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Edition du 27 Décembre 2025



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Ghaza 2025
Une année de famine, de deuil et de résistance ininterrompue
27 Décembre 2025

Dans les ruelles dévastées de Ghaza, l’année 2025 s’est écoulée comme un écho sinistre des années précédentes. Une année de plus marquée par le deuil, où la machine de mort n’a pas cessé de faucher des vies.

Les causes se multiplient, mais le chemin vers la mort reste unique, tandis que le monde observe, impuissant ou complice, ce drame humain qui se joue sous ses yeux.

Une année de disette : Ghaza privée de pain et de remèdes
L’année 2025 a enveloppé les habitants de Gaza d’un voile de désespoir, où les jours se ressemblent dans une uniformité tragique. Sans nourriture, sans eau, sans l’ombre d’un espoir pour l’arrivée des aides humanitaires tant promises. Le 22 janvier, une trêve fragile entre le Hamas et l’armée d’occupation israélienne devait ouvrir les portes à 600 camions d’aide, dont la moitié destinée au nord du territoire, menacé par la famine. Au lieu de scènes de soulagement, le monde a assisté à des milliers de Ghazaouis courant derrière ces convois, désespérés pour une miche de pain. Ce qui, quelques jours plus tôt, avait servi d’appât pour des massacres devant les centres de distribution, où des dizaines de martyrs sont tombés sous les balles en cherchant simplement de quoi survivre.

Février 2025 : les corps s’effondrent de faim dans les rues
Les victimes ne sont plus de simples chiffres dans les rapports onusiens ; ce sont des corps émaciés qui s’écroulent sur les trottoirs. À Gaza, ce n’est plus seulement les balles qui tuent, mais la faim elle-même, ce prédateur silencieux qui ronge jour après jour les enfants, les femmes et les vieillards. Des bébés sans lait, des mères aux seins taris, des hommes brisés par le blocus, incapables de porter leur propre poids. Ce n’est pas de la pauvreté, mais une famine pure, fruit d’un siège prolongé, de frappes incessantes et d’un verrouillage total des artères vitales du territoire, en place depuis des mois.
Face à l’aggravation de la crise, l’Onu a tiré la sonnette d’alarme, alertant sur une dégradation alarmante de la sécurité alimentaire. Le nombre de personnes menacées par la faim explose, sous l’effet des conflits persistants, de la flambée des prix des denrées et de la rupture des chaînes d’approvisionnement. Tout retard dans la réponse humanitaire, ont-ils averti, pourrait plonger la région dans une catastrophe d’ampleur inédite.

Après sept mois : la famine officiellement déclarée à Ghaza
En août 2025, après vingt-deux mois d’agression sioniste sur le territoire, l’Onu a officiellement proclamé la famine à Ghaza – une première dans l’histoire du Moyen-Orient. L’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’Unicef, le Programme alimentaire mondial (PAM) et la FAO ont publié un communiqué conjoint à Genève, révélant que plus de 500.000 personnes sont piégées dans une famine aiguë.

Un bilan macabre : L’horloge des martyrs s’emballe
L’année 2025 a vu bondir le nombre de martyrs et de disparus, rendant illusoires les tentatives de maquillage médiatique des horreurs. Bombardements, tirs de snipers et blocus perpétuel transforment Ghaza en un théâtre de la mort quotidienne, où la faim rivalise avec les munitions comme arme fatale. Même les objectifs des alliés complices peinent à truquer la réalité : les atrocités ont dépassé tout seuil de décence, rendant impossible toute embellie propagandiste.
Le 9 septembre 2025, l’entité sioniste a lancé une frappe aérienne sur des bâtiments résidentiels à Doha, la capitale qatarie, où des cadres du bureau politique du Hamas se réunissaient pour discuter d’une proposition américaine de cessez-le-feu à Ghaza. L’attaque a fait des martyrs, dont cinq escortes de la délégation de négociation et un élément des forces de sécurité intérieures qataries. Le Hamas a confirmé que ses hauts responsables ont réchappé au coup, mais le bilan reste lourd.

Deuils dans les rangs de la résistance : Sinwar et Abou Obeida dans l’ombre
Le 30 août 2025, le Hamas a annoncé la mort de Mohammed Sinwar, commandant éminent de sa branche militaire à Ghaza et frère du leader Yahya Sinwar, des mois après une frappe aérienne israélienne revendiquée en mai. Le lendemain, 31 août, le ministre sioniste de la Défense, Israel Katz, a prétendu que l’armée d’occupation et le Shin Bet avaient éliminé Abou Obeida, porte-parole militaire du Hamas depuis 2004, lors d’une opération conjointe dans le nord de Gaza. À ce jour, le Hamas n’a pas commenté le sort de son commandant.

La presse en deuil : Anas, Saleh, Islam et Mohammed, martyrs de l’information
Le 10 août 2025, le journaliste Anas Al-Chérif est tombé sous les tirs directs de l’armée israélienne, visant une tente de reporters ; le même jour, Mohammed Qariqa’ a péri dans une attaque similaire. Le 23 août, le bureau médiatique gouvernemental de Gaza a porté le bilan des journalistes tués depuis le début de la guerre d’extermination à 247, après la mort de la journaliste Islam Abed. Le 12 octobre, Saleh Al-Jaafari a été assassiné par une milice armée lors d’une couverture sur le terrain.

Octobre 2025 : Les "fils d’araignée" tissent un accord pour Gaza
Le 10 octobre, l’Égypte, le Qatar et la Turquie, aux côtés des États-Unis, ont signé un document présidentiel américain pour un cessez-le-feu à Ghaza. Ce geste, scellé lors d’un sommet à Charm el-Cheikh avec des leaders régionaux et internationaux, a été qualifié de "grand jour pour le Moyen-Orient" par le président américain Donald Trump.
L’accord prévoit un échange de otages et de prisonniers, ainsi qu’un retrait partiel des forces sionistes, ouvrant la voie à une phase transitoire supervisée par un "Conseil de paix spécial pour Ghaza". Malgré ces espoirs, l’armée d’occupation continue ses violations : Ghaza reste un champ de mines, avec snipers et tirs d’artillerie.

2025 : Le monde crie "Assez !" d’une seule voix
Les capitales mondiales ont été secouées par une vague de solidarité massive avec Gaza. Les images de destructions et de famine ont propulsé des foules dans les rues de tous les continents, dénonçant l’agression sioniste et le silence médiatique qui l’entoure.
À Paris, Athènes, Madrid, Londres, Sydney, dans les pays d’Amérique latine, d’Afrique et d’Asie, des dizaines de milliers ont brandi les drapeaux palestiniens, scandant des slogans pour un arrêt immédiat des hostilités à Ghaza et en Cisjordanie, l’application du droit international et l’embargo sur les armes à l’entité occupante.
En Espagne, plus de 40 villes, dont Madrid et Barcelone, ont vu des manifestations massives, avec des pancartes réclamant la fin du génocide et un boycott total des ventes d’armes à Israël.

"Zone de danger extrême" : la flotte de la résilience défie les mers
Fin août 2025, une flotte internationale baptisée "Flotte de la Résilience" a appareillé, dernière tentative d’activistes arabes et étrangers pour briser le blocus naval sioniste sur Ghaza. Mais la machine de guerre israélienne veillait : le 1er octobre, la flotte a signalé une augmentation des drones au-dessus des navires, alors qu’ils approchaient de leur destination.
Dans un message sur Telegram, l’équipage a averti : "Nous entrons maintenant en zone de danger extrême, là où des flottes précédentes ont été attaquées ou interceptées." Le 5 octobre, l’armée d’occupation a saisi 42 navires de la flotte dans les eaux internationales, en route pour Ghaza, et arrêté des centaines d’activistes à bord.

Sur terre : La caravane maghrébine, un autre cri de refus
Quelques mois plus tôt, une caravane terrestre partie de Tunisie, regroupant des jeunes d’Algérie, de Tunisie, de Libye et du Maroc, visait les frontières libyennes pour rejoindre l’Égypte. De l’Algérie à la Tunisie, puis en Libye jusqu’à Syrte (450 km à l’est de Tripoli), elle a dû rebrousser chemin vers Misrata, face au refus des autorités de l’est libyen d’autoriser le passage vers le poste-frontière de Musaid.
Composée de plus de 1.500 activistes, de 20 bus et 350 voitures, cette mobilisation populaire visait à soutenir les 2,2 millions de Palestiniens assiégés à Gaza, en protestation contre le blocus et la guerre d’extermination.

L’hiver à Ghaza : Un creux atmosphérique creuse les plaies du génocide
L’hiver a ajouté son chapitre de souffrance : le 10 décembre, des pluies torrentielles ont inondé des milliers de tentes, alors qu’un creux barométrique profond s’installait, avec des alertes sur ses impacts pour les déplacés vivant sous des abris de fortune depuis plus d’un an. La Défense civile palestinienne a rapporté 16 morts, l’effondrement total de dizaines de bâtiments et des dommages partiels graves à plus de 90 structures résidentielles, menaçant directement des milliers de vies. Près de 90 % des centres d’hébergement ont été submergés par les inondations.

Une année qui s’achève, une tragédie qui perdure
2025 n’est pas qu’un chiffre dans les annales ; c’est le témoin accablant de l’échec du système international à protéger un peuple assiégé et affamé sous les regards du monde. Tandis que les pages de l’année se tournent, Ghaza garde ses plaies ouvertes, résistant... et attendant une justice qui tarde à venir.

Par : Hamrouche Mounir

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