Ils sont trois à partager l’ aventure de ceux qui ont traversé la Méditerranée pendant les «Trente Glorieuses années» : le préfacier, la photographe et l’auteure.
Le préfacier, Gérard Noiriel, spécialiste de l’histoire de l’immigration en France, directeur des études à l’EHESS de Paris écrit : «Si la question algérienne est encore un enjeu de mémoire, ce n’est pas parce qu’il faudrait combattre la censure comme au temps de la Guerre d’Algérie. Aujourd’hui, c’est la façon de présenter ce passé qui pose problème. L’intérêt principal des témoignages rassemblés dans cet ouvrage par Sabrina Kassa se situe à ce niveau. Son but n’était pas de retracer les multiples facettes de l’immigration algérienne en France, mais de présenter au public des itinéraires exceptionnels et, à bien des égards, exemplaires.»
Ces «itinéraires exceptionnels», Zabou Carrière les a suivis avec son appareil photo. Elle en livre des clichés pleins de vie, à l’exemple de celui qui illustre la première page de couverture. Cette photo a été prise le 8 mai 2005 à Paris, Place du 8 Mai 45 rebaptisée ce jour-là «Place de Sétif-Guelma». Zabou Carrière, 38 ans, photographe indépendante, travaille sur les Français originaires de pays musulmans depuis de nombreuses années. Elle collabore également à plusieurs publications françaises et étrangères.
L’auteure de «Nos ancêtres les chibanis» est une journaliste française d’origine algérienne, âgée de 36 ans. Elle collabore à divers journaux et revues français et européens. Dans son ouvrage, elle dresse le portrait de deux femmes et six hommes qui sont arrivés en France pendant les années de «vaches grasses» qui ont succédé aux années de disette de la Seconde guerre mondiale et de la crise financière internationale. Chacun des portraits commence par une brève « carte d’identité » du sujet. Leur parcours est ensuite décortiqué par étape. Ce qui donne un ensemble homogène, soucieux de clarté. Ce travail plus journalistique que littéraire recèle cependant de passages entiers d’une écriture plus élaborée qui donne à l’œuvre une fluidité agréable.
L’ouvrage s’accompagne d’un lexique, de «quelques repères sur l’histoire de l’immigration algérienne en France» et d’une bibliographie riche d’une vingtaine d’ouvrages, de revues, de photographies, de bandes dessinées, de documentaires, de films et même de websites.
A l’heure où les jeunes d’origine étrangère souffrent d’un manque de repères et/ou d’un malaise identitaire, ces témoignages recueillis par une journaliste française de parents algériens et illustrés par une photo-journaliste française tombent à pic.