Le Midi Libre - Culture - Le poète méconnu de la plaine de Ghriss ressuscité
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Edition du 6 Janvier 2014



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Un nouvel ouvrage du CRASC d’Oran sur El H’bib Benguennoun
Le poète méconnu de la plaine de Ghriss ressuscité
6 Janvier 2014

Le Centre national de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC) d’Oran vient de publier un nouvel ouvrage intitulé El H’bib Benguennoun, le poète méconnu de la plaine de Ghriss.

Le Centre national de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC) d’Oran vient de publier un nouvel ouvrage intitulé El H’bib Benguennoun, le poète méconnu de la plaine de Ghriss.


Cet ouvrage, qui met la lumière sur l’une des icônes du melhoun de la région ouest du pays, est une occasion très opportune pour le surgissement de nouvelles lectures, constituant ainsi un jalon appréciable dans la sauvegarde du patrimoine immatériel, permettant alors d’entrevoir sa place et son avenir dans le champ de l’espace cultuel national et universel. El H’bib Benguennoun, né en 1761 à Mascara, est un poète satirique et profane.

Il a un riche répertoire inédit, car jamais publié, mais largement présent dans les cahiers et manuscrits des interprètes et amateurs de poésie melhoun. "Susceptible", tel que le décrit l’auteur de l’ouvrage, Ahmed Tahar Benguennoun se servait de ses vers pour renvoyer la balle à ses détracteurs. "Jouisseur", selon l’auteur, le poète de Ghriss a chanté l’amour, l’ivresse et le plaisir jusqu’à la veille de sa mort, à 103 ans, se mettant à dos beaucoup de ses contemporains.

Benguennoun s’est exercé à beaucoup de genres poétiques connus à son époque (el zedjal, el kan, el gouma, el Moualia), comme le reflètent quelques-uns de ses poèmes encore conservés. Toutefois, son thème de prédilection a été l’amour, dont il a connu les tourments très jeune. Eperdument épris d’une fille de sa tribu, il subit de plein fouet les affres de l’amour lorsqu’on lui refusa sa main en raison de la précarité de sa situation financière et sociale.

C’est alors qu’il quitta l’école coranique où il peinait à décrocher le titre prestigieux de "taleb" et devint officiellement poète, chantant son chagrin et déplorant sa mauvaise fortune. Ses aptitudes à la satire ont été également révélées par la même occasion, décochant à la tribu de sa bien-aimée de mordantes épigrammes, ce qui lui attire la haine de ses notables.

Frappés par une terrible misère, l’année suivante, les membres de la tribu finissent par céder et lui accordent la main de la jeune fille. Le livre de plus de 230 pages contient, en plus d’une biographie de ce poète "lyrique peu prolifique mais très prisé", et une analyse de ses écrits et de sa langue, huit poèmes et leur traduction en langue. L’ouvrage a été écrit dans les années 40 par Ahmed Tahar Ben Mohamed, un ancien enseignant de lycée à Mostaganem.

Il a décroché "le prix de traduction en Algérie" en 1942, une distinction destinée à récompenser un ouvrage consacré à un poète populaire. Le manuscrit, jamais publié, demeure dans les archives en France, jusqu’à ce qu’il fut découvert au Centre des archives d’Outre-Mer (CAOM) d’Aix-en-Provence "par hasard", en 2005, par Ahmed Amine Dellaï, un chercheur du CRASC, spécialiste du Melhoun et de la littérature populaire maghrébine.

Par : Idir Ammour

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