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«On dirait le Sud» de Djamel Mati
Le livre des déserts
22 Novembre 2007

A partir de la quête de Zaïna, une jeune fille amnésique, l’auteur mène son lecteur dans toutes les dimensions possibles et impossibles de l’existence et le pousse à bousculer toutes les limites de la narration, vers encore plus de magie, encore plus de mystères …

Dans le troisième tome de sa trilogie fantastique sur le Cibircafé, Djamel Mati plonge le lecteur dans le désert du temps, celui de l’Homme, le désert lieu géographique, le désert des errances intérieures, le désert cosmique, celui de l’univers tout entier. Et rien n’est moins désert que ce monde des déserts multipliés qui se croisent et se décroisent à l’infini.
A partir de la quête de Zaïna, une jeune fille amnésique, l’auteur mène son lecteur dans toutes les dimensions possibles et impossibles de l’existence et le pousse à bousculer toutes les limites de la narration, vers encore plus de magie, encore plus de mystères …
Le roman, très rigoureusement construit, déroule les étapes de ce destin qui se cherche à travers les décors mouvants du sud algérien. Des décors que le romancier décrit d’une superbe plume picturale. Chatoyant de lumières et de couleurs, parfois cruel, parfois féerique au rythme du vent de sable ou des mirages, le désert est ce lieu où l’homme, ici la femme, trouve un sens à sa vie.
Zaïna, une belle jeune fille se réveille un jour dans une baraque pourrie au milieu de nulle part, ne sachant pas d’où elle vient, ni qui elle est. Cette baraque n’est autre que le Cibircafé, situé au point B114, que celui qui a lu les 2 précédents romans de la trilogie : «Cibircafé.com» et «Aigre-doux», connaît bien. C’est dans cette baraque, qu’à coups d’overdoses de chanvre indien et de connections à un écran virtuel, les occupants se défoncent pour oublier leur présent. Mais cette fois, la baraque est vide. N’y subsistent que Zaïna, une chèvre et un horrible macho qui tient les deux femelles prisonnières sans faire la différence entre elles. Il abuse de sa force en les violant à tour de rôle. Zaïna qui se drogue pour pouvoir supporter ce calvaire, finit par le maudire de toutes ses forces, un jour qu’il quitte la baraque pour aller vendre des bijoux qu’il lui a volés et faire la bringue dans quelque bourgade alentour. Les malédictions de l’innocente sont entendues et le primate est dévoré sur place par les hyènes et les scorpions du désert. A partir de l’image d’un homme merveilleux que son miroir lui renvoie, Zaïna part à la recherche de cet homme et du sens de tout cela. Elle a auparavant reçu la visite d’un être de lumière qui lui annonce l’arrivée de visiteurs qui changeront sa vie.
Cet homme que Zaïna a vu dans son miroir n’est autre que Neil, un navigateur qui a quitté la mer après avoir survécu à un naufrage. Il a fui le Nord et sa vie de père de famille pour chercher dans le Sud, le sens de tout cela. Neïl reçoit également la visite du personnage lumineux nommé Noure et rêve de Zaïna. Lorsqu’il se perd dans le désert, il est recueilli par une tribu targuie dont la fille Iness tombe amoureuse de lui. Le couple est banni par la tribu et poursuit sa route dans le désert menée par la chamelle Aïnaz. Après bien des pérégrinations, les trois personnages se rencontrent. Et surprise, la fusion tant attendue ne se fait pas entre Neil et Zaïna, mais entre les deux femmes. Neïl qui a accompli sa mission de lien entre le pôle nord et le pôle sud retourne à son origine. Dans ce roman déroutant, le lecteur trouvera une transfiguration de l’Algérie dans tous ses aspects surtout les plus horribles. Les sachets noirs, les décharges d’ordures, l’islamisme, un monde livré aux vices et aux turpitudes sont facilement reconnaissables à travers la montagne des damnés, le zoo de folie, le lupanar ensablé, l’œil du cyclone …Des aventures dignes de Sindbad le marin, vécues par une jeune femme intelligente et sensible et Djamel Mati narre avec une maîtrise réelle de l’art du conte. Ce roman sur l’Algérie est une fable philosophique. Un récit à tiroirs et à énigmes. Un ouvrage traversé par un souffle mystique que le lecteur dévorera et qu’il le fera méditer longuement.

Par : Karimène Toubbiya

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