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Edition du 12 Janvier 2011



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Manque de confiance, appréhensions ou fatalisme ?
Ces Algériens qui ne consultent pas de medecin
12 Janvier 2011

Aller chez son médecin, pour les Occidentaux, chose normale voire obligatoire, est chez nous une fatalité. Très influencés par des superstitions et de fausses croyances, très nombreux sont les Algériens qui ont vécu et sont morts sans jamais avoir consulté de médecin.

Eh oui, ça paraît pourtant bizarre, mais cela existe chez nous. Loin de parler du manque de moyens ou de l’absence quasi totale des services médicaux dans certaines régions de notre pays, notamment à l’extrême Sud ou même dans les régions montagneuses, il existe en Algérie des citadins qui refusent catégoriquement de voir un médecin même dans les cas extrêmes.
Il faut bien dire que l’Algérien - du moins la majorité de la société algérienne - est encore très loin d’adopter cette culture de consulter périodiquement un médecin juste pour un simple contrôle comme c’est le cas en Europe par exemple. «Déjà pour voir un médecin quand on et malade on a du mal à le faire, alors de là à aller voir un médecin juste pour un contrôle», nous diront la majorité des personnes interrogées sur cette question. Nous avons donc approché de nombreux citoyens et médecins pour justement essayer de comprendre pour quelles raisons l’Algérien n’a pas développé une bonne relation avec le médecin. Pourquoi a-t-on perdu cette culture du médecin de la famille autrefois consulté pour le moindre problème de santé et parfois même sans avoir un problème précis ? Les avis divergent et sont parfois même contradictoires. Des professionnels croient que l’Algérien de nos jours se méfie des médecins qui perdent de plus en plus de leur professionnalisme. «On n’a plus confiance en nos médecins puisque, malheureusement, très nombreux sont ceux qui ne courent qu’après le gain et mettent la vie de leurs patients en danger rien que pour les faire venir de nombreuses fois», nous a avoué un médecin. Et d’autres encore, ajoute-t-il, «n’admettent pas leur incapacité devant une maladie, ce qui les mènent à induire en erreur leurs malades et cela encore parce que la loi ou encore l’application de la loi est très faible dans ce sens et l’erreur médicale est dans la plupart des cas pardonnée et banalisée, ce qui laisse le champ encore très libre devant ces médecins incompétents et non professionnels qui transforment hélas les vies humaines en rats de laboratoire». Mais cela n’est pas tout parce que d’autres personnes pensent que l’Algérien ne voit pas le médecin juste parce qu’il est découragé par ces prestations médicales encore très précaires et pas du tout dignes d’êtres humains. «Déjà quand un malade dans un état grave aller voir un médecin on est sûrs d’être mal pris en charge et on nous fait traîner entre différents services,
-même chez le privé- sans parler du secteur public où il est carrément déconseillé de voir un médecin alors qu’on n’est pas dans un stade très avancé de la maladie. Que dire alors d’un citoyen qui va chez un médecin pour un simple contrôle médical, il va sûrement être ridiculisé par ses proches», nous affirme une vieille Algéroise. D’autres personnes interrogées nous ont affirmé qu’elles n’aiment pas aller chez le médecin même si leur état de santé l’exige sous prétexte «qu’un médecin rend toujours les choses plus compliquées» ou «on ne va jamais chez un médecin sans sortir avec l’idée qu’il faut bien profiter des jours qui nous restent parce que nous avons plusieurs maladies» ou encore et c’est l’expression la plus répandue dans notre société, «pourquoi mourir en bonne santé». Très nombreux sont ces Algériens qui disent préférer mourir tranquillement et subitement même avec mille maladies non découvertes que de vivre longtemps avec la crainte de mourir d’un moment à l’autre. Mais il faut bien dire aussi que psychologiquement et même si «l’être humain déteste l’inconnu, -ce qui l’oblige à se soucier sur le moindre changement qui lui arrive notamment physiquement-, cet même être humain, notamment celui qui vit dans une société plutôt individualiste comme est devenue malheureusement la nôtre, a peur de découvrir le danger, même le moindre qui nécessite un changement dans des habitudes et surtout la moindre dépendance à une autre personne même si elle peut nous rendre notre bonne forme, ce qui fait que de très nombreuses personnes préfèrent souffrir sans chercher à comprendre la source de leurs souffrances qui dans leur esprit une fois découverte», nous a expliqué Mme Mammeri, psychologue. Enfin, il faut dire qu’«il vaut mieux prévenir que guérir» donc tant mieux pour les prudents qui font tout pour éviter de rencontrer ce praticien pourtant très utile pour nos petits maux.

Par : CHAFIKA KAHLAL

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