Des milliers de fans, dont certains le suivent depuis 1981, année de la sortie de son premier album, lisent dans ses chansons leurs propres sentiments cachés.

Le chantre de la chanson kabyle sentimentale, Farid Ferragui, revient au devant de la scène après une éclipse ayant duré plus de trois années. L’ artiste, toujours égal à lui-même, a renoué avec son public Tizi Ouzéen, en attendant de rencontrer ses fans dans d’autres wilayas à partir de la fin de ce mois. Farid Ferragui sera l’hôte, respectivement, des régions de Béjaia, Bouira, Bordj Bou-Arréridj, Sétif, Oran et bien sûr, Alger. Les deux spectacles qu’il a animés à la maison de la culture «Mouloud Mammeri» de Tizi Ouzou ont drainé un public nombreux à la grande surprise même des responsables de l’établissement. Pendant plus de trois heures, et ce pour chacun de ses spectacles, Farid Ferragui a réussi la prouesse d’entraîner ses fans dans des ballades savoureuses et de leur faire revisiter leurs vies respectives grâce à ses mélodies exquises mais aussi à ses textes emprunts de nostalgie. L’artiste, originaire de Taka, dans la région de Tizi Ghennif, s’attendait un peu à ce que son public soit au rendez-vous. Mais malgré cela, il a avoué qu’à chaque retour sur scène, il est ému de découvrir qu’il n’a pas été oublié en dépit du poids des années. «C’est le meilleur concert de ma vie !» a lancé Farid Ferragui à la fin de son récital. Il est vrai qu’il y avait beaucoup d’émotion dans l’air. Farid Ferragui est considéré comme le chanteur de l’amour. C’est un artiste qui fait pleurer souvent ses fans. On l’a dit de lui et on ne cesse de le répéter. Mais Farid Ferragui, à son tour, réplique que c’est lorsque ses fans pleurent qu’il sent avoir atteint son objectif. «C’est quand ceux qui m’écoutent pleurent que j’éprouve le sentiment que mes chansons sont vraiment prégnantes et atteignent le cœur », nous confie-t-il. En effet, il n’est pas donné à n’importe quel chanteur de pouvoir remuer les cordes sensibles de ses admirateurs au point de leur faire verser des larmes. Farid Ferragui qui est sincère aussi bien dans ses textes que dans sa façon d’interpréter. Il chante d’abord et avant tout pour lui même. A l’aide de son luth, dont il ne se sépare jamais, il déballe ses peines à vivre et à aimer. Ce faisant, il se trouve qu’il n’est pas le seul à éprouver ces sensations et ces déceptions. Des milliers de fans, dont certains le suivent depuis 1981, année de la sortie de son premier album, lisent dans ses chansons leurs propres sentiments cachés. Pourtant, Farid Ferragui ne chante pas uniquement l’amour. C’est un artiste qui a abordé une infinité de thèmes. De la politique jusqu’à la société, Farid Ferragui a décortiqué, à sa manière, les différentes étapes que l’Algérie a dû traversées. Notre chanteur ne reste pas indifférent devant les événements qui ont bouleversé le cours de l’histoire de l’Algérie contemporaine. Il a réservé des dizaines de chansons pour parler de la question identitaire et revendiquer le droit à user de sa langue maternelle. Il a aussi évoqué les droits et la liberté de la femme. Il est l’un des rares chanteurs kabyles à avoir dédié un nombre important de chansons aux parents. Il a chanté en compagnie de la diva Nouara l’une de ses plus belles chansons d’amour dans son album «Aderwich n tayri» (le fou de l’amour). Très touché par l’assassinat de Matoub Lounès en 1998, l’artiste n’a pas manqué de consacrer au poète de Taourirt Moussa, tout un album. Dans ses chansons, il a aussi dénoncé les assassinats politiques dont furent victimes Krim Belkacem et Abane Ramdane. Il a dédié des vers à la gloire du Président Mohamed Boudiaf. Il a abordé les événements dits du printemps noir de 2001 dans un album intitulé «Tafsut n Massinissa ». Le chanteur ne se limite pas à déclamer des textes évoquant la situation en Algérie mais il a abordé aussi les événements internationaux comme l’actualité en Irak et le terrorisme international. Ayant côtoyé un nombre important d’artistes kabyles aujourd’hui disparus, Farid Ferragui a composé une chanson fleuve en hommage à ces derniers où il cite nommément Zohra, Youcef Abdjaoui, Moh Said Oubelaid, Farid Ali, Hamidouche, El Hasnaoui…
Farid Ferragui, en plus de sa tournée qui s’étalera jusqu’à la fin du printemps 2010, signera un nouvel album qui promet d’être aussi suave que les précédents. Peut-être même plus, car l’artiste ne veut surtout pas décevoir un public qui lui fait confiance depuis déjà trois décennies.
L.B.