Le Midi Libre - LE MI-DIT - Le mausolée d’Imedghassen, un monument numide qui défie le temps
Logo midi libre
Edition du 27 Mars 2010



Le Mi-Dit

Caricature Sidou


Archives Archives

Contactez-nous Contacts




Le mausolée d’Imedghassen, un monument numide qui défie le temps
27 Mars 2010

De nombreuses actions ont été initiées par les autorités de la wilaya de Batna pour éviter que cette "empreinte de la mémoire numide en Algérie" ne disparaisse complètement. Il se trouve, cependant, que toute initiative de restauration ne pourrait être réellement salvatrice que si elle était encadrée par des spécialistes compétents.

Dressé sur un léger promontoire, presque sur le bas-côté d’un chemin communal qui relie la petite localité de Boumia à la route Batna-Constantine, le mausolée d’Imedghassen dédié, dit-on, au roi Madghis, semble affirmer avec fierté, malgré les dommages du temps, son statut de monument numide le plus important d’Afrique du Nord. Aucune plaque ne signale pourtant aux automobilistes empruntant cette route nationale la présence de ce vestige dont la construction remonterait, selon des études historiques, à la fin du IVe siècle avant notre ère.
Ce tombeau royal semble depuis quelques temps vieillir plus rapidement sous l’action de multiples facteurs naturels. Ses côtés commencent à s’effriter progressivement, et certaines de ses parties supérieures se sont latéralement affaissées provoquant des ouvertures béantes. Les rares tentatives engagées par les instances de tutelle pour stopper cette dégradation ont été, semble-t-il, inopérantes, alors qu’une opération de restauration lancée en 2009 pour un coût de 40 millions de dinars a dû être suspendue à la suite de "réserves faites par des spécialistes qui l’avaient jugée tout simplement inutile", affirme-t-on à la direction de la culture.
La réflexion menée au niveau central, affirme le directeur de la culture, se dirige de plus en plus vers l’inscription d’une opération nouvelle pour établir un diagnostic précis de l’état actuel du monument et, à sa lumière, "concevoir une étude de restauration qui associera plusieurs parties dont l’Office national d’exploitation et de gestion des biens culturels avec la possibilité de faire appel aux compétences internationales en cas de besoin".
Ce mausolée qui fait partie des tombeaux de type "bazina", typiques de l’architecture funéraire numide, tout en étant le plus grand du genre, se trouve au milieu d’une ancienne nécropole dont les traces ont aujourd’hui disparu en raison, entre autres, de la construction d’une route dans les alentours immédiats.
De forme cylindrique avec une base de 59 mètres de diamètre et une hauteur de 19 mètres, le monument semble réunir des influences à la fois numide, orientale et hellénique.
Pour attirer l’attention sur la situation de ce vestige, classé par le programme World Monuments Watch parmi les 100 monuments les plus menacés au monde, les responsables de la commune de Boumia (dont relève administrativement le site) ont eu l’ingénieuse idée de réaliser, au niveau du rond-point situé à l’entrée de la ville, une réplique identique d’Imedghassen.
Cette œuvre —même s’il y aurait beaucoup à dire sur le respect des proportions—"excite depuis une année la curiosité de nombreux visiteurs qui finissent par faire un saut du côté du tombeau authentique, en mal d’attention", affirme le président de l’Assemblée populaire communale.
Selon cet élu, l’initiative d’organiser un festival à Imedghassen qui pourrait y attirer spécialistes et touristes, n’a pas abouti faute de patronage. Pour les habitants de Boumia, les alentours du site d’Imedghassen n’en finissent pas de révéler de véritables trésors archéologiques, notamment des pièces de monnaie numide.
Aghasdis, un lieudit de cette région dont l’appellation en berbère signifie "creuse ici" n’a pas cessé de sortir de ses entrailles des "richesses archéologiques inestimables", affirme de son côté Abdelbaki Bachir, auteur de la réplique d’Imedghassen à l’entrée de Boumia.
Les vieilles nécropoles et anciens monuments sont légion dans cette région et leur intérêt, affirme le maire de Boumia, est "tout aussi important pour l’historien que le monument d’Imedghassen qui se dresse depuis plus de deux millénaires, comme pour témoigner aux générations de la grandeur de leur aïeuls".


L'édition du jour
en PDF
Le Journal en PDF
Archives PDF

El Djadel en PDF
El-Djadel en PDF

Copyright © 2007 Midilibre. All rights reserved.Archives
Conception et réalisation Alstel