Le Midi Libre - Culture - Dictionnaire de berbère libyen (Ghadamès)
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Edition du 23 Octobre 2011



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Réédition du livre du père Jacques Lanfry
Dictionnaire de berbère libyen (Ghadamès)
23 Octobre 2011

Les Editions Achab viennent de rééditer, en Algérie, l’ouvrage déjà publié , en 1973, par le Fichier Périodique, Ghadamès - II - Glossaire (parler des Ayt Waziten), de Jacques Lanfry. Pour cette nouvelle parution, le titre choisi sera celui de Dictionnaire de berbère libyen (Ghadamès) avec la préface de Lionel Galand.

Ce livre sera disponible en cette fin de mois en cours et sera, ainsi, un hommage, d’abord, au père Jacques Lanfry mais, également, à une population berbère de la Libye longtemps réprimée par la dictature du tyran déchu Kadhafi.
Préfacé par Lionel Galand, l’un des plus éminents spécialistes du berbère et du libyque, ce livre revêt une grande importance. Car, en premier lieu, la langue berbère de la Libye n’a pas bénéficié d’une longue recherche de la part des spécialistes comme cela est le cas pour le Maroc ou l’Algérie. Puis, en second lieu, pour apporter plus de lumière à une culture ancestrale et une civilisation miliaire en perdition. «L’intérêt scientifique d’une langue ne se mesure pas au nombre des locuteurs. Celui du berbère de Ghadamès est exceptionnel. Il présente des particularités remarquables à la fois par leur nombre et par leur nature, qui lui assurent une place à part dans l’ensemble berbère», annonce Lionel Galand dans sa préface.
Avant d’ajouter : «L’actualité confère à ce parler un intérêt supplémentaire. Un peu partout, nombre d’associations culturelles affirment l’identité des berbérophones, s’efforçant de faire reconnaître leur langue et de lui donner un statut moderne, adapté aux réalités du monde actuel. Dans ce travail de rénovation et d’adaptation, le lexique est évidemment au premier plan et on ne compte plus les néologismes qui sont proposés aux locuteurs. Comme toujours en pareil cas, c’est l’usage qui tranchera et qui décidera du succès ou de l’échec de tel ou tel mot. Mais, avant de recourir à des créations ou à des emprunts, il paraît sage de recenser tout le vocabulaire, souvent oublié ou méconnu, qui déjà existe dans le fonds berbère et qui pourrait être repris ou rajeuni. Dans cette perspective, on aurait intérêt à explorer et peut-être à exploiter le Glossaire de J. Lanfry».
Plusieurs spécialistes s’accordent à dire que cet ouvrage est dûment important, ce que explique, d’ailleurs, Salem Chaker, professeur de linguistique berbère à l’Université d’Aix-en-Provence 1, dans une notice rédigée à l’occasion d’une communication «Sa production scientifique n’a pas été une recherche érudite de cabinet puisque, pendant plus de quarante ans (de 1934 à 1976), il a été sur le terrain, au contact direct des populations dont il a étudié la langue et la culture. Une immersion totale, sur la longue durée, qui lui a permis une observation fine et sûre de la langue et de la culture quotidienne. Son œuvre scientifique, comme celle de tout le FDB, est considérable et constitue une référence essentielle pour la connaissance des dialectes berbères, de la culture des régions sur lesquelles ont porté ses travaux, principalement la Kabylie, mais aussi, pour J. Lanfry, Ghadamès, oasis perdue à la jonction des frontières libyenne, tunisienne et algérienne, dont il a fourni une monographie linguistique et ethnographique tout à fait essentielle. Ce dernier travail, à lui seul par son ampleur, son originalité et sa précision, justifie qu’on reconnaisse à J. Lanfry un rôle majeur dans les développements récents des études berbères. »
Enfin, il est à noter que Ghadamès est une ville et une oasis du désert en Libye, à 650 km de Tripoli, à la frontière de la Tunisie et de l’Algérie. Une des premières villes fortifiées du Sahara, son architecture est conçue pour résister au climat extrême du désert. L’ancienne ville est inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1986. Elle est, également, connue sous le nom de «Perle du désert». L’architecture de la ville est une merveille civilisationnelle. Toutes les maisons sont faites en tub, briques d’argile et d’écorces de palmiers, sur deux étages. Le passage d’une maison à l’autre se fait par des allées couvertes par les toits attachés les uns aux autres. La circulation de l’air, nécessaire par grandes chaleurs, se fait par des lucarnes percées au niveau du toit. La ville est constituée de sept quartiers. On passe de l’un à l’autre en franchissant une porte en bois. Il existe plusieurs enclos à l’air libre qui étaient les lieux de rassemblement et les places des marchés.
Même si la vieille ville est désertée, les vieux Ghadamsis s’y retrouvent encore pour discuter à l’abri du soleil, quand la température fait 50° C, en savourant des dattes accompagnées d’un verre d’eau.
Une légende raconte que les razzias quotidiennes amenaient les cavaliers à parcourir le désert sur des centaines de kilomètres. Un jour, la jument assoiffée d’un des cavaliers refusa d’avancer et se mit à frapper le sol jusqu’à ce que l’eau jaillisse sous ses sabots. Elle fut baptisée «Source de la jument». Un conflit éclata parmi les cavaliers et ceux qui se séparèrent du groupe revinrent à la source miraculeuse pour y édifier la ville. Chaque année, au mois de novembre, trois jours durant, un festival où se succèdent spectacles et danses fait revivre le ksar.

Par : Kahina Hammoudi

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