance en la justice, fait appel au gang rose, sa dernière chance de se rendre justice. Les membres du gang rose n’hésitent pas à vêtir leur tenue de combat, des saris roses, et de se diriger droit vers le commissariat de police.
En Inde, elles sont aujourd’hui au nombre de 200, ces justicières qui ne redoutent rien, qui se fixent l’objectif de lutter contre l’arbitraire, la violence, la misogynie et l’injustice sous tous ses aspects.
Défendre la cause des femmes maltraitées par la justice, les forces de l’ordre ou la société, elles réagissent à la moindre alerte.
La fondatrice du gang, dans une déclaration publiée dans un journal français affirme que la défaillance du système judiciaire en Inde est à l’origine de la création de ce groupe de justicières dévouées et déterminées à faire respecter la loi et régner l’ordre dans un contexte décrit comme étant anarchique.
Les injustices faites aux femmes sont nombreuses. A titre d’exemple, dans le district de Bundelkhand, au sud de l’Uttar Pradesh, filles et garçons n’ont pas les mêmes droits. Les avortements clandestins sont fréquents lorsque le sexe de l’enfant est une fille. Il faut dire que la dot du mariage étant élevée en Inde, peu de couple rêve d’avoir une fille.
En raison de tous ces facteurs, cette région compte plus d’hommes que de femmes. Les seules qui y subsistent vivent dans des conditions dures et sont emmenées à subir l’injustice d’une société qui ne leur accorde même pas le statut d’un être humain.
Sampat Pal Devi, à la tête du gang des saris roses, est avant tout une femme qui a vécu les injustices de la société indienne. Jeune, elle a été forcée à quitter l’école. Mariée de force au mari de sa sœur décédée, avec qui elle conçoit un seul enfant, sa vie était infernale. Femme combattante, autodidacte, Sampat apprend à lire et à écrire et persuade son mari de quitter le village pour s’installer en ville.
Comment le parcours de cette femme a-t-il changé ?
Vendeuse de thé sur le bord d’une route, la jeune femme commence à recevoir les confidences de femmes maltraitées, ô que nombreuses.
Son premier fait d’armes date d’il y a une vingtaine d’années, quand elle a mobilisé une communauté villageoise pour forcer un homme à renoncer à abandonner son épouse.
Sampat Pal Devi, 47 ans, affirme s’être inspirée de Rani Laxmibai, une reine qui en formant sa propre armée en 1857 avait tenu tête aux troupes britanniques pendant plus d’un an.
Le gang rose ne se contente pas de défendre les femmes maltraitées contre l’injustice, mais aussi les pauvres qui sévissent dans des conditions de vie précaires. Le mouvement de ce gang prouve que des femmes peuvent faire face à l’arbitraire avec le peu de moyen qu’elles ont, pour vu qu’elles soient animées d’une bonne volonté.

Par : d. soltani

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