La malheureuse mère était dans tous ses états : son fils venait de recevoir son bulletin scolaire de fin d’année et comme elle s’y attendait, il n’avait pas pu accéder à la terminale. C’était prévisible en raison de ses très mauvais résultats durant les deux premiers trimestres. Mais ce à quoi elle ne s’attendait pas c’était la mention «Réorienté vers la vie active», signifiant qu’il avait été renvoyé définitivement du lycée. Oh ! la catastrophe ! Elle voulait qu’il arrive au moins jusqu’à la terminale. Elle ne s’attendait pas à ce qu’il obtienne le bac. Elle voulait juste qu’il ait le niveau de terminale pour qu’il puisse suivre une formation quelconque.
- Mais comment je vais faire avec toi, mon fils ?
- Oh ! Maman, je te jure que tu es en train de te noyer dans un verre d’eau. De nos jours, les études c’est fait pour les idiots… Tu sais combien gagne Messi ?
- Qui est Messi ?
- Oh ! Maman ! C’est un footballeur argentin qui …
- Ferme-la ! Le foot, le foot ! Tu n’as que ça en tête ! Laisse-moi réfléchir.
La mère ne s’avoua pas vaincue. Après avoir bien médité l’échec scolaire de son fils, une idée lumineuse lui vint. Elle se rendit au lycée de son fils, discuta longuement avec la surveillante générale et se fit remettre un certificat de scolarité de 2e AS.
Ensuite, elle s’adressa à un jeune infographe qu’elle chargea de transformer ledit document en certificat de 3e AS. Après quoi, elle alla inscrire son fils dans un autre lycée d’Alger. Le proviseur de ce second établissement donna son accord de principe mais, toutefois, avant d’inscrire le jeune homme, il téléphona au proviseur du lycée où l’élève avait étudié. Et c’est ainsi qu’il apprit que l’élève en question avait été renvoyé en 2e AS. Il se tint la tête. Cela signifiait que le certificat de scolarité que sa mère avait présenté était un faux ! Quand celle-ci retourna au lycée en compagnie de son fils pour finaliser l’inscription, elle fut tout étonnée d’y trouver un agent de police en civil qui l’attendait.
Il y a quelques jours, l’infortunée mère s’est retrouvée au box des accusés dans l’enceinte du tribunal de Bir Mourad Raïs.
Le procureur a requis contre elle et contre son fils une année de prison ferme et 20 mille dinars d’amende.
Ce n’est ni la première fois ni la dernière qu’une maman s’attire des ennuis à cause de son amour maternel qui lui fait commettre des folies.