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Tizi-Ouzou, journée d’étude
Le suicide dans tous ses états
1 Décembre 2010

La wilaya de Tizi-Ouzou a été stigmatisée pendant des années, comme étant la région d’Algérie où sont enregistrés le plus grand nombre de suicides annuellement. Cette information a pendant longtemps occupé le devant de la scène à chaque fois qu’il a été question d’évoquer le phénomène du suicide. Pourtant, la réalité est tout autre.

La wilaya de Tizi-Ouzou n’est pas plus touchée par le suicide que les autres régions du pays, pas plus d’ailleurs que le reste du monde. En effet, les choses sont beaucoup plus compliquées qu’on puisse le penser. Selon les psychiatres ayant pris part à une journée d’étude ayant eu lieu au niveau du CHU de Tizi-Ouzou, il est impossible d’avoir des chiffres réels concernant ce phénomène. Le seul moyen de pouvoir bien situer les choses est la création d’un observatoire du suicide, ont estimé les psychiatres venus des quatre coins du pays. Les mêmes sources ont indiqué qu’actuellement, la question de la création d’un observatoire du suicide est en état d’étude au niveau du ministère de la Santé et de la Population. Le professeur Abbès Ziri, psychiatre et directeur du centre hospitalo-universitaire Nedir-Mohamed de Tizi-Ouzou, a consacré sa thèse de professorat en psychiatrie à la problématique du suicide. Lors de son intervention lors des journées d’étude, il a pu rendre publics des chiffres et des données auxquels il a abouti suite à sa recherche. Ainsi, en 365 jours, le conférencier a révélé que 224 cas ont été enregistrés au niveau du CHU de Tizi-Ouzou, avec 95 cas enregistrés dans les différentes EPSP de la wilaya et 81 cas signalés au niveau de l’hôpital psychiatrique Fernane-Hanafi. On apprendra aussi que les cas de suicide sont relevés au niveau du service de médecine légale du CHU de Tizi-Ouzou. «La tranche d’âge la plus touchée est 20-29 ans avec un taux d’incidence de 33.2 pour 100 mille  habitants pour les deux sexes, et la tranche d’âge la moins touchée est les 60 ans et plus, précise le même conférencier qui ajoute que les cas de tentatives de suicide ont été observés à partir de l’âge de 12 ans.  «Chez le sexe masculin, le taux d’incidence le plus élevé enregistré est de 28.3 pour 100 mille  habitants chez les 20-29 ans et 38.2 pour 100 mille  habitants chez les femmes», explique le Pr Ziri et ses confrères. Le mode de tentative de suicide diffère selon le sexe mais le mode de tentative de suicide le plus observé est l’intoxication avec 73.1% soit 3/4  des cas chez  les deux sexes, est-il encore indiqué. «Chez l’homme, la fréquence des tentatives de suicide par intoxication est supérieure à la moitié suivie par les tentatives par pendaison avec 21.2% des cas. Chez la femme, elle était de 84% alors que la défênestration est deux fois moindre avec 8% des cas. Selon le professeur Ziri, il n’y a pas de différence significative entre la situation familiale et le sexe des sujets s’étant donné la mort. Les tentatives de suicide sont observées chez les célibataires avec une fréquence de 73.9% alors que les sujets mariés le sont avec une fréquence de 22.4%. Le niveau d’instruction a–t-il un rapport avec la survenue du passage à l’acte ? «Les tentatives de suicide sont observées avec une fréquence plus élevée chez les personnes ayant un niveau d’instruction  moyen», soit 45.8% (49.6% chez les femmes et 39.3 chez les hommes). Ils sont suivis par ceux ayant un niveau secondaire avec une fréquence de 22.8%  (26.6 chez les femmes et 21.3 % chez les hommes). «Les tentatives de suicide sont enregistrées chez les personnes ayant un niveau socio-économique moyen  avec une fréquence de 61% pour les deux sexes (63.9% chez les femmes et 56.2 % chez les hommes. Il n’y a pas de différence significative entre le niveau socio-économique et le sexe pour les tentatives de suicide)», précisent les conférenciers qui enchaînent que la majorité des  tentatives de suicide étaient observées  dans les régions rurales (61.3%) pour les deux sexes et 72.0% résidaient dans un habitat collectif. Enfin, des antécédents psychiatriques ont été observés dans la majorité des cas (49.3%) chez les deux sexes : 71.2% chez les hommes, 35.1% chez les femmes. 

Par : MOKRANE BENALI

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