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Edition du 31 Juillet 2011



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Exposition «Copy in Italy » à Alger
État des lieux de la littérature italienne
31 Juillet 2011

Dans le cadre de la célébration du 150e anniversaire de l’Unité italienne, l’institut culturel italien d’Alger abrite une intéressante exposition intitulée «Copy in Italy », produite par la fondation Mondadori. Cette manifestation regroupe les auteurs italiens dans le monde depuis 1945.

Elle offre ainsi un approfondissement des connaissances sur la traduction et une série de témoignages et d’ouvrages critiques sur des cas emblématiques, en fournissant un témoignage sur le rôle de la médiation éditoriale dans l’exportation de la culture italienne à travers le monde. A partir de Primo Levi à Umberto Eco, de Italo Calvino à Roberto Saviano, de Giovannino Guareschi à Andrea Camilleri, de Giuseppe Tomasi di Lampedusa à Gianni Rodari, l’Italie de l’après-guerre a exporté les auteurs et les œuvres qui sont imprimées dans la mémoire collective et ont contribué à vehiculer et définir l’image de l’Italie à l’étranger. L’exposition propose des parcours choisis parmi les milliers de couvertures d’auteurs italiens traduits partout dans le monde, recueillis et catalogués au cours des années de travail dans les archives privées et les bibliothèques historiques des éditeurs.
Si l’on dresse un premier bilan de la littérature italienne du XXème siècle, à la veille de la libération, on s’aperçoit qu’elle a déjà produit nombre de ses textes fondamentaux. Au théâtre, avec Pirandello, avec Ungaretti et Montale, autour desquels gravite désormais la poésie moderne, dans le roman, avec Svevo (la Conscience de Zeno), Federigo Tozzi (Trois Croix, Il Podere), Giuseppe Antonio Borgese (Rubé), Corrado Alvaro (Gens en Aspromonte, Vent’anni), Buzzati (le Désert des Tartares), Aldo Palazzeschi (les Codes de Perelà, les Sœurs Materassi), Giovanni Comisso (Au vent de l’Adriatique, 1928, Jours de guerre, 1930), Riccardo Bacchelli (les Moulins du Pô), Alessandro Bonsanti (1904-1984, Racconto militare), Moravia, et s’ils ne les ont pas encore publiés en volume, Romano Bilenchi (1909-1989), génial précurseur du néo-réalisme et de Pavese, a déjà écrit ses Racconti, et Gadda la Connaissance de la douleur et l’Affreux Pastis de la rue des Merles. Mais, à cette date, si les textes existent, ils demeurent épars, ils n’ont pas encore été intégrés dans un contexte culturel unitaire qui fonde la littérature moderne italienne comme telle. Cette prise de conscience sera l’œuvre des générations suivantes. À cet égard, l’opération critique de G. Contini assignant à l’écriture de Gadda une fonction cardinale dans la littérature moderne italienne est historiquement aussi importante que l’œuvre entière de Pavese ou celle de Pasolini, pour ne citer que les plus grands. De même, en redécouvrant Palazzeschi, les néo-avant-gardes ont enrichi la bibliothèque des années 60 de quelques-uns de ses plus beaux textes.
Le néoréalisme, qui marque le lendemain de la Seconde Guerre mondiale, renouvelle, sous le signe de Gramsci et sous l’influence des romanciers américains, la tradition italienne du vérisme. Il se poursuit encore, bien au-delà de Pavese et de Vittorini, dans des œuvres comme celles de Moravia, d’Elsa Morante, de Pasolini et de Sciascia. Aux motivations existentielles, morales et politiques de ceux-ci s’oppose le goût de l’expérimentation linguistique de tout un courant de la littérature moderne italienne, qui trouve ses expressions les plus intéressantes chez Gadda et ses ancêtres parmi les
« Scapigliati » lombards de la fin du XIXème siècle, et dans le Groupe 63, dont Arbasino, Balestrini, Umberto Eco, Manganelli et d’autres auteurs parmi le plus importants de l’après-guerre ont fait partie. Malaparte propose un tableau de la guerre et de la vie moderne (la Peau, 1949). À partir de la moitié des années 40, l’œuvre de Calvino incarne une autre tendance du renouvellement de la littérature italienne. En partant de positions
« réalistes », il a revitalisé la veine fantastique de la narration italienne dans les structures de plus en plus sophistiquées de ses «machines». Enfin, le rapport entre politique et culture fut l’un des débats essentiels qui ont traversé la littérature italienne depuis la dernière guerre mondiale. Il est évident que l’existence d’un lien entre les préoccupations d’une époque et les événements qui l’ont caractérisée a été comme de par le monde clair et évident. Car la création littéraire, à quelques exceptions près, est subordonnée de manière mécaniste à l’Histoire.

Par : Kahina Hammoudi

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