Les voleurs sont constamment à la recherche de nouvelles stratégies pour arriver à leurs fins. Celui dont il sera question ici est un jeune homme d’une trentaine d’années, bien habillé, bien rasé et tous ceux qui le voient pour la première fois le prennent pour un ange.
Surtout la gent féminine. Le bel aspect de notre voleur constitue en réalité un élément important de sa stratégie. Il ne s’attaque qu’à ceux qui habitent les quartiers huppés du centre-ville (rues Didouche-Mourad, Larbi-Ben-M’hidi, boulevard Mohamed-V, El Biar... Sa stratégie lui impose parfois de ne pas passer à l’acte immédiatement parce qu’il doit au préalable connaître ses victimes. Il n’est pas question pour lui de s’attaquer à une victime, de la malmener pour ne rien trouver finalement dans ses poches au moment où il tenterait de les lui vider. Il s’est attaqué ainsi à trois personnes sur lesquelles il avait fini par jeter son dévolu : deux hommes et une jeune femme.
Deux d’entre eux, un homme et une femme, ont été attaqués par l’arrière pour être délestés, qui de son cartable qui de son sac à main. A chaque fois, il trouvait quelque chose de précieux : un téléphone portable de dernière génération, un laptop, etc. Et aussi une somme
d’argent.
Mais la troisième victime allait s’avérer fatale pour lui. Il la vit s’engouffrer dans un immeuble avec un gros cartable. C’était un homme si bien habillé qu’on l’aurait pris facilement pour un ministre. A la manière avec laquelle il tenait l’anse de son cartable en cuir (lequel à lui seul valait au moins deux millions de centimes), il se dit qu’il contenait certainement quelque chose de très précieux. Mais l’homme était très méfiant.
Dès qu’il fut arrivé sur le palier du premier étage, il entendit des pas feutrés derrière lui, se retourna et vit le jeune voleur :
-Vous cherchez quelque chose ? lui demanda-t-il en serrant un peu plus l’anse de son cartable. Ce qui permit au voleur d’avoir maintenant la certitude qu’il renfermait quelque chose de grande valeur. Des liasses de billets de banque ? Des euros peut-être.
-Euh…je cherche un dentiste….
- Un dentiste… oui… il y en a un au 2e ét…
Le pauvre diable n’avait pas eu le temps de finir sa phrase que le voleur lui donna deux coups de poing qui l’étalèrent au sol.
Quand il eut repris ses esprits, il constata qu’il ne tenait plus son cartable. Il comprit alors ce qui venait de lui arriver. Mais lui, contrairement aux deux autres victimes du voleur, il avait bien vu son visage et il avait gravé ses traits dans son esprit. Quinze jours plus tard, le voleur fut arrêté et il le reconnut immédiatement. Celui-ci finit par avouer que c’était bien lui qui lui avait pris son cartable contenant 20 millions de centimes.
Jugé récemment devant le tribunal de Sidi M’hamed,
5 ans de prison ferme ont été requis contre lui ainsi qu’une amende de 10 millions de centimes.