Décidément, comme dit l’adage : "les jours qui partent, sont meilleurs que ceux qui viennent". Les mariages, les fiançailles, les soirées culturelles ont beaucoup perdu de leur charme. Et aujourd’hui, à l’approche du mois de Ramadhan, c’est une frénesie qui s’empare de la population avec la folie des prix. Aucune marchandise n’est épargnée et les pères de famille vont être "déplumés" sans pitié. Nous avons pu discuter avec Mme Khadidja, 65 ans, cordon bleu, très sollicitée lors des mariages : "Avant, à l’approche du Ramadhan, nous avions plusieurs travaux à faire. D’abord, nettoyer la maison de fond en comble..... ensuite préparer tous les ustensiles en terre cuite indispensables pour ce mois sacré : tadjines, tasses, etc. L’arrivée du mois de Ramadhan était annoncé par plusieurs coups de canon et la zorna du cheikh Brazi, sur un air de fête. Après le ftour, chaque famille, à tour de rôle, organise sa veillée, où chants, danses et séances de boquala créaient une atmosphère de liesse populaire. Ensuite, on servait aux invités les spécialités de la maison : samsa, bourek, mehancha, confitures et pâtes de coings, et de raisin aux amandes.
Dehors, la mosquée de Sidi Ahmed Benyoucef, magnifiquement illuminée, reçevait beaucoup de monde. Durant ce mois, les troupes de Aïssaoua venues de Cherchell, de Relizane, des arribs, ajoutaient un cachet particulier à ces rencontres. La veille du 27e jour, ou veillée de "leilat el qadr", on procèdait à la circoncision des enfants du quartier, qui, ce jour-là, mettront leurs plus beaux costumes et recevront beaucoup de cadeaux. Puis, chaque famille préparait les gâteaux de l’Aïd. Chez les boulangers qui avaient tous des fours au feu de bois, on restait éveillé, jusqu’à une heure avancée de la nuit pour surveiller la cuisson de nombreux plateaux de gâteaux dont l’odeur chatouillait les narines les plus délicates. Le jour de l’Aïd, les cimetières accueillait beaucoup de monde venu se recueillir devant les tombes des chers disparus. Et c’est comme çà que se terminait ce mois sacré, mois de piété et de fraternité où pauvres et riches sont unis dans la joie et la solidarité".