Les secouristes algériens se sont de nouveau distingués en prenant part activement aux opérations de secours des victimes du séisme dévastateur qui a frappé de vastes régions de Turquie et de Syrie.

Tôt dans la matinée du lundi 6 novembre, un séisme de magnitude 7,8 a dévasté le Sud-est de la Turquie et le Nord de la Syrie, faisant des milliers de morts et de blessés. L’Algérie est l’un des premiers pays à annoncer l’envoi d’aides humanitaires et d’équipes de secours de la Protection civile dans les deux pays.

Les secouristes de la Protection civile algérienne ont une grande expérience dans la gestion de ce genre de catastrophes naturelles, l’Algérie ayant connu plusieurs séismes depuis l’indépendance, dont les plus dévastateurs sont ceux de Chlef en 1980 et de Boumerdès en 2003. Dans la matinée de lundi, le président de la République Abdelmadjid Tebboune a ordonné l’envoi d’équipes de secouristes de la Protection civile en Turquie.

Le départ du premier groupe de secouristes algériens, composé de 89 éléments de la Protection civile, de médecins et d’une brigade cynotechnique, a été supervisé par le ministre de l’Intérieur, Brahim Merad, lundi. Celui-ci a indiqué que le président de la République a insisté pour que les secouristes de la protection civile algérienne « soient parmi les premiers qui arrivent sur les zones touchées pour qu’elles donnent les premiers secours aux sinistrés.»

Une seconde équipe composée de 86 secouristes algériens spécialisés dans les catastrophes naturelles a été envoyée dans la soirée vers la Syrie, ainsi que 40 secouristes bénévoles du Croissant-rouge algérien. Cela, outre l’envoi de 115 et 95 tonnes d’aide humanitaire vers la Syrie et la Turquie respectivement. Le Président turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé lundi que 45 pays ont proposé leur aide à son pays. L’Algérie a été l’un des premiers pays à agir et à envoyer des équipes de secouristes sur le terrain.

Les secouristes algériens rehaussent l’image de l’Algérie

L’équipe de secouristes algériens envoyée en Turquie s’est illustrée dès son arrivée en apportant son savoir-faire et son professionnalisme dans les opérations de recherche sous les décombres. «Ce mardi, elle a sauvé une femme restée coincée sous les décombres pendant 32 heures, dans la région d’Adiyaman, dans le sud-est de la Turquie», selon la télévision algérienne. Le groupe de secouristes algériens parti pour la Syrie est arrivé ce mardi à l’aéroport d’Alep, avant de prendre la route vers les zones sinistrées.

«Dans un entretien téléphonique ce mardi, le Président syrien Bachar Al Assad a remercié Abdelmadjid Tebboune pour la solidarité affichée par l’Algérie qui», a-t-il noté, « était le premier pays à répondre à l’appel à l’aide.» Sur le terrain, les éléments envoyés en Syrie se sont eux aussi illustrés par leur professionnalisme. Sur les réseaux sociaux, beaucoup d’Algériens ont exprimé leur fierté et rendu un hommage unanime aux éléments de la Protection civile qui, par leur professionnalisme et leur bravoure, contribuent à rehausser l’image de l’Algérie. Même à l’étranger, des internautes n’ont pas manqué de les saluer.

Ce genre de moment devrait transcender la politique, mais il n’a pas empêché le conflit syrien de remonter à la surface. Certaines voix à l’étranger ont accusé le régime syrien d’empêcher l’aide humanitaire et les secours d’arriver dans les zones sinistrées contrôlées par la rébellion. C’est le cas par exemple de la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baer Bock, qui a appelé à faire pression sur le Président Assad pour qu’il laisse passer l’aide humanitaire. Des parties d’Idleb et d’Alep, les provinces les plus touchées par le séisme, échappent au contrôle du régime syrien.

Les secouristes algériens sauvent des vies

Selon un bilan provisoire des interventions des secouristes algériens déployés en Turquie et en Syrie, un total de 7 personnes vivantes ont été sauvées et retirer 25 corps sans vie dans ces deux pays. « Le bilan provisoire des interventions des équipes de protection civile qui se sont rendues dans les deux pays frères pour participer aux opérations de sauvetage et de secours suite au séisme dévastateur enregistré lundi au sud de la Turquie et le nord de la Syrie fait état du sauvetage de 7 personnes sous les décombres et du retrait de 25 corps sans vie », a indiqué hier le directeur des statistiques et de l’information à la Direction générale de la Protection civile, le Colonel Farouk Achour.

Concernant les interventions en Turquie, les équipes « travaillent depuis leur arrivée 24H/24 et ont localisé leur mission dans un secteur de plusieurs quartiers où de nombreuses bâtisses se sont effondrées », a-t-il précisé faisant état du sauvetage de « 6 personnes et du retrait de 18 corps sans vie.» « La mission n’est pas facile compte tenu des conditions difficiles dans lesquelles travaillent nos équipes qui s’acquittent de leur mission avec professionnalisme et efficacité en vue de sauver le maximum de victimes », a-t-il expliqué.

De son côté, le chargé de communication au niveau de la direction, le capitaine Nassim Berna oui, a affirmé que les interventions en Syrie « se poursuivent à plein régime», ajoutant que «les équipes de la Protection civile ont pu sauver une personne sous les décombres, et retirer les corps de 7 autres victimes.» Et d’ajouter que « les équipes sont réparties dans la région d’Alep, plus précisément dans la zone appelée Boustane Qasr al-Masharqa, à travers 4 points où elles travaillent, sans relâche, pour sauver les victimes sous les décombres.»

Nécessité d’intensifier les efforts

«Les agences humanitaires de l’ONU ont insisté sur la nécessité d’intensifier les efforts de recherche et de secours et de veiller à ce que l’aide vitale parvienne à tous ceux qui en ont besoin, après les tremblements de terre en Turquie et en Syrie. Près de 6.000 bâtiments se seraient effondrés dans le pays», a déclaré Jens Laerke, porte-parole du Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) à Genève. Les besoins de la Syrie sont également énormes, a poursuivi le porte-parole d’OCHA, tout en relayant les informations des autorités sanitaires du pays qui ont fait état de plus de 800 morts et plus de 1400 blessés, notamment à Alep, Lattaquié, Hama, la campagne d’Idlib et Tartous. Plus de 200 répliques ont été enregistrées en Syrie.

«Cela est bien sûr arrivé au pire moment pour de très nombreux enfants vulnérables dans ces régions qui avaient déjà besoin d’une aide humanitaire», a déclaré James Elder, porte-parole du Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF). «C’était déjà une situation d’urgence dans le Nord-ouest de la Syrie où quatre millions de personnes reçoivent une aide humanitaire. Les communautés là-bas sont aux prises avec une épidémie de choléra, un hiver brutal et bien sûr un conflit», a expliqué M. Elder. Faisant écho à ces préoccupations, l’agence des Nations unies pour les réfugiés, le HCR, a déclaré que «la situation était tragique dans les 10 provinces turques touchées par les tremblements de terre.»

Dans certaines de ces provinces touchées en Turquie, 50% des personnes sont désormais des réfugiés, tandis qu’en Syrie, le porte-parole du HCR, Matthew Saltmarsh, a décrit l’urgence du tremblement de terre comme un «coup de marteau» pour les populations déplacées qui n’ont pas de travail et dont les économies sont épuisées. Au moment où les équipes internationales de recherche et de secours arrivent dans la région, coordonnées par OCHA, le porte parole de cet organisme, Jens Laerke a souligné qu’ «il est vraiment essentiel que ces équipes se mobilisent le plus tôt possible. »