Le Midi Libre - Culture - Le lyrisme de la douleur
Logo midi libre
Edition du 25 Septembre 2011



Le Mi-Dit

Caricature Sidou


Archives Archives

Contactez-nous Contacts




Voyage au coeur de la poésie Sud-africaine avec Vovani Bila au SILA 2011
Le lyrisme de la douleur
25 Septembre 2011

L’Agence algérienne pour la culture et le rayonnement culturel (AARC) participe pour la première fois au Salon international du Livre d’Alger (SILA 2011). Sa participation est d’une grande importance culturelle car elle apporte avec elle un lot de nouveauté avec diverses activités culturelles lié à la promotion du livre.

Pour ce samedi, 4e jour de la tenue du Sila, au milieu des deux salles de conférences (A et B) se trouvant au salon, l’AARC se positionne comme l’un des organismes qui organise des conférences-débats forts intéressantes autour de la littérature Sud Africaine.
La littérature d’Afrique du Sud est l’une des plus remarquables du continent par la richesse de sa production et la notoriété internationale de ses écrivains. C’est sans doute la littérature africaine la plus universalisée. Les spécificités de la nation sud-africaine ont forgé l’identité de sa littérature. C’est d’ailleurs dans ce sens que c’est porté hier le rendez-vous littéraire avec Vovani Bila. Poète, écrivain et éditeur, il a expliqué que ses écrits sont étroitement liés à la situation politique, économique et sociale de son peuple.

Poésie des inégalités sociales
«La d’où je viens la pauvreté me gifle », annonce-t-il dans un de ses poèmes. A travers donc sa littérature, il dénonce la corruption qui gangrène les Etats africains en général et son pays en particulier. Il dénonce également avec engagement les actes racistes très violents qui n’ont pas disparu à la fin de l’Apartheid.
«Je suis contente que nous ayons eu notre indépendance après l’Apartheid, d’ailleus plusieurs écrivains, hommes et femmes de culture ont contribué à travers leurs créations à son abolition, néanmoins notre combat ne s’arrête pas là, puisqu’il reste encore des inégalités dans mon pays. J’adore mon pays, reste que malgré ce que vous voyez, les belles artères, les gratte- ciel érigés, montrant la puissance de l’Afrique du Sud, mon pays souffre et se caractérise également comme les autres pays africains par une pauvreté déroutante. Ce sont ce genre d’inégalités que j’essaye de monter à travers mes œuvres », affirme le poète Bila.
Né en 1972 à Elim, dans la province de Limpopo, il est fondateur et responsabled’une revue poétique. Il est aussi coordinateur d’une coalition provinciale et éditeur du journal The Community Gazette. Vovani Bila a publié huit ouvrages en anglais et en northern sotho et tsonga, langues dominantes de sa province. Toujours à la recherche d’une diffusion plus large de ses écrits, il a conçu en 2003 un CD où figurent sa propre poésie et sa musique. Il participe très activement à la vie poétique en Afrique du Sud de même qu’à l’étranger. Sa poésie moderne est symbolique de l’émergence des expressions littéraires des communautés noires. Grâce à ce genre de rencontres littéraires, le public aura la chance de connaître et de découvrir une nouvelle littérature. Les écrits des écrivains sud-africains sont connus pour leur particularité et pour la complexité attachée à des contextes politiques. Trois éléments-clés la caractérise. La première celle de vieille colonisation (dès 1652) dominée par les Boers (colons d’origine franco-néerlandaise) dont la langue, l’afrikaans, deviendra le tremplin du combat contre l’empire britannique. Cette longue guerre aboutira en 1961 à la proclamation de la République d’Afrique du Sud.
Puis le système de ségrégation raciale, l’Apartheid a été institué en 1948 et a été fondé sur une idéologie de la suprématie des Blancs sur les Noirs, mais également sur les métis et les autres ethnies.
Enfin arrive la République d’Afrique du Sud qui maintiendra et développera ce système. Une longue lutte contre l’Apartheid, menée par l’African National Congress (fondé en 1912) qui aboutira enfin à la condamnation de ce système par les Nations unies en 1961, à son abolition en 1990 et aux premières élections multiraciales de 1994.

Une douloureuse réconciliation
Ainsi aux débuts, la littérature sud-africaine est d’abord anglophone. Une des pionnières de cette littérature est Olivia Schreiner, née en1855. En 1948, sort Cry my beloved country (Pleure, ô pays bien-aimé) d’Alan Paton.
Le premier roman écrit par un Sud-Africain noir, Mhudi, paraît en 1930. Son auteur, Sol Plaatje (1876-1932), issu d’une famille royale, est un militant inlassable des droits des Noirs.
Quant à la littérature afrikaner elle est centrée sur la lutte contre l’empire britannique et la répression des Boers. Ces écrits, souvent poétiques, subliment la beauté du pays, la foi chrétienne, l’esprit pionnier...
C’est la période dite du Plaas Roman. Cette littérature traite aussi des relations à l’intérieur de la société afrikaner. Les autres communautés sont souvent présentées de manière lointaine ou paternaliste.
A partir des années 30, la littérature afrikaner poursuit son changement à travers le mouvement des Dertigers. L’un de ses chefs de file est le poète N. P. van Wyk Louw (1906-1970). Les écrits de cette tendance accentuent la recherche, la défense et la sublimation des valeurs afrikaners à partir d’un questionnement existentiel.
Dans les années 60, la littérature sud-africaine va prendre un tournant décisif avec les écrivains dits Sestigers qui remettent en cause les fondements de la société et l’apartheid, mais selon des positions parfois très différentes.
L’écriture littéraire change également, prenant des formes plus modernes. De grandes plumes apparaissent durant cette période comme André Brink ou encore l’invité-phare du Sila Breyten Breytenbach.
Mais la classification en Dertigers (des années 30) et Sestigers (des années 60) est surtout chronologique et ne rend pas bien compte des différences tendances littéraires.
Les premières élections multiraciales de 1994 ouvrent une période d’euphorie historique. Les grands écrivains sestigers qui se sont, pour la plupart, opposés à l’apartheid, continuent à animer la littérature sud-africaine. Mais l’on voit de nouveaux auteurs apparaître, notamment dans les communautés brimées par l’ancien système.
C’est surtout l’après-Apartheid, avec son lot de questionnements, d’espoirs mais aussi d’inquiétudes, qui va inspirer les écrivains, notamment afrikaners.
Aujourd’hui, la littérature sud-africaine s’enrichit sans cesse de la singularité de son histoire, de la diversité de ses communautés, de l’expression de ses générations et de l’extraordinaire enjeu d’un pays qui veut se construire et s’affirmer au-delà de la haine du passé et des grands défis présents.
Enfin, il est à noter que cette littérature est en prise direct avec l’Histoire, marquée par l’apartheid, la violence, les inégalités sociales ou encore des politiques corrompues ou impuissantes. Une littérature qui, de ses figures majeures à sa jeune garde, illustre les préoccupations d’une nation en quête d’identité, sous les feux croisés de la réconciliation et de la réparation.
La littérature sud-africaine est aujourd’hui largement traduite et a trouvé chez des éditeurs comme Actes Sud ou le Seuil des ambassadeurs de premier ordre.

Par : Kahina Hammoudi

L'édition du jour
en PDF
Le Journal en PDF
Archives PDF

El Djadel en PDF
El-Djadel en PDF

Copyright © 2007 Midilibre. All rights reserved.Archives
Conception et réalisation Alstel