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Prévention du suicide
Le rôle essentiel de la sensibilisation
18 Fevrier 2008

Le suicide, fléau social dévastateur, semble un exutoire auquel recourent les âmes fragiles rongées par la détresse et le désarroi.

Le suicide est devenu, par le nombre important de dégâts qu’il occasionne aux individus et aux sociétés, un sujet d’actualité mis constamment en lumière par la large médiatisation dont il est objet.
En effet, les médias nous révèlent quotidiennement des faits affligeants traçant l’acheminement dramatique d’une vie nous plongeant dans une profonde consternation. Telle personne s’est pendue en usant d’une vieille corde, une autre a péri suite à une overdose de somnifère, une autre s’est coupée les vaines ou s’est jetée d’un pont. Si les moyens du passage à l’acte suicidaire sont variés, la mort reste la fin fatale.
Se donner volontairement la mort ne peut être un acte réfléchi, car la personne suicidaire même quand elle planifie son passage à l’acte, continue à hésiter jusqu’à ce qu’un événement pénible vient accroître son désarroi, accentuer sa détresse et ranimer son désir de disparaître de cette existence jugée morose. Aujourd’hui, la question n’est pas seulement d’analyser le suicide, de dresser le portrait d’une personne suicidaire, ou d’évoquer les causes qui favorisent le passage à l’acte. On en a certes longuement parlé, commenté le passage à l’acte suicidaire et tenté de trouver une explication à un tel désarroi, mais qu’a-t-on réellement fait pour sauver ces personnes au bord de l’abîme à temps ?
Les médias, les services sanitaires et les spécialistes tous corps confondu dépensent une partie considérable de leur temps et de leur énergie en vue de trouver une solution concrète à ce fait sociétal qui a atteint son point culminant ravageant annuellement des millions de personnes dans le monde. Prédisposition psychologique au passage à l’acte suicidaire, malvie, pauvreté, chômage, crise de logement, perte de perspective, dépression, maladie mentale, échec affectif, traumatisme psychique sévère, autant de causes sont énoncées pour expliquer la déchéance humaine traduite par le suicide. Cependant, que fait-on pour endiguer réellement ce phénomène ? A-t-on adopté une sérieuse politique axée sur la prévention, la détection et l’accompagnement des personnes présentant un risque majeur ? Qui s’occupe de la sensibilisation de toute la communauté sur le suicide ? Existe-t-il des associations caritatives qui se donnent pour objectif lever le tabou sur ce sujet épineux et porter le cri de détresse des personnes qui souffrent en silence ?
Pas plus tard qu’avant hier, nous avons appris le tragique décès de l’amie d’une de nos collègues. Une femme âgée la quarantaine, mère d’un enfant de 12 ans, cadre dans une entreprise, qui s’est donner la mort par pendaison. Quel drame déchirant?
La femme qui ne parvenait pas à surmonter son échec conjugal et sa séparation avec son enfant parti s’installer chez ses grands parents ne tarda pas à manifester les symptômes d’une sévère dépression qui fut précocement prise en charge médicalement. Sous antidépresseurs, ses proches et amis constataient l’amélioration de son état. D’ailleurs, quelque temps avant son passage à l’acte, elle paraissait d’humeur gaie et semblait reprendre ses esprits. Cependant, se portait-elle vraiment bien ? Certainement pas, puisqu’elle a accompli l’acte mortel au moment où elle devait monter dans l’appartement de sa mère pour déjeuner. La maman, s’impatientant de ne voir sa fille arrivée, alla la chercher et découvrit le corps inerte de la jeune femme suspendu par une écharpe utilisée comme corde. Quel traumatisme pour la vieille maman et quel cauchemar pour toute la famille, les proches et les amis de la défunte. Si cette femme s’est suicidée c’est certainement parce qu’elle est arrivée à un point de non retour, à un stade extrêmement désespéré pour envisager le suicide comme solution radicale à ses difficultés existentielles. S’est-elle donnée la mort à cause d’un divorce qu’elle n’a pu supporter ? N’a-t-elle pas résisté à la séparation avec son fils ? A-t-elle succombé à son trouble dépressif ? Il faut dire qu’aucun facteur à lui seul n’est responsable du passage à l’acte suicidaire chez cette femme déprimée. La combinaison des divers facteurs l’a amené droit vers le précipice.
A-t-elle tenté de révéler sa détresse à son entourage par des signaux que ces derniers n’ont pas su déchiffrer ? Certainement. Mais, l’entourage est-il responsable de la mort dramatique de cette victime ? Responsable, non, mais par son intervention efficace, les proches de cette personne auraient pu déceler les pics de détresse et prévenir, de ce fait, le passage à l’acte. Loin de responsabiliser l’entourage de cette victime, ce que je veux signifier est qu’au-delà des chiffres et des analyses approfondies que nous faisons ça et là, nous oublions que la première mesure susceptible de donner des résultats certains est la prévention qui passe par les campagnes de sensibilisation sur le suicide. Qu’entend-on par campagne de sensibilisation ?
Par campagne de sensibilisation nous entendons des actions qui ont pour visée sensibiliser la société civile aux risques du suicide, ses différentes causes, les symptômes que le candidat au suicide présente, l’influence de l’état mental altéré sur la possibilité du passage à l’acte, l’efficacité de l’intervention précoce de l’entourage ainsi que l’apport du spécialiste en matière de santé mentale et psychique. Pour minimiser les dégâts occasionnés par le suicide il importe d’impliquer toute la société dans le processus de lutte contre un fléau ravageur, et ce par la sensibilisation.

Par : Dalila Soltani

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