Soyez fidèles aux valeurs de l’islam mais «ne vous isolez pas»: c’est le principal message transmis aux quelque 150.000 participants qui ont assisté durant quatre jours à la 26e Rencontre annuelle des musulmans de France près de Paris. Depuis vendredi, des fidèles, hommes d’un côté et femmes de l’autre, ont écouté attentivement les discours dans la salle de conférence du parc d’expositions du Bourget (nord de Paris), heureux de se retrouver pour ce qu’ils considèrent comme un «petit pèlerinage». «La crise financière: une approche islamique», «L’apport de la civilisation musulmane à l’humanité» et «La religion dans nos sociétés modernes: des valeurs à partager, des spécificités à assumer», faisaient partie des thèmes de ce rassemblement organisé par l’Union des organisations islamiques de France (UOIF).
L’UOIF est considérée comme proche des Frères musulmans et qui constitue l’une des branches du Conseil français du culte musulman (CFCM), créée en 2003 par l’actuel président Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, pour organiser le culte musulman en France, mais qui connaît de profondes divisions. Principale intervention, celle de l’islamologue controversé Tariq Ramadan, samedi, petit-fils d’Hassan El-Banna, fondateur des Frères musulmans. «Nous devons faire en sorte que nos croyances ne colonisent pas les croyances des autres. Nous n’imposons à personne de croire ce que nous croyons», a expliqué le professeur d’islamologie suisse d’origine égyptienne, sous les applaudissements du public. «Vous êtes là pour être fidèles à vous mêmes», a-t-il déclaré dans une salle pleine à craquer. «Ne vous isolez pas.
Ce n’est que comme cela que vous ne ferez pas peur», a-t-il ajouté. Citant le Coran, l’islamologue a rappelé que les musulmans devaient «orienter le visage du côté de la Mecque», soulignant toutefois que dans une société moderne, l’Etat de droit «est nécessaire pour vivre ensemble». Evoquant la crise économique, il a affirmé que «dans une économie sans morale, ce sont les rapaces qui dominent».
Dans les allées, se côtoyaient femmes avec un voile ou sans, des pères de famille avec des bébés, jeunes et vieux, venus écouter les conférences, se recueillir et profiter d’un «lieu de convivialité», selon le mot de M’Hamed Ed-Dyouri, directeur d’un collège privé musulman à Vitry-sur-Seine (au sud de Paris). «Il y a des amis que je ne vois qu’ici. Ils viennent pour l’aspect religieux mais aussi pour acheter des livres, des CD, des DVD et des vêtements». A quelques mètres du bazar palestinien, à Metz, des femmes en hijab se demandent quel souvenir elles vont bien pouvoir acheter et jettent finalement leur dévolu sur des porte-clés. La France compte près de 5 millions de musulmans dont 5% sont des pratiquants réguliers, selon une évaluation officielle. Il y aurait 1,5 million d’Algériens de nationalité ou d’origine, 1 million de Marocains, 400.000 Tunisiens, 340.000 Africains subsahariens (du Sénégal et du Mali principalement), 313.000 Turcs, 70.000 musulmans d’Asie, sans compter les convertis et les musulmans sans papiers.