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Edition du 18 Novembre 2013



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5e Festival culturel international de danse contemporaine
Exprimer les émotions et réveiller l’imaginaire
18 Novembre 2013

Chaque année, c’est la même rengaine : on débarque sur le site du Festival excités comme des connaisseurs, et avec un gosier à peu près aussi pentu. Edifice derrière lequel on trouve d’ailleurs plus de gens qui sirotent leurs boissons, avec un désintéressement total.

Etant curieux, et puis, c’est le métier qui le conditionne, on s’est approché d’une bande de jeunes, qui n’a rien à envier à ceux qui foulent les artères du théâtre national Mahiedine-Bachtarzi, leur demandant, pourquoi ne pas profiter de ces activités ? Ces jeunes, ne se sont pas gênés pour répondre : « Nous sommes aussi des danseurs, mais tout se passe on ne sait pas comment. On connait bien le niveau des nôtres. Alors, on ne voit pas pourquoi aller les voir, Habit yedirou bina cinéma ».

« Malgré tout, c’est nos compatriotes, il faut les encourager », avons-nous tenté de plaider avant de rejoindre la salle Mustapha- Kateb pour assister à la deuxième soirée du Festival culturel international de danse contemporaine, marqué par la présence de la Côte d’Ivoire, l’Argentine et l’Algérie, avec un mélange de sensations suggérant, dans un réalisme abstrait, le rapport de l’individu à la vie, à la géométrie du temps et à la patrie. "L’Esprit" est l’intitulé du programme proposé par la Côte d’Ivoire à travers la compagnie "Tchétché" (Aigle), formée d’un trio de ballerines qui ont entretenu une chorégraphie très physique.

La sagesse de s’assoir
La conscience, soumise au regard permanent de l’esprit ancestral qui recommande
la sagesse de s’asseoir pour une meilleure acuité de la pensée face à l’adversité, est le thème que "Tchétché" a proposé alliant la synchronisation des mouvements du corps à l’élégance du geste. "S’asseoir, car la terre est meilleure conseillère", un vieil adage africain que Acho Weyer, directeur de la compagnie ivoirienne a bien voulu rappeler.

"Trois dans le temps" est l’intitulé du deuxième spectacle présenté par la troupe argentine "El Escote" (Le décolleté), composée de trois ballerines et d’un danseur qui a incarné le temps par une série de battements des pieds, rapides, successifs et réguliers, faisant sentir le défilement du temps dans sa plus petite représentation physique. Les ballerines ont suggéré, dans la grâce du mouvement, des figures évoquant le rapport au temps :

le "tourner en rond" par des rotations désemparées, le "laisser aller" par des pas lents et indécis, "le pas décidé" exprimant l’évolution vers un but et quelques étirements dans différents sens mettant le corps en déséquilibre, pour exprimer les obstacles de la vie. "Notre rapport à la vie est soumis à une géométrie du temps qu’on ne peut contrôler dès lors que nos choix sont faits", a expliqué Roxana Grinstein, chorégraphe de la troupe argentine.

La boîte magique
Sept danseurs évoluant au nom de la coopérative "Essalem" de Sidi Bel-Abbès dirigée par Djamel Djebbar ont ensuite proposé "La boîte magique", une danse qui a retracé l’histoire glorieuse de l’Algérie révolutionnaire, du déclenchement de la Lutte armée à l’Indépendance.

La boîte magique renfermant l’emblème national, signe du patriotisme des algériens et leur détermination à en découdre avec l’occupant a été au centre d’une chorégraphie folklorique à travers laquelle des situations narratives ont été présentées au premier degré. La compagnie Nacera-Belaza a présenté en dernière partie de la soirée, le ballet Le cercle, un duo masculin créé en 2010 à Avignon (France) dans un programme époustouflant où les corps vibrants dans leur ensemble, sont dans un tourment perpétuel.

Conduits par une chorégraphie minutieusement réglée, les danseurs ont donné l’impression d’exécuter dans une spontanéité absolue des mouvements incontrôlés, voire anarchiques avec une gestuelle qui partait dans tous les sens, faisant montre de leur professionnalisme et de la qualité de maîtrise supérieure de Nacera Belaza qui a réussi à "mettre des repères dans le néant du désordre". "C’est la représentation d’une décharge de sensations provenant de différentes situations de vie subies et accumulées à travers le temps", explique Nacera Bélaza, avant d’ajouter, "la danse ne raconte pas d’histoire, elle suggère des émotions et réveille l’imaginaire".

Le public du TNA a pu assister à un florilège de danses expressives, développées dans la grâce et la beauté, donnant libre cours au langage du corps dans la noblesse des figures esthétiques, construites sur des thématiques de réflexion, renvoyant à des concepts philosophies utiles à un meilleur rapport à la vie. Suite à une modification dans la programmation, le spectacle syrien "Insan" de la troupe "Phoenicia Zenobia", prévu au deuxième soir de cette cinquième édition, a été reporté au 20 novembre, a expliqué l’un des membres de la cellule de communication du festival.

Par : Idir Ammour

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