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Guelma, Bab Souk
Un quartier emblématique
30 Avril 2009

D’aucun se remémore avec nostalgie ces années de jeunesse vécues dans la pauvreté mais dans la dignité car à cette époque la solidarité, l’amitié et la générosité n’étaient pas de vains mots.

Durant l’occupation coloniale, Guelma, siège d’une sous-préfecture, était une ville florissante réputée pour ses généreuses terres agricoles, ses vergers, ses riches fermes, la qualité de ses céréales, son marché à bestiaux, son élevage de vaches adaptées au climat et au relief, son huile d’olives, etc. L’importante communauté européenne était concentrée au centre-ville et dans les bas quartiers, à l’image de la cité Bon accueil qui abritait des villas cossues agrémentées de jardins luxuriants. Les autochtones appelés communément indigènes, occupaient les hauteurs de la ville, principalement le quartier populaire de Bab Souk qui regroupait les rues Fondouk, Mogador, Saint-Louis, Caton et Ammouna. D’aucun se remémore avec nostalgie ces années de jeunesse vécues dans la pauvreté mais dans la dignité car à cette époque la solidarité, l’amitié et la générosité n’étaient pas de vains mots. Ce quartier emblématique a enfanté des nationalistes et des patriotes sincères qui avaient versé un lourd tribut durant les évènement tragiques du 8 mai 1945 et la guerre de Libération nationale. Ce vivier a également enfanté de prodigieux footballeurs intégrés dans la glorieuse équipe de l’Escadron noir tels les Chorfi, Barza, Kafez, Abda, Bellaouès, Souidani et autres. Bab Souk a enfanté des diplomates, des médecins, des avocats, des enseignants qui apportent aujourd’hui leur contribution à l’édification du pays et sont fiers d’avoir vécu dans des conditions défavorables et dans un dénuement presque total.
La particularité de ce quartier résidait dans l’existence de nombreuses maisons mauresques qui abritaient chacune dix à douze familles occupant chacune une seule chambre et disposant de toilettes communes et d’un robinet dans la vaste cour où les femmes faisaient leur cuisine, leur lessive et leurs travaux ménagers.
Les autochtones ne disposaient d’aucun confort matériel, le «kanoun» rempli de braises faisait office de cuisinière et de chauffage en hiver. Les réfrigérateurs étaient inexistants, ils étaient remplacés par la fameuse gargoulette qui conservait en période caniculaire, l’eau fraîche. A défaut de machine à laver, les mères de familles s’échinaient à laver le linge de la maisonnée dans des «gassaâs» en cuivre, durant des heures. Les maîtresses de maison s’ingéniaient à pétrir sans relâche la pâte pour confectionner et cuire sur le «tadjine» de délicieuse galettes croustillantes. Les repas étaient modestes et parfois agrémentés de viande séchées durant les jours fastes.
En dépit de cette situation précaire, les femmes veillaient jalousement à l’hygiène, au bien-être et à la santé de tous. Les enfants s’entendaient à merveille et ils s’adonnaient intensément à leurs jeux favoris à savoir parties de football, cache-cache, saute- moutons, marelle, les gendarmes et les voleurs, les poupées sommairement confectionnées, etc.
Dès la tombée de la nuit, la maman allumait les bougies ou le quinquet, à défaut d’électricité, pour permettre aux enfants de faire leurs devoirs ou apprendre leurs leçons sachant que la télévision était inconnue.
A présent, ces maisons aucestrales, rachetées par des personnes aisées ont été rasées et remplacées par de somptueuses villas. beaucoup déplorent la disparition de ce riche patrimoine et évoquent, avec nostalgie, ces inoubliables années vécues dans la fraternité et la dignité.

Par : Hamid Baâli

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