Elle dit qu’écrire est une «thérapie» pour elle et lorsqu’on lui demande d’où elle vient elle répond qu’elle est «terrienne». Terrienne parce qu’elle n’arrive pas à trouver sa place. Originaire de la vieille Casbah, Zoulikha Guebbas, Nissa pour les intimes, raconte sa vie d’émigrée dans un livre de 67 pages paru dans les éditions «À l’écoute des poètes» en 2009. Mêlant souvenirs et saveurs, Zoulikha Guebbas revisite son passé et dit son quotidien.

Depuis sa naissance à Alger dans les années 60, ses espoirs adolescents, son arrivée en France en 1981 pour se marier à un homme de vingt ans son aîné, ses désillusions, ses maternités, ses engagements jusqu’à son travail actuel dans une maison de retraite à Montbéliard. Entre souffrances et combats pour la liberté dans un univers sous domination masculine, son récit est jalonné de recettes de cuisine détaillées et illustrées. Des recettes de «makroutes, chekhchoukha, couscous, yoyos, tamina...» qui évoquent pour elle les souvenirs d’Algérie. Une Algérie dans laquelle elle ne trouve plus sa place, «considérée comme émigrée». Sa place elle ne la trouve pas non plus dans son pays d’accueil qu’est la France car elle y est aussi une« immigrée». Rencontrée à Pierre-Bénite, une commune française située en banlieue de Lyon, dans le département du Rhône et la région Rhône-Alpes, elle nous a livré le secret de sa volonté. Mère au foyer de 7 enfants, elle nous dit qu’écrire son histoire était une thérapie pour elle. «Mon histoire est celle de milliers de femmes en Algérie et en France. Moi j’ai eu le courage de la raconter», nous a-t-elle révélé en aparté. «A travers mon livre j’ai voulu changer l’image stéréotypée des émigrés de la cité. Nos enfants ne sont pas tous des casseurs», nous dit-elle avec énergie. «J’ai donné à mes enfants la meilleure éducation qui soit. Aujourd’hui je suis fière de ce qu’ils sont devenus », relève-t-elle. Un sentiment de fierté partagé par ses enfants qui le lui rendent bien. Depuis la sortie de son livre, elle a mis en place une association à caractère caritative qui favorise l’échange avec des associations en Algérie. Une association à laquelle tous ses enfants adhérent et qui ne fait aucune «ségrégation», puisque ses adhérents sont de toutes origines et de tous âges. D’ailleurs la médiathèque de Pierre-Bénite a vibré, samedi après-midi, aux rythmes kabyle et chaoui du spectacle donné par les membres de cette association. Le temps orageux n’a pas empêché les Algériens de la région, et même des Français, de se déplacer pour assister au show. Une rencontre conviviale qui s’est terminée par une ambiance de fête bien de chez nous agrémentée de thé à la menthe accompagné de gâteaux algérois de la viellle Casbah.