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Edition du 3 Octobre 2011



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Clôture du SILA 2011
Edwy Plenel revient sur les principes de la presse
3 Octobre 2011

L’une des figures emblématiques du journalisme dans le monde, Edwy Plenel a été l’invité exceptionnel de la clôture de la 16e édition du Salon du livre d’Alger. Sa venue en Algérie est un événement d’autant que cela fera près de trente ans qu’il n’a pas vu Alger dans laquelle il a passé près de trois ans à y vivre et a étudié. Durant sa rencontre avec le grand public il revient sur son parcours de journalistes, des principes qui doivent guider le métier, et de l’actualité politico-économique dans le monde.

Pour la première fois dans l’histoire des rencontres littéraires organisé dans le cadre du Sila 2011, la salle de conférence était archicomble et les spectateurs ont dû patienter debout durant deux heures pour entendre l’un des journalistes d’investigations les plus médiatisé dans la presse.
Ce journaliste et auteur de talent a essayé de répondre aux questions de toute l’assistance avec des propos bref mais du virulence que nous lui connaissons à travers ces écrits.
Il a ainsi qualifié le Printemps arabe d’un «événement formidable car cela démontre qu’il y a une grande attente de la part de la jeunesse d’aujourd’hui. Elle a soif de culture, d’invention mais surtout de liberté».
Pour expliquer son idée il abordera l’un des livres qui l’a marqué Discours de la servitude volontaire d’Étienne de La Boétie. Edwy Plenel expliquera que ce livre écrit au XVIe siècle est encore d’actualité car il pose la question suivante «Comment un homme arrive-t-il à dominer un peuple ? ».
Ce livre donc, à l’image des révolutions arabes pose la question de la légitimité de toute autorité sur une population et essaye d’analyser les raisons de la soumission de celle-ci rapport « domination-servitude ».

Le droit à l’information
Comme un conteur, l’écrivain de La République inachevée. L’État et l’école en France a fait un long voyage avec cette grande assistance en passant par différents thèmes d’actualité.
Il soulignera que cette période est marquée par une autre révolution que celle de la révolution industrielle, c’est celle de la révolution de l’information en soulignant «Aujourd’hui, l’information a une dimension sans frontière qu’elle n’avait pas avant. Nous sommes face à la troisième révolution industrielle, celle qui a comme moteur technologique le numérique. Cela fait émerger de nouvelles puissances».
Il dira d’ailleurs que chauqe personne «a la droit d’avoir des droits. Qu’il fallait se battre que toutes formes d’oligarchie. L’oligarchie du savoir, moi je sais plus que toi alors j’ai plus de droit que toi. L’oligarchie du pourvoir. L’oligarchie de naissance…».

L’appel pour «la vérité
et la réconciliation»
La question du 50e anniversaire de l’Indépendance a été inévitable. Il déclarera à ce sujet que cette date doit se célébrer des deux côtés, en Algérie et en France «La célébration du 50e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie nous (français) concerne aussi. Il est temps de l’assumer au lieu de l’instrumentaliser. Nous sommes faits de cette histoire que je défends contre ceux qui ont créé la haine entre les peuples et rejettent leur propre histoire» en soulignant que cette date est celle de plusieurs cinquantenaire dont le massacre du 17 octobre 1961 «Le 17 octobre me tient à coeur car ce massacre a longtemps été oublié. Ce fut là la plus grande répression d’une manifestation pacifiste. Ce fut même le plus grave massacre d’un peuple de travailleurs dans l’histoire moderne. C’est même le plus grande répression en France après celle de la Commune de Paris».
Profitant de cette occasion, le journaliste et auteur français a fait un appel pour «la vérité et la réconciliation». Cet appel sera d’ailleurs annoncé sur le journal en Ligne qu’il a fondé «Médiapart».
Restant fidèle au droit à l’information, il publiera la semaine prochaine Notre France,  un livre de conversations avec Ilias Sanbar (représentant de la Palestine à l’Unesco) et Farouk Mardam Bey (directeur de la collection Sindbad aux éditions Actes Sud.

Une personnalité à connaître
Il est à rappeler que cette rencontre a été une occasion pour beaucoup d’Algériens de connaître une grande figure des médias. Hervé Edwy Plenel, est un journaliste politique français, qui est né le 31 août 1952 à Nantes (Loire-Atlantique). Il a été le directeur de la rédaction du quotidien Le Monde de 1996 jusqu’à sa démission en novembre 2004. En désaccord avec les orientations prises par le journal et le groupe dirigé à l’époque par Jean-Marie Colombani et Alain Minc, il est remercié le 31 octobre 2005 après avoir travaillé vingt-cinq ans dans la rédaction du quotidien. Il a depuis co-fondé le site Mediapart, journal payant accessible sur Internet, qui a ouvert le 16 mars 2008.
Fils du vice-recteur de la Martinique Alain Plénel, connu pour ses engagements humanistes et anti-colonialistes, il passe l’essentiel de son enfance dans cette île des Caraïbes, qu’il quitte en 1962. Après une étape en région parisienne, il vit à partir de 1965 en Algérie, termine à Alger sa scolarité et y commence ses études universitaires.
De retour en France et arrivé à Paris en 1970, il rejoint la Ligue communiste révolutionnaire et en 1976 il est journaliste (sous le pseudonyme de Joseph Krasny) dans l’hebdomadaire de la LCR Rouge qui devient quotidien pour une courte période. Après son service militaire, il s’éloigne de la LCR et entre au Monde en 1980. Son livre Secrets de jeunesse (2001) revient sur une jeunesse militante trotskiste qu’il n’a jamais reniée.
D’abord spécialiste au Monde des questions d’éducation, il s’y fait remarquer, à partir de 1982, par ses enquêtes, tout en assurant la rubrique « police » du quotidien. Ses révélations sur la plupart des affaires de la présidence de François Mitterrand en feront une figure du journalisme indépendant et critique. Cette indépendance lui vaudra nombre d’inimitiés et beaucoup d’adversité. Jusqu’en 1994, soit pendant une quinzaine d’années, il travaille à l’écart du monde journalistique parisien, en solitaire ou en tandem – essentiellement avec Bertrand Le Gendre, puis Georges Marion. L’élection de Jean-Marie Colombani à la tête du Monde qui, à l’époque, était simplement un journal et non pas un groupe de presse, va l’amener, malgré ses réticences, à accepter des responsabilités. Principal animateur de la nouvelle formule du Monde sortie en 1995, il devient directeur de la rédaction en 1996. Il publie avec Jean-Marie Colombani des articles sur le génocide des Tutsi au Rwanda.

Tout ce qu’il touche devient or
Jusqu’en 2003, sous sa direction, les ventes du quotidien ne cesseront d’augmenter, hissant Le Monde à un niveau qu’il n’avait jamais atteint depuis sa création en 1944, celui de premier quotidien national généraliste, devant Le Figaro. Avec une diffusion totale (France + étranger) payée de
407.085, l’année 2002 reste le record historique du Monde : premier quotidien national cette année-là, il bat son précédent record de 1979, en affichant une diffusion France payée de 361.254 exemplaires et une progression de 19,5% depuis 1994. Par comparaison, sa diffusion totale payée n’a été que de 336 090 en 2008 et sa diffusion France payée de 300 522.
Jusqu’aux violentes polémiques et à la longue crise provoquée, début 2003, par la parution d’un livre dénonçant certaines orientations éditoriales et les liens ambigus entretenus avec des personnalités du monde syndical, politique et des affaires, La Face cachée du Monde de Pierre Péan et Philippe Cohen, l’opinion générale saluait le dynamisme, l’originalité et l’indépendance de sa direction éditoriale. Depuis, une sorte de
« légende noire » s’est installée qui, tout à la fois, le mythifie et le démonise. Il l’évoque dans la préface de ses Chroniques marranes (2007), sous le titre Autoportrait.
Il a annoncé en novembre 2007 un nouveau projet de média participatif de qualité sur Internet, Mediapart. Défendant un journalisme de qualité sur Internet et promouvant un débat participatif exigeant, Mediapart s’est lancé le 16 mars 2008 et, en quelques mois, s’est imposé comme une marque de référence parmi les players du Net. Edwy Plenel est l’une des personnalités victimes des écoutes illégales de l’Élysée dans les années 1980. Plenel a été mis sur écoute en raison de ses enquêtes sur la cellule antiterroriste de l’Élysée, notamment son implication dans le dévoilement de l’affaire des Irlandais de Vincennes. L’écoute s’est prolongée en 1985 durant l’affaire du Rainbow Warrior pour connaître ses sources alors que ses révélations provoquaient la démission du ministre de la défense, Charles Hernu, et du chef des services secrets, l’Amiral Pierre Lacoste. Poursuivis devant la justice, les collaborateurs concernés de François Mitterrand prétextent d’une affaire d’espionnage soviétique, le dossier Farewell, pour justifier cette écoute, allant jusqu’à affirmer que l’ex-trotskiste Plenel travaillait pour la CIA.
Cette dernière assertion est reprise sans aucune distance ni précaution par certains journalistes défenseurs de Mitterrand. Le jugement rendu en 2005 par la XVIe chambre du tribunal correctionnel de Paris la balaye explicitement et a condamne à des peines de prison avec sursis les quatre responsables de la cellule de l’Élysée pour avoir mis sur écoute Plenel. Ils ne font pas appel de ce jugement. À l’issue de ce procès, Plenel rassemble en un volume ses trois livres sur la présidence de Mitterrand (La Part d’ombre, Un temps de chien, et Les Mots volés), en y ajoutant une analyse du procès des écoutes (Le Journaliste et le Président, 2006).
Edwy Plenel a également été l’une des victimes des dénonciations calomnieuses des faux listings de l’affaire Clearstream. Les faits remontent à 2003 et 2004, mais n’ont été portés à sa connaissance qu’au printemps 2006. Partie civile depuis lors, il a notamment critiqué dans ce dossier le poids que fait peser sur la justice Nicolas Sarkozy.

Par : Kahina Hammoudi

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