Il n’y a pas longtemps, on écrivait dans ces mêmes colonnes que les Algériens ne savaient plus parler qu’avec leurs poings ou leurs couteaux. C’est le cas dans ce qui va suivre.
L’affaire jugée récemment par le tribunal d’Alger remonte au mois de Ramadan dernier. Il était environ 15h lorsqu’Omar gara sa voiture dans une ruelle de son quartier. Il était très fatigué et n’avait plus qu’une idée en tête : prendre une douche et piquer un petit somme en attendant la rupture du jeûne. Mais tout son plan allait être bouleversé lorsqu’il entendit quelqu’un lui lancer :
-Allez, Omar enlève ta brouette de là ! Tu vois bien qu’elle gêne l’entrée de mon magasin.
Assommé par une journée caniculaire et par les propos déplaisants de son voisin, Omar répliqua sur le même ton :
- En quoi ma voiture gêne-t-elle ta baraque ? Tu ne vends pas des meubles qui nécessitent l’intervention d’un grand fourgon pour leur transport ! Tu vends du lait et des épices et tu prétends avoir un magasin dont on ne doit pas barrer l’accès. Je la laisse ici, ma voiture !
Il y a lieu de signaler que d’après le témoignage des jeunes du quartier, Omar et le commerçant, en dehors du mois de Ramadan, sont des gens courtois. On se demande d’où ils avaient ramené toute l’énergie qui les animait ce jour-là. Le commerçant, un jeune homme de 35 ans, s’approcha alors d’Omar.
- Tu vas enlever d’ici ta charrette sinon, je te la brûle !
- Touche-la si tu es un homme !
Le commerçant sous l’effet de la colère préféra toucher Omar auquel il donna un coup de poing. Celui-ci se ressaisit, regarda autour de lui et aperçut deux grosses pierres que les gamins du quartier utilisaient en guise de bois dans leurs matches de football. Il se saisit de l’une d’entre elles et se rua sur le commerçant. Celui-ci eut beau être agile, il reçut la pierre à la tête et aussitôt du sang se mit à couler. Le visage en sang, le commerçant entra dans sa boutique et ressortit avec une barre de fer… Si les voisins n’étaient pas intervenus pour mettre fin à la bagarre, les événements auraient pu prendre une tournure plus dramatique. Les deux hommes furent séparés et le commerçant se rendit au dispensaire le plus proche puis au poste de police. Omar, sur conseil de ses «amis»en fit la même chose pour contrecarrer les plans de l’épicier. Il se rendit aussi au dispensaire et au poste de police pour se plaindre du commerçant. Mais auparavant, il avait changé de place à sa voiture. Ce qu’il aurait dû faire depuis le début pour éviter ce qui était arrivé. D’autant plus que ce n’étaient pas les places de parking qui manquaient dans ce quartier populaire de Laaqiba (à Belcourt)
Le procureur a requis contre eux six mois de prison ferme.