Parfois, les juges sont confrontés à des situations des plus inattendues. A tel point qu’ils ont du mal à faire le travail. C’est le cas de l’affaire qui a été jugée récemment par le tribunal d’Alger.
Au box des accusés, un homme de 65 ans. Yeux baissés, la mine triste, il avait du mal à lever les yeux tant sa honte était grande.
- Tu sais pourquoi tu es ici ? Lui demanda le juge.
- Oui.
- Et pourquoi ?
- Parce que j’ai volé une bouteille de gaz se trouvant dans le coffre d’une voiture en stationnement.
- Raconte-nous un peu ce qui s’est passé.
- J’étais assis sur un banc public. Une voiture s’est arrêtée. Un homme en est descendu et je l‘ai vu sortir du coffre de sa voiture deux filets en plastique et se diriger vers le marché. Ayant constaté qu’il n’avait pas fermé le coffre à clef, je me suis dit qu’il devait se fermer automatiquement. Alors j’ai voulu vérifier. Le coffre n’était pas fermé et il y avait à l’intérieur une bouteille de gaz butane. J’ai hésité un peu puis je l’ai prise.
- Tu n’as pas de gaz de ville chez toi ?
- Si ! j’en ai et mes factures de Sonelgaz sont payées régulièrement et à temps.
- Hum… Et tu as pu emmener cette bouteille seule ou tu t’es fait aider par quelqu’un ? Je veux dire par un complice…
- Je l’ai emmenée seule.
- Et tu as pu la soulever tout seul, malgré ton âge ?
- Oui, bien sûr… Elle n’était pas lourde…
- Elle n’était pas lourde ? Une bouteille de gaz bouteille pleine.
- Mais qui a dit qu’elle était pleine ? Elle était vide.
Le juge regarda le sexagénaire un bon moment puis lui demanda :
- Tu as volé une bouteille de gaz butane vide ?
- Oui.
- Tu savais qu’elle était vide ?
- Bien sûr ; dès que je l’ai soulevée j’ai su qu’elle était vide.
- C’est pour la revendre au marché noir ?
- Non….pas du tout….Pourquoi la vendrai-je ? Je n’ai pas besoin d’argent et j’ai deux grands fils et trois filles qui travaillent.
- Mais pourquoi avoir volé alors cette bouteille de gaz butane ? Parce qu’il doit bien y avoir une raison.
- Bien sûr qu’il y a une raison.
- Laquelle…
- Je m’ennuyais… je ne savais pas quoi faire…
L’assistance éclata de rire pendant que le juge s’essuyait le visage.
L’affaire est reportée à une date ultérieure.