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Edition du 10 Décembre 2013



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De Free Mandela à My black président
Une vie en chansons
10 Décembre 2013

Des cris qui viennent de l’intérieur pour le "prisonnier 46664 !". Du reggae, du jazz, de la pop, des percussions... Nelson Mandela a inspiré des musiciens du monde entier qui l’ont accompagné à chaque étape de son parcours, des geôles de l’apartheid à la présidence sud-africaine.

Asimbonanga. Asimbonanga -Mandela thina. En 1987, les voix puissantes de Johnny Clegg et du groupe Savuka se lamentent en zoulou: "On ne l’a pas vu, on n’a pas vu Mandela". Cela fait 24 ans que le militant anti-apartheid croupit sous les verrous du régime ségrégationniste. Ses concitoyens ne connaissent même plus son visage.

Mais depuis quelques années, son nom est fréquemment associé à des mélodies qui résonnent aux quatre coins de la planète. Mandela ne souhaitait pas focaliser l’attention sur son cas, mais le mouvement anti-apartheid a besoin de personnifier son combat. Dès 1984, le chanteur britannique Jerry Dammers et son groupe Special AKA entonnent Free Mandela, qui devient un tube. Même succès quatre ans plus tard pour Gimme hope Jo’Anna du chanteur de reggae, Eddy Grant, qui entre au top 10 des meilleures ventes en Angleterre.

A l’autre bout du monde, le gouvernement sud-africain interdit le titre. Il faut dire que Jo’Anna, qui incarne la ville de Johannesburg et le régime raciste d’apartheid, "ne rend que très peu de gens heureux, elle se fiche complètement des autres". Les artistes africains ne sont pas en reste: le Sénégalais, You’ss n’Dour, dédie un album à Mandela en 1985. En exil, le trompettiste de jazz sud-africain, Hugh Masekela, chante Bring him back home. En France, Bernard Lavilliers évoque dans Noir et Blanc "la voix de Mandela".

Et clame: "De n’importe quel pays, de n’importe quelle couleur. La musique est un cri qui vient de l’intérieur". Pour preuve: le 11 juin 1988, Dire Straits, Sting, George Michael, Eurythmics, Eric Clapton, Whitney Houston, Stevie Wonder, et bien d’autres encore, participent à un méga-concert en hommage à Mandela au stade de Wembley, à Londres. Retransmis dans 70 pays, il est suivi par plus d’un demi-milliard de personnes. Sur scène, le groupe Simple Minds imagine Mandela Day, le jour où le "prisonnier 46664" sera enfin libéré.

Libre, le monde de la musique continue de le suivre.
En 1991, alors que Blancs et Noirs négocient d’arrache-pied les contours de la future Afrique du Sud, le chanteur de reggae Lucky Dube évoque dans House of Exile un "combattant qui rêve d’une nation libre où chaque homme serait égal face à la loi". 1, 2, 3, 4, 5,... 27, le Malien, Salif Keita, égrène en 1994 les années de captivité de son Mandela et encourage: "Unissons-nous Noirs et Blancs pour arroser l’arbre qu’il a planté".

La même année, Nelson Mandela est élu Président lors des premières élections multiraciales du pays. Pour sa prestation de serment, sa compatriote Brenda Fassie interprète My Black President. Pendant cinq ans, il se consacre à réconcilier son pays et gagne le cœur de la minorité blanche. Si bien que l’égérie de la chanson afrikaner, Laurika Rauch, reprend souvent sur scène, dans la langue de ses anciens oppresseurs, Briefie vir Madiba, (son nom de clan utilisé affectueusement par ses compatriotes).

Pour redorer le blason de son pays, le Président Mandela multiplie également les visites à l’étranger. Souvent un griot, Zolani McKiva, l’accompagne et chante ses louanges. A l’issue de son mandat, soucieux de ne pas s’accrocher au pouvoir, il passe les rênes et se consacre à de grandes causes. En 2003, pour la Journée mondiale du sida, Bono mêle sa voix à des enregistrements de Mandela pour le titre 46664 son ancien matricule devenu le nom d’une campagne contre le VIH. Vieillissant, Mandela se retire peu à peu de la vie publique.

Les musiciens se consacrent à d’autres causes. Depuis sa mort, jeudi à 95 ans, des voix puissantes s’élèvent à nouveau dans toute l’Afrique du Sud. En xhosa, zoulou, anglais ou sotho, elles rendent un dernier hommage à "Tata Madiba".


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