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Edition du 22 Décembre 2025



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L’Algérie, phare énergétique de l’Afrique
La Chambre africaine de l’énergie célèbre son modèle juridique comme inspiration continentale
22 Décembre 2025

Dans un continent où les richesses enfouies sous le sable et les mers promettent à la fois prospérité et défis colossaux, l’Algérie émerge comme un étendard incontestable du secteur énergétique. La Chambre africaine de l’énergie (African Energy Chamber), une organisation panafricaine influente basée à Johannesburg en Afrique du Sud, a tenu à saluer publiquement les avancées fulgurantes réalisées par Alger dans le domaine des hydrocarbures. Au cœur de cet éloge figurent les réformes juridiques qui encadrent les investissements, transformant un secteur autrefois perçu comme opaque en un aimant à capitaux internationaux. Pour cette entité dédiée à la promotion des intérêts énergétiques africains, l’approche algérienne n’est pas seulement un succès national : elle constitue un "modèle à suivre" pour toutes les nations du continent dotées de réserves pétrolières et gazières, démontrant comment une réglementation astucieuse peut déverrouiller des potentiels dormants et favoriser un développement inclusif et durable.

L’article en question, fraîchement publié sur le site web de la Chambre, dresse un portrait élogieux de l’Algérie comme l’un des "producteurs africains les plus actifs en pétrole et en gaz". En 2025, l’année en cours, le pays a connu un "zèle renouvelé" qui transcende les frontières sectorielles pour irriguer l’ensemble de l’économie nationale. Cette dynamique n’est pas le fruit du hasard, mais le résultat d’un climat d’affaires radicalement amélioré, où la confiance des investisseurs étrangers s’est cristallisée autour de la loi sur les hydrocarbures en vigueur. Adoptée en 2019 et affinée au fil des ans, cette législation offre un cadre clair et incitatif : des incitations fiscales attractives, des garanties de stabilité contractuelle, une répartition équilibrée des bénéfices entre l’État et les opérateurs privés, et une transparence accrue dans les processus d’attribution des licences d’exploration. "Ce cadre juridique a non seulement transformé les perceptions négatives du passé, mais il a littéralement ouvert les vannes des capitaux étrangers", souligne l’analyse, qui compare cette évolution à une renaissance stratégique pour un pays détenteur de la dixième plus grande réserve de gaz naturel prouvée au monde.
Au-delà des principes abstraits, l’article plonge dans les réalisations concrètes qui illustrent cette maturité. Ces derniers mois ont été marqués par une série d’accords bilatéraux et multilatéraux signés entre Sonatrach, le fleuron national de l’énergie, et des géants mondiaux du secteur. Ces partenariats s’inscrivent dans le cadre ambitieux de l’appel d’offres 2024, baptisé "Algeria Bid Round 2024", lancé par l’Agence nationale pour la valorisation des ressources en hydrocarbures (Alnaft). Cet instrument, créé pour accélérer la monétisation des gisements inexploités, a permis la conclusion de conventions de développement et de partenariat avec des acteurs de premier plan. Parmi les signatures phares figurent celles avec Midad Energy, une entreprise saoudienne émergente spécialisée dans l’exploration gazière, et Sinopec, le mastodonte chinois dont l’expertise en raffinage et en infrastructures est légendaire. Ces alliances ne se limitent pas à des échanges commerciaux : elles intègrent des transferts de technologies, des formations pour les ingénieurs locaux et des engagements en matière de responsabilité sociétale, comme la construction d’écoles et d’hôpitaux dans les régions sahariennes impactées par les opérations.
Mais l’élan ne s’arrête pas là. Des négociations avancées sont en cours avec ExxonMobil et Chevron, deux colosses américains qui, par leur entrée potentielle sur le marché algérien, pourraient catalyser une vague d’investissements massifs dans les bassins pétroliers du Sud. ExxonMobil, avec son portefeuille de technologies de forage en eaux ultra-profondes, vise particulièrement les opportunités offshore en Méditerranée ; Chevron, de son côté, apporte son savoir-faire en optimisation des chaînes d’approvisionnement pour le gaz naturel liquéfié (GNL). Selon la source, ces pourparlers "en phase finale" pourraient aboutir à des contrats valant plusieurs milliards de dollars, élargissant ainsi le spectre des explorations et des productions au-delà des frontières traditionnelles du Sahara. "Ces alliances stratégiques ne sont pas de simples transactions ; elles témoignent de la maturité du marché algérien et de son attractivité globale, faisant de l’Algérie un hub énergétique fiable pour l’Europe et l’Afrique du Nord", insiste l’article, qui y voit un "coup de maître" géopolitique dans un monde post-crise ukrainienne, où la diversification des sources d’énergie est devenue impérative.
Ce qui rend l’expérience algérienne si instructive, c’est son universalité. La Chambre africaine de l’énergie n’hésite pas à la qualifier de "leçon précieuse" pour l’ensemble des États africains riches en ressources fossiles. Le continent, berceau de promesses infinies, abrite environ 125 milliards de barils de réserves prouvées de pétrole et près de 625 trillions de pieds cubes de gaz naturel en 2025 – des chiffres vertigineux qui, s’ils étaient pleinement exploités, pourraient générer des revenus annuels dépassant les 500 milliards de dollars. Pourtant, la réalité est plus nuancée : des gisements sous-exploités au Nigeria, des retards infrastructurels en Angola, ou des instabilités politiques en Libye freinent ce potentiel. L’Algérie, en contrastant avec ces défis, montre la voie : un cadre légal robuste qui protège les intérêts nationaux tout en invitant les investisseurs, couplé à une vision à long terme qui intègre la diversification économique. "Ces progrès ne profitent pas qu’à Alger ; ils inspirent un effet domino pour l’Afrique entière, où des emplois directs et indirects, des infrastructures routières, portuaires et énergétiques, et une prospérité partagée attendent d’être concrétisés", argue le texte, appelant à une réforme inspirée d’Alger pour multiplier les partenariats gagnant-gagnant et briser le "paradoxe africain" des ressources maudites.
Pour étayer son propos, la Chambre s’appuie sur son rapport prospectif emblématique, "State of Energy in Africa: 2026 Outlook", une étude exhaustive qui projette les tendances du secteur sur l’année prochaine. Selon ce document, la production totale des hydrocarbures en Afrique se maintiendra stable autour de 11,4 millions de barils équivalent pétrole par jour – un plateau fragile, menacé par l’épuisement des champs matures et la volatilité des prix mondiaux. "Préserver ce niveau, et a fortiori l’augmenter, exige des investissements continus et audacieux : l’exploration de nouvelles découvertes offshore et onshore, la modernisation des raffineries pour une meilleure conversion en produits finis, et une diversification vers le GNL pour capter les marchés européens en quête d’alternatives au gaz russe", avertit l’analyse. Sans une mobilisation accrue, le déclin est inévitable, aggravant la dépendance énergétique du continent et freinant son industrialisation naissante. L’Algérie, avec ses projets phares comme l’extension du complexe gazier de Hassi R’Mel ou le pipeline Transmed vers l’Italie, incarne cette résilience, exportant non seulement des molécules mais aussi un modèle de gouvernance énergétique.
Pourtant, l’horizon énergétique africain ne se limite pas aux fossiles. La Chambre met en lumière avec optimisme le virage vers les énergies renouvelables, un domaine où le continent excelle par son endowment naturel exceptionnel : des déserts solaires infinis en Afrique du Nord, des vents puissants sur les côtes atlantiques, et des bassins hydroélectriques sous-exploités en Afrique centrale. "L’Afrique dispose des potentialités pour remodeler le paysage énergétique mondial et améliorer la sécurité énergétique de millions de personnes privées d’électricité", proclame l’article. Entre 2020 et 2025, les investissements cumulés dans les technologies d’énergie propre ont atteint environ 34 milliards de dollars – un chiffre modeste mais en forte croissance, avec 52% alloués à l’énergie solaire photovoltaïque et 25% à l’éolien terrestre. Ces fonds, souvent issus de partenariats public-privé et de financements verts internationaux, ont permis l’émergence de méga-projets comme le complexe solaire de Noor au Maroc ou les fermes éoliennes au Kenya. En Algérie, pionnière incontestée, des initiatives comme la centrale solaire de Tindouf ou le programme "Solar 1000 MW" illustrent une transition hybride magistrale : combiner l’exploitation judicieuse des hydrocarbures – pour financer la croissance immédiate – avec un virage renouvelable pour assurer une souveraineté énergétique résiliente face au changement climatique.
Ces efforts pourraient générer des milliers d’emplois verts, réduire drastiquement les émissions de CO2 (l’Afrique ne représente que 4% des rejets globaux mais souffre disproportionnellement des effets), et positionner le continent comme un fournisseur clé de technologies propres pour un monde en décarbonation accélérée. La Chambre appelle à une accélération : des politiques incitatives pour l’autoconsommation solaire en zones rurales, des interconnexions transfrontalières pour exporter l’énergie excédentaire, et une formation massive des jeunes aux métiers du vert. "L’Algérie, en intégrant ces dimensions dans sa stratégie nationale, montre que la transition n’est pas un luxe mais une nécessité impérieuse", note le rapport, qui projette une multiplication par cinq des capacités renouvelables africaines d’ici 2030 si les leçons sont appliquées.
Installée au cœur de l’Afrique australe, à Johannesburg, la Chambre africaine de l’énergie n’est pas qu’une voix consultative : c’est un catalyseur panafricain, œuvrant depuis plus d’une décennie à la promotion des intérêts du secteur sur le continent. Par ses forums annuels, ses plaidoyers auprès des instances comme l’Union africaine et la Banque africaine de développement, et ses analyses prospectives, elle renforce les investissements, encourage le développement des ressources énergétiques et soutient l’accès universel à l’énergie – un droit fondamental pour 600 millions d’Africains encore dans l’obscurité. À travers cet article, elle ne se contente pas de célébrer l’ascension algérienne : elle lance un appel vibrant à l’unité et à l’innovation, invitant l’ensemble de l’Afrique à emboîter le pas. "Transformons les richesses enfouies en leviers de développement partagé ; l’avenir de notre continent en dépend", conclut le texte, avec une force qui résonne comme un manifeste.
Dans un monde géopolitique volatil, marqué par les tensions en mer Rouge, la quête européenne d’indépendance gazière et l’essor des alliances Brics, l’Algérie rayonne comme un phare incontestable. Son modèle – alliant souveraineté, ouverture et vision prospective – illumine non seulement ses voisins maghrébins, mais l’ensemble du continent. Pour les décideurs africains, de Luanda à Lagos, c’est une invitation à l’action : adopter des cadres juridiques inspirés d’Alger, multiplier les partenariats stratégiques et embrasser une transition énergétique équilibrée. Ainsi, 2026 pourrait marquer non un simple statu quo, mais un bond qualitatif vers l’autosuffisance, la durabilité et une prospérité inclusive. L’Afrique, continent des possibles, mérite plus qu’un potentiel latent : elle mérite son heure de gloire énergétique, et l’Algérie en trace déjà les contours lumineux.


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