Qui n’a pas, au cours de sa vie, chatouillé ses peurs et savouré la montée d’adrénaline fulgurante dans le grand huit, en delta ou devant un film d’horreur ?
Les petites frayeurs nourrissent parfois les plaisirs. Mais, quand, phénomène nouveau chez les adolescents, la prise de risque devient le passage obligé pour donner un sens à sa vie, c’est d’un véritable problème existentiel qu’il s’agit.
Depuis les années 80, on observe de plus en plus d’adeptes des conduites à risque. Dans certains milieux professionnels, il est devenu même «branché» pour une entreprise d’encourager ses cadres à participer à des expériences «extrêmes» (épreuves d’endurance, saut à l’élastique, stages de survie en milieu hostile…), tout cela dans un esprit de compétitivité exacerbé.
L’attirance des limites
Mais ce goût du risque touche aussi, et surtout, les adolescents. t.
Dans ce cas, le problème est quelque peu différent. Il s’inscrit dans une société de plus en plus individualiste, en quête permanente de rentabilité et de progrès, une société où tout va trop vite, qui refuse tout interrogation et toute notion d’échec.
Le cinéma, la télévision, la publicité et la presse encouragent cette culture du risque et de la performance.
Donner un sens à sa vie ?
Pour échapper à la morosité ou à des états d’exclusion et de difficultés, l’adolescent, en testant son courage, veut tenter de briser symboliquement les barrières de l‘enfance pour accéder à un statut d’adulte. Il adopte des conduites excessives où le danger est ardemment recherché, comme une sorte de jeu avec le destin : excès de vitesse, alcoolisme, toxicomanie… En général, l’intention n’est nullement de mourir, mais simplement de s’assurer de la valeur de l’existence en la mettant en danger, et, par là même lui donner du sens. L’adolescence est une période troublée de la vie, sur le plan psychique et environnemental, où les conduites à risque peuvent ne s’avérer que l’expression de difficultés passagères. L’adolescent, pour passer ce cap, sent la nécessité de vivre certaines expériences «limites» pour s’éloigner de ses parents et acquérir son identité propre. Mais la répétition de ces risques délibérément pris ne suffit pas à apporter la sérénité souhaitée et peut être l’expression d’une pathologie grave. Cette recherche d’émotion fortes, le plus souvent solitaire, peut devenir un catalyseur dangereux si elle s’exerce en groupe (violences urbaines, provocations diverses, délinquance). C’est seulement par une écoute attentive, de la part de l’entourage ou de structures d’accueil spécialisées, qu’elle pourra être évitée.
Par : D.Y.