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Edition du 24 Janvier 2012



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Peine capitale pour deux ingrats monstrueux
24 Janvier 2012

L’ingratitude a toujours caractérisé le comportement de l’homme. Encore une histoire qui incite à se méfier de ceux que l’on connaît et que l’on aide.

Hamid n’avait que 29 ans et sa tête grouillait d’idées. Un soir, il annonça à son père son intention de quitter Azeffoun et d’aller s’installer à Boudouaou où il avait loué un grand hangar pour le commerce des matériaux de construction. Il y avait mis toutes ses économies.
-Tu comprends, père, l’endroit où je vais m’installer est en pleine mutation… C’est tout le monde qui construit dans les environs.
- A Azeffoun aussi les gens construisent et ils sont souvent obligés d’aller loin pour s’approvisionner en matériaux de construction.
- Non…père… ici c’est difficile. Les gens me connaissent. Ils seront tentés de me demander de leur vendre à crédit. Non… non… pour réussir dans le commerce, il faut aller là où personne ne nous connaît.
- D’accord… Et où vas-tu habiter ?
- Dans mon hangar en attendant. Je vais y aménager un petit espace qui me servira de cuisine et de chambre… C’est provisoire ; après je louerai un petit appartement… Mais dans un premier temps, je serai obligé de demeurer sur place ne serait-ce que pour surveiller ma marchandise.
Et c’est ainsi que le jeune natif d’Azeffoun émigra à Boudouaou. Il commença par vendre des parpaings, puis des briques puis du carrelage et ensuite tout alla très vite. Il s’en sortait tellement bien que bientôt il se retrouva débordé par le travail. Il avait besoin de deux personnes pour l’aider mais des personnes de confiance. Et c’est tout naturellement qu’il pensa à Salah et Redouane, deux amis d’enfance. La dernière fois qu’il les avait vus, ils étaient au chômage. Ils étaient assis à l’intérieur d’un café, le regard rivé sur les volutes de leurs cigarettes d’oisifs. Il se rendit à Azeffoun où il les trouva en train de jouer à la belote avec quelques vieux retraités.
Il s’approcha d’eux et dès qu’ils le virent, ils ironisèrent !
- Ah ! Voilà l’Algérois qui vient nous raconter ses aventures ! fit Salah.
- Tu vas voir, répliqua Redouane, il va nous dire qu’il s’est trompé et que finalement ce n’est pas à Alger qu’il aurait dû se rendre mais en Italie.
- Au lieu de dire des bêtises, suivez-moi, leur répondit Hamid. J’ai quelque chose pour vous.
Une fois seuls avec ses deux amis d’enfance, Hamid leur fit part de sa proposition :
-Je suis venu vous proposer de venir avec moi à Boudouaou. Vous allez travailler avec moi.
Les deux jeunes de 28 et 29 ans écarquillèrent les yeux :
- C’est vrai ?
- Mais bien sûr. Je suis venu spécialement pour vous emmener… Je vous donnerai deux millions de centimes par mois… et vous n’aurez aucun souci pour votre nourriture et votre repos… J’ai aménagé une cuisine et un endroit pour dormir dans le hangar. Vous verrez ce sera formidable. Et puis, lorsqu’il nous arrivera de bien travailler, vous aurez des bonus. Votre salaire peut grimper jusqu’à quatre millions par mois.
- Quatre millions par mois ? s’exclama Redouane mais c’est formidable.
- Du calme ! les quatre millions c’est pour les mois où nous aurons bien travaillé.
Les trois amis se rendirent à Boudouaou dès le lendemain matin. Après un mois de travail, Redouane et Salah eurent entre les mains pour la première fois de leur vie vingt billets de mille dinars ! Le premier vrai salaire de leur vie !
Hamid leur accorda deux jours de repos pour rentrer chez eux et acheter à leurs familles ce dont elles pourraient avoir besoin.
Quatre mois s’écoulèrent.
Le mois d’avril 2011 fut exceptionnel.
Ce mois-là, Hamaid donna à ses deux amis d’enfance 45.000 DA chacun ! Un vrai salaire de cadre.
Les deux jeunes gens au lieu d’être heureux et d’entrevoir de bonnes perspectives d’avenir, alors qu’auparavant leur horizon était totalement bouché, se mirent à comploter au sujet d’un sac noir que Hamid avait caché dans son armoire métallique.
- Qu’est-ce qu’il y a dans ce sachet selon toi, Salah ? s’enquit Redouane.
-Tout ce dont je suis certain c’est qu’il ne s’agit pas de parpaings !
- Tu as raison… ce sont des briques ! Il doit y en avoir cent ou deux cents…
- Pour le savoir, il n’y a qu’un seul moyen. C’est d’aller le prendre et de les compter.
- Et que fait-on avec Hamid ?
- En voilà une question ! Nous nous arrangerons pour qu’il ne réclame jamais son argent.
- Tu es train de penser à la même chose que moi ?
- Oui… Nous, nous rentrons chaque mois chez nous. Ce qui n’est pas le cas pour Hamid. Nous n’aurons qu’à dire lorsqu’on nous interrogera que nous l’avons laissé vivant à notre départ. Et tout le monde se dira qu’il a été attaqué par des voyous d’ici. C’est fou ce qu’il y a comme voyous à Boudouaou ! Tu as vu ?
-Tu as raison. Et puis qui nous soupçonnera, nous, qui devons tout à Hamid ?
Et c’est ainsi que Hamid fut tué à coups de pioche par ses deux amis d’enfance qu’il avait sortis de la misère. Le sachet contenait 710.000 DA
Les enquêteurs n’avaient eu aucune peine à confondre les deux monstrueux ingrats.
Après leur dernier jugement à la cour de Boumerdès récemment, les deux meurtriers furent condamnés à la peine capitale.

kamelaziouali@yahoo.fr

Par : Kamel Aziouali

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