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Edition du 22 Avril 2012



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Journées d’études autour de Charles-Robert Ageron
Historien de l’Algérie contemporaine : héritages et perspectives
22 Avril 2012

Le Centre d’études diocésain, en partenariat avec l’Institut d’histoire du temps présent (CNRS) et le Centre d’histoire sociale du XXe siècle (Université Paris I et CNRS), organise à Alger, les 14 et 15 décembre 2012, deux journées d’étude autour de l’héritage historiographique de Charles-Robert Ageron, figure incontournable et l’un des pionniers de l’histoire de l’Algérie coloniale et des décolonisations pour des générations d’historiens.

L’objectif scientifique de ces journées est d’interroger rétrospectivement les savoirs et méthodes produits par C.-R. Ageron et évaluer leur portée sur 50 ans d’historiographie de l’Algérie contemporaine.
Il s’agira, dans une première journée, de comprendre et de questionner le rapport de l’historien aux archives et aux sources écrites, sa méthode et ses outils de recherche. On s’interrogera plus généralement sur l’usage des archives écrites et le type d’approche qu’il induit chez les historiens de l’Algérie contemporaine, au regard d’autres types de sources et d’usages.
Une seconde journée sera consacrée à un retour critique sur les travaux, les thèmes et les présupposés théoriques et méthodologiques. Y seront abordées la réception et la portée de l’héritage de C.-R. Ageron dans l’historiographie de l’Algérie contemporaine. On abordera, enfin, la question de la posture de l’historien dans la société, particulièrement dans le contexte de la Guerre d’indépendance.
L’objectif pédagogique de ces journées est de contribuer à la circulation des idées dans le champ des études historiques algérien et international, et de favoriser la rencontre des chercheurs algériens et étrangers appartenant à la jeune génération.
Ces journées offriront à de jeunes historiens, par delà les clivages linguistiques et de nationalité, une opportunité de "faire génération" en confrontant d’abord leurs pratiques de recherche relatives aux sources archivistiques et autres sources (dans le contexte des discussions sur la mise à disposition des archives en France et en Algérie), puis en mettant en commun leurs thématiques de recherche et leurs méthodes dans une volonté commune de jeter des passerelles entre différentes historiographies. Historien, l’un des grands spécialistes de l’Algérie coloniale, né en 1923 à Lyon, Charles-Robert Ageron a fait des études d’histoire. Il découvre l’Algérie lors de son service militaire en 1945. Jeune agrégé, il est nommé en 1947 au lycée Gautier à Alger. Il y reste dix ans et milite pour une réforme en profondeur du système colonial. En 1957, il est professeur au lycée Lakanal de Sceaux, puis de 1959 à 1961, il est attaché de recherches au CNRS. En 1961, il a un poste d’assistant puis de maître-assistant à la Sorbonne, il y enseigne jusqu’en 1969. En 1968, il soutient sa thèse d’État, sous la direction de Charles-André Julien, portant sur Les Algériens musulmans et la France 1871-1919, considérée aujourd’hui encore comme l’étude de référence sur le sujet. Charles-Robert Ageron est ensuite maître de conférences, puis professeur à l’Université de Tours de 1969 à 1981, puis à l’Université Paris XII. Il préside la Société française d’histoire d’outre-mer jusqu’à son décés en 2008 et dirige la Revue française d’histoire d’outre-mer. Charles-Robert Ageron a publié de nombreux ouvrages sur la France coloniale et sur l’Algérie, parmi lesquels Histoire de l’Algérie contemporaine (1871-1954) (PUF, 1979) et Histoire de la France coloniale (Armand Colin, 1990). «La plupart des chercheurs, universitaires ou journalistes qui ont travaillé sur la question algérienne connaissent bien désormais le nom de Charles-Robert Ageron. Avec le recul du temps, il apparaît de nos jours comme l’un des historiens les plus importants du Maghreb contemporain. En 2000, un colloque réunissant à la Sorbonne plusieurs dizaines d’historiens des quatre coins du monde a rendu hommage à l’érudition, à l’esprit méthodique, à l’obstination de ce chercheur infatigable. (...) Mais lorsque j’ai rencontré Charles-Robert Ageron en 1975, au moment où, jeune étudiant, je cherchais un directeur de thèse, ce professeur était bien isolé dans le monde universitaire. Il était alors sous le feu croisé des partisans d’un tiers-mondisme pur et dur qui lui reprochaient de ne pas suffisamment "s’engager" idéologiquement, et des partisans de "l’Algérie française" qui ne lui pardonnaient pas ses positions "libérales" pendant le conflit algérien.» (Daniel Rivet, Etudes coloniales). «Sans doute à cause d’une conception de l’histoire très classique, d’abord soucieuse d’établir les faits et rétive à tout esprit de système, mais aussi parce qu’il apparaît comme le défenseur un peu nostalgique d’une colonisation à visage humain, dont l’indépendance de l’Algérie a scellé l’échec définitif, Charles-Robert Ageron restera jusqu’à la fin de sa carrière une figure quelque peu marginale au sein de l’université. Ce qui ne l’empêchera pas de présider la Société française d’histoire d’outre-mer, ni de publier une dizaine d’ouvrages, dont un Que sais-je ? maintes fois réédité sur l’Histoire de l’Algérie contemporaine.
«En 1978, quand j’ai soutenu ma thèse sur Messali Hadj sous sa direction à l’Ecole des hautes études en sciences sociales, nous étions peu nombreux autour de lui. Même une dizaine d’années plus tard, quand il a quitté son dernier poste, à l’université de Créteil, il n’y avait pas foule», confie l’historien Benjamin Stora (...). Autre spécialiste de l’histoire de l’Algérie, Gilbert Meynier confirme : «Dans les années 1970, j’avoue que son côté "catho de gauche" et un peu "néo-positiviste" ne nous attirait guère. En plus, il n’était jamais passé par le Parti communiste, ce qui le mettait à l’écart de la plupart de ses collègues.» (extrait d’un article de Thomas Wieder, Le Monde, 6 septembre 2008) Charles-Robert Ageron est mort au Kremlin-Bicêtre en septembre 2008.

Par : Kahina Hammoudi

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