Le Midi Libre - Midi Kabyle - Chanter, la mort dans l’âme
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Hnifa
Chanter, la mort dans l’âme
28 Juillet 2010

Hnifa fait partie de ces femmes qui se sont révoltées contre leur époque, contre un joug imposé par une société masculine, où le mot « liberté » pour une femme constituerait le plus grand des sacrilèges. C’est une femme qui a préféré la vie d’errance et toutes les misères qu’elle incombe à la soumission et au fatalisme. De son vrai nom Zoubida Ighil Larbâa, Hnifa est née le 04 avril 1924 dans le village d’Ighil Mhenni, à Azeffoun. Elle passa une bonne partie de son enfance à la Casbah d’Alger puis à Bologhine, avec sa famille, partie s’y installer, fuyant la misère et croyant à une illusion appelée la capitale, jusqu’en 1939, année de leur retour au village. Zoubida, alors, indétachable de son poste-radio, ramené d’Alger, elle apprit par cœur les chansons de l’époque qu’elle produisit dans les fêtes du village qu’elle animait en compagnie de ses sœurs. Elle devint en quelque sorte une star dans le douar. En décidant de la marier contre son gré, son père était loin de se douter que sa fille allait se révolter. Prise par une soif de liberté qui germait en elle tel un feu qui ne lui laissa pas de répit, ni la peur du père, ni les qu’on dira-t-on, ne la dissuadèrent, et ce que craignait sa famille arriva, elle divorça, chose inacceptable à l’époque. Son père tenta de la caser une seconde fois, mais telle une onde qui fuit entre les doigts, elle quitta son deuxième mari, violent, ce qui engendra le divorce de ses parents. Accompagnée de sa mère, elle décida d’aller s’installer à la capitale, et se retrouva de nouveau à la Casbah. Pour faire taire les mauvaises langues, elle se maria pour la troisième fois, et ce mariage ne rencontra pas plus de réussite que ses précédents, mais cette fois ci, elle se retrouva avec une fille, un lourd fardeau dans sa situation. Illettrée, elle ne trouva devant elle que le travail de bonne jusqu’à ce qu’elle fit la rencontre de Cherifa dans les années 50. Cette dernière l’encouragea à chanter dans la Radio. Et c’est grâce Mustapha Hasni, qui fut son seul vrai amour, qu’elle fit ses premiers pas dans la radio nationale, à la chaine kabyle avec cheikh Noureddine qui, à son premier test de voix, l’intégra dans la chorale féminine à côté de Chérifa, Zina, Anissa et Djamila. Zoubida devint alors Hnifa. Elle enregistra pour la première fois en 1953, aux studios Pathé Marconi, sa chanson «Ya rebbi feredj», puis en 1956 elle ira pour la première fois en France et travailla avec d’autres artistes : Akli Yahiatène, Taleb Rabah, Bahia Farah, Mustapha El Anka… Trois années plus tard, elle enregistra l’une de ses plus belles chansons, «Yidhem, yidhem» ainsi que «Yemma thaâzizt» avec Mustapha Hasni ainsi que «Lkhir d esser». C’est en cette période aussi qu’elle interpréta sa fameuse chanson «Ma thevghidh ar da ythedjadh», immortelle à ce jour, car reprise par la suite par un grand nombre d’artistes, ainsi que sa chanson biographique «Machi d leghna I tghennigh». En 1963 elle se produit pour la première au TNA, avec Fadhila Dziria et participa à une tournée au sud algérien avec Abdehamid Ababsa. Malmenée dans son pays après la mort de son seul soutien dans la vie, Mustapha Hasni, en 1964, Hnifa regagna la France la mort dans l’âme, et c’est en 1975 qu’elle fit sa dernière apparition dans « Les chevaliers du soleil » avec Chikh Noureddine. Malade, seule, Hnifa quitta ce monde qui ne lui a pas toujours souri un 24 septembre de l’année 1981 à seulement 57 ans.
N. B.


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