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Edition du 18 Décembre 2025



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Said Sayoud :
« La Prime de voyage est toujours maintenue »
18 Décembre 2025

C’est au cœur de l’hémicycle de l’APN, lors d’une séance nocturne tendue dédiée au projet de loi sur la circulation routière, que le ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et des Transports, Saïd Sayoud, a apporté une réponse catégorique aux rumeurs qui circulaient depuis des jours.

Face aux interpellations directes des députés, il a réaffirmé l’engagement inébranlable du gouvernement vis-à-vis de l’une des mesures sociales phares du président Abdelmadjid Tebboune : la prime de voyage de 750 euros, destinée à alléger le fardeau des familles algériennes pour des séjours à l’étranger.
« Il n’y a aucun retrait de cette décision présidentielle, qui est un droit acquis pour le citoyen algérien », a-t-il lancé avec fermeté, dissipant les doutes lors de cette session close tard dans la nuit de mardi 16 décembre à l’APN.Cette subvention, loin d’être remise en cause, sera au contraire renforcée par des mécanismes légaux pour éradiquer les abus perpétrés par des intermédiaires malhonnêtes.
Dans ce cadre parlementaire animé, où les bancs de l’APN bruissaient d’interventions vives, la déclaration de Sayoud a résonné comme un signal fort.
Instaurée en 2024 pour soutenir les classes moyennes face à l’inflation galopante et aux tarifs aériens prohibitifs, cette aide – versée directement sur les comptes bancaires – promettait de « permettre aux familles de profiter de leurs congés hors des frontières dans le plus grand confort ».
Hélas, elle a vite été gangrénée par un écosystème de fraudeurs : agences touristiques douteuses et courtiers sans scrupules, qui en ont fait un eldorado illégal.
Le ministre n’a pas hésité à qualifier ces pratiques de « mârbes autres » (fins détournées), promettant de « muscler les cadres légaux » pour les juguler. Parmi les remèdes immédiats évoqués devant les élus : l’obligation d’une carte bancaire pour tout bénéficiaire, afin d’assurer une traçabilité implacable des fonds.

Des circuits de fraude bien huilés : Le cas tunisien sous les projecteurs de l’APN
Les députés, prompts à questionner, ont poussé le ministre dans ses retranchements, et Sayoud a répondu par des révélations accablantes sur les rouages d’une escroquerie transfrontalière sophistiquée. Des agences véreuses organisaient des « voyages fantômes » vers la Tunisie : les voyageurs – souvent manipulés – franchissaient légalement la frontière, se faisaient tamponner le passeport et simulaient un séjour de quelques jours. Puis, au lieu de repasser par les postes contrôlés, ils étaient rapatriés clandestinement via des sentiers non gardés, empochant la prime sans jamais quitter l’orbite algérienne. « Des méthodes tortueuses et illégales », a dénoncé Sayoud, décrivant un scénario digne d’un thriller frontalier.
Ces dysfonctionnements, mis en lumière lors de cette séance à l’APN, s’appuient sur des chiffres glaçants : entre novembre et décembre, 5 000 bus ont déferlé vers la Tunisie, un pic aberrant pour une saison où les Algériens désertent habituellement les plages tunisiennes au profit de destinations européennes ou moyen-orientales.
« Nos frères tunisiens ont relevé cette anomalie, et nous en avons discuté la semaine dernière lors de la commission mixte algéro-tunisienne », a révélé le ministre, appelant à une coopération renforcée. Tunis, allié de longue date contre les trafics, pourrait bientôt partager des outils de vérification conjoints pour colmater ces brèches.

100 000 cartes exploitées : Un scandale qui ébranle la confiance, dénoncé à l’APN
Le clou du spectacle parlementaire ? La bombe lâchée par Sayoud : « Nous avons détecté l’exploitation de 100 000 cartes bancaires par ces agences. Des chiffres terrifiants ! » Ces « chômeurs » – euphémisme pour les complices recrutés comme prête-noms – ont servi de rouages à une multiplication effrénée de demandes frauduleuses. En riposte, les services de sécurité ont verrouillé les frontières : blocage des convois suspects et imposition de licences obligatoires pour tout transport vers la Tunisie. « Zéro demande de permis enregistrée à ce jour – la preuve irréfutable de l’illégitimité de ces flux », a martelé le ministre, arrachant des murmures d’approbation aux députés. Cette affaire, disséquée en direct à l’APN, expose les vulnérabilités d’une mesure bien intentionnée. Avec des centaines de millions d’euros injectés depuis son lancement, la prime aurait dû irriguer l’économie touristique légitime. Au lieu de cela, une part substantielle a filé dans des circuits opaques. « Ni l’Algérie, ni les familles, ni la Tunisie n’en ont profité. Ces fonds ont été détournés par des brokers dans des usages que nous ignorons encore, mais que nous traquons », a conclu Sayoud, jurant des poursuites judiciaires sans pitié.

Perspectives : Une réforme pour un tourisme vertueux, débattue à l’APN
Les échanges à l’APN n’ont pas été qu’une passe d’armes : ils ont ouvert la voie à une refonte ambitieuse. Des consultations avec les professionnels du tourisme honnêtes sont prévues pour 2026, pour orienter la prime vers des circuits certifiés – agences labellisées, trajets sécurisés et rapports en temps réel. Des voix de députés ont applaudi : « Un signal fort pour la transparence. Mais avançons vers une plateforme digitale avec IA anti-fraude ! »
À l’approche des fêtes, cette prime renaît, plus blindée, de ses déboires. Pour les familles, c’est un bol d’air ; pour les escrocs, un couperet. L’APN, temple de la délibération, a transformé un scandale en opportunité. L’Algérie des horizons ouverts ne tolérera plus les magouilles qui entravent ses rêves de liberté.

Par : Hamrouche Mounir

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