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Edition du 23 Octobre 2014



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Bande de filles de céline sciamma
Un regard bienveillant sur les rêves de filles pas encore tout à fait adultes
23 Octobre 2014

"Bande de filles", est une fresque intime et bouleversante, dotée d’une énergie frondeuse, et un "geste politique", dit Céline Sciamma, allusion à ses héroïnes, uniquement des adolescentes noires de banlieue qui n’avaient jamais tourné.

Il s’agit du troisième opus de Céline Sciamma, dévoilé en ouverture de la Quinzaine des Réalisateurs en mai à Cannes, après les très remarqués "La naissance des pieuvres" en 2007 et "Tomboy" en 2011, histoire d’une petite fille de dix ans qui se fait passer pour un garçon, dont la récente diffusion sur Arte a plus qu’irrité des intégristes.

La banlieue de Sciamma ne ressemble pas à celle de "La haine" de Mathieu Kassovitz, pas plus que celle de "L’esquive" d’Abdellatif Kechiche, de "La désintégration" de Philippe Faucon ou encore plus récemment des "Kairas" de Franck Gastambide. Son point de vue à elle, encore une fois radical, ce sont les filles. Comment vivre, grandir, aimer, s’épanouir dans un monde d’interdits, comment échapper à un destin tracé.

Casting dans la rue

Parmi ces filles, il y a Mariem, 16 ans, dont le grand frère ne se prive pas de lui donner des coups, elle qui seconde au quotidien sa mère pour s’occuper des plus petits. Sa rencontre avec trois filles qui refusent de vivre sous le joug va tout changer. Tel un papillon sortant de sa crysalide, Marieme va se transformer en Vic et apprendre à se battre, dans tous les sens du terme.

Y compris pour pouvoir aimer le garçon qu’elle a choisi. Au-delà de l’énergie que dégagent ces filles, la cinéaste parle de "la construction de l’identité féminine avec la pression, les assignations que vivent ces jeunes filles". Outre un "parti pris esthétique", Céline Sciamma a saisi dit-elle une "opportunité de représenter des filles noires au cinéma en France" alors qu’elles en sont absentes. "Donc c’est un geste politique", dit-elle. Mission réussie:

Karidja Touré, qui campe Mariem/Vic est lumineuse en ado introvertie qui va pouvoir grandir grâce à la bande de filles émancipées composée de Assa Sylla ("Lady", puissante), Lindsay Karamoh et Marietou Touré, dont l’énergie collective est communicative. Les filles sont à la fois d’une beauté saisissante et en même temps bouleversantes de naturel.

Le spectateur se prend à envier ce moment de communion et de joie. Céline Sciamma n’inscrit pas son film dans un combat féministe, même si les hommes ici n’ont pas le beau rôle. La réalisatrice préfère porter un regard bienveillant sur ces filles pas encore tout à fait adultes et sur leurs rêves.


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