L’année 2025 restera gravée dans l’histoire économique de l’Algérie comme une période de transformation majeure, marquée non seulement par une croissance soutenue, mais aussi par une libération significative du modèle économique dépendant historiquement des revenus des hydrocarbures.
Selon le Fonds monétaire international, le produit intérieur brut du pays a atteint environ 288 milliards de dollars, traduisant une vigueur économique remarquable. Cette année ne s’est pas limitée à un simple indicateur de croissance, elle a incarné une restructuration profonde vers un modèle productif, diversifié et souverain.
Le cœur de cette réussite réside dans les accords stratégiques et les partenariats internationaux, qui ont redéfini la carte économique de l’Algérie sur les scènes continentale et mondiale. Des salons commerciaux aux méga-projets énergétiques, en passant par l’intégration industrielle et la diversification de la production, 2025 s’est imposée comme une année de conquête stratégique pour l’économie algérienne.
Le Salon du commerce intra-africain (IATF 2025) : un triomphe continental
La quatrième édition du Salon du Commerce intra-africain, organisée à Alger, s’est inscrite comme la plus réussie de l’histoire de l’événement, affirmant le rôle de l’Algérie comme leader du commerce africain. Le Salon a enregistré des transactions totalisant 48,3 milliards de dollars, dépassant largement les prévisions initiales de 44 milliards. Avec plus de 2.000 exposants venus de 75 pays et environ 60.000 visiteurs professionnels, l’événement a confirmé sa portée internationale.
Les accords stratégiques conclus à l’IATF 2025
Le Salon a été le théâtre de multiples accords stratégiques renforçant la présence des entreprises algériennes à l’échelle continentale :
• Secteur agroalimentaire : le groupe Labal a signé un partenariat de 200 millions de dollars avec des acteurs ougandais.
• Électronique : le groupe Iris a conclu un contrat de 50 millions de dollars avec le Zimbabwe.
• Industrie automobile : dix-sept accords internationaux et locaux pour un montant total de 1,2 milliard de dollars, traduisant la vitalité du secteur.
• Industrie et matériaux de construction : le groupe Difandos a signé trois protocoles d’entente avec la Sierra Leone, le Ghana et l’Éthiopie.
• Secteur minier : Sonarim a consolidé sa position avec cinq accords de partenariat avec des entreprises de Tunisie, Burkina Faso, Togo et Égypte.
• Infrastructures ferroviaires : le groupe public de réalisation des chemins de fer a signé un contrat majeur avec une entreprise guinéenne.
• Électricité et énergie renouvelable : la société égyptienne El Sewedy Electric prévoit un investissement de 2,5 milliards de dollars en Algérie.
• Industries de précision : Techno Cast a signé un contrat de 35 millions de dollars avec Carpathia (États-Unis) pour la fourniture de pièces de haute qualité.
Ces accords témoignent de la compétitivité croissante de l’Algérie et de sa capacité à attirer des investissements stratégiques dans divers secteurs.
Hydrocarbures :
des partenariats
stratégiques pour l’avenir
En parallèle de la diversification, l’Algérie a renforcé sa position dans le secteur énergétique grâce à plusieurs contrats majeurs visant le développement à long terme et l’innovation technologique :
• Sonatrach – ENI (Italie) : partage de production pour le périmètre « Zmul Kebir » dans le bassin de Berkine, d’une valeur de 1,35 milliard de dollars. La production prévue est d’environ 415 millions de barils équivalent pétrole sur 30 ans.
• Sonatrach – Medad Energy (Arabie Saoudite) : contrat de partage de production pour le périmètre « Illizi Sud » de 5,4 milliards de dollars.
• Sonatrach – Sinopec (Chine) : accord-cadre pour le développement des bassins de Quarara et Berkine Est.
• ANP – Chevron (États-Unis) : étude approfondie sur le potentiel des hydrocarbures maritimes, ouvrant de nouvelles perspectives d’exploration.
Ces initiatives s’inscrivent dans une stratégie nationale de sécurité énergétique et de développement durable, avec une attention particulière portée à l’accès à l’énergie et à l’innovation technologique.
Infrastructures
énergétiques : transition et modernisation
Le secteur énergétique a connu en 2025 des avancées majeures :
• Couverture nationale : 99% de la population électrique (12,5 millions de clients) et 72% pour le gaz (8,2 millions de clients).
• Soutien à l’investissement : plus de 95 000 exploitations agricoles et 43 zones industrielles ont été raccordées à l’électricité, tandis que 29 zones ont été équipées en gaz.
• Transition énergétique : lancement du programme de 15.000 MW d’énergies renouvelables d’ici 2035, installation de 1.000 bornes de recharge pour véhicules électriques et finalisation de la stratégie nationale pour l’hydrogène vert.
• Projets spécifiques : 5 stations de dessalement raccordées à l’électricité et préparation d’un centre de recherche nucléaire pour produire des isotopes et des produits pharmaceutiques radio-pharmaceutiques.
Agriculture : sécurité
alimentaire et
transformation structurelle
Le secteur agricole a connu une révolution structurelle :
• Projet « Notre pays Algérie » (partenariat qatari) : 3,5 milliards de dollars pour 117 000 hectares destinés à la production de lait en poudre.
• Projet de culture céréalière B.F (partenariat italien) : développement sur 36.000 hectares pour réduire les importations.
• Infrastructure de stockage : capacité portée à 9 millions de tonnes via 30 silos stratégiques et 350 centres de collecte.
• Digitalisation et soutien : prêts sans intérêt pour les agriculteurs et plateformes numériques pour moderniser le secteur.
• Reboisement : plus d’un million d’arbres plantés en 24 heures lors de la campagne nationale du 25 octobre.
Commerce : régulation
des marchés et lutte
contre la spéculation
L’État a pris des mesures stratégiques pour stabiliser les marchés :
• Bétail : importation de 1 million de moutons de Roumanie et d’Espagne avant l’Aïd pour contrôler les prix.
• Pneumatiques : nécessité de sécuriser l’approvisionnement, avec 1,5 million de pneus Continental et 500.000 Pirelli pour véhicules lourds, réduisant les prix jusqu’à 55%.
Industrie automobile :
intégration et
diversification
• Fiat Oran : plus de 50.000 voitures produites, lancement de la Grande Panda avec 20 % d’intégration locale initiale.
• Double GPL : voiture développée avec la société algérienne Gazelle, prix à partir de 3,54 millions de dinars.
• Tirsam (Batna) : production locale de camions compétitifs, avec des modèles allant de 1,85 à 4,6 millions de dinars selon le poids.
Industrie pharmaceutique : souveraineté et leadership régional
• Couverture nationale : 80% des besoins en médicaments assurés par plus de 200 unités, dont 10 spécialisées dans les anticancéreux.
• Exportations : contrats de 10 millions de dollars avec plusieurs pays africains et extension vers le Moyen-Orient (insuline).
• Stratégie intégrée : investissement dans les fournitures médicales, digitalisation et simplification des procédures.
Mines : vers l’autonomie industrielle
Le projet Gar Djebilet, avec ses 3,5 milliards de tonnes de minerai de fer, constitue le projet industriel majeur. La première unité de traitement ouvrira début 2026 à Tindouf avec une capacité de 4 millions de tonnes, complétée par des unités à Béchar et Naâma, avec un investissement de 800 millions de dollars pour Béchar. La ligne ferroviaire Gar Djebilet-Béchar assurera la logistique pour atteindre 10 millions de tonnes annuelles, transformant l’Algérie en exportateur de fer pour la première fois.
Finance et mesures sociales : soutien à la population
La loi de finances 2026 est la plus importante jamais adoptée, avec un budget de 16.795 milliards de dinars (≈126 milliards USD) et des recettes prévues à 8 523 milliards de dinars. Les principales mesures sociales incluent :
• SMIG : augmentation de 20%, passant de 20.000 à 24.000 dinars mensuels.
• Allocation chômage : hausse de 15.000 à 18.000 dinars.
• Retraites : augmentation de 5 à 10%, selon le niveau de pension.
Vers une économie post-ressources durable
L’année 2025 témoigne de l’ambition et de la résilience de l’Algérie. La réussite du salon IATF, les projets agricoles et industriels stratégiques, la souveraineté sanitaire et énergétique, et les mesures sociales ambitieuses ont fondamentalement transformé le paysage économique national.
Ces réalisations constituent un ensemble cohérent, orienté vers un modèle économique robuste et productif, avec une souveraineté industrielle, agricole et énergétique affirmée, plaçant l’Algérie sur des bases solides pour un développement durable et un rôle moteur en Afrique et dans le monde.