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Fibre optique en Algérie
Algérie Télécom accélère et dépasse les 2,9 millions d’abonnés FTTH, un jalon décisif pour la révolution numérique
14 Décembre 2025

Dans un pays où l’accès à internet haut débit était encore un luxe il y a cinq ans, Algérie Télécom vient de franchir un cap symbolique qui pourrait bien redessiner le paysage numérique de la nation. L’opérateur public, pilier de la stratégie nationale de transformation digitale, annonce avoir atteint 2,9 millions d’abonnés à son service de fibre optique jusqu’au domicile (FTTH). Cette étape, marquée par un déploiement accéléré dans la wilaya de Blida, traduit une ambition claire : généraliser le très haut débit à tous les coins du territoire, des grandes artères d’Alger aux hameaux isolés du Hoggar.

Un bond en avant qui, au-delà des chiffres froids, promet de booster l’éducation, l’économie et le quotidien des Algériens, dans le sillage de la feuille de route "Algérie Numérique 2030". C’est à Blida, la "ville des Roses " du centre du pays, que cette avancée a pris corps ces derniers jours. Là, des milliers de foyers ont basculé vers la fibre optique, offrant des connexions stables à plus de 100 Mbps – un monde à part du ADSL capricieux qui freinait encore tant d’usages en 2020. "Cette wilaya stratégique, avec ses 1,5 million d’habitants, incarne l’accélération remarquable de notre réseau FTTH", souligne un communiqué officiel d’Algérie Télécom. L’entreprise, détenue à 100% par l’État, y voit non seulement un triomphe technique, mais un levier pour "offrir aux utilisateurs des solutions modernes, rapides et adaptées aux usages numériques quotidiens". Streaming fluide, télétravail sans latence, ou e-learning pour les étudiants : la fibre n’est plus un gadget urbain, mais un droit citoyen en marche.
Pour mesurer l’ampleur de ce progrès, un flashback s’impose. En 2020, l’Algérie comptait à peine 53.000 foyers raccordés à la FTTH, un reliquat d’infrastructures héritées des années 2000. Cinq ans plus tard, le compteur explose : 1 million en novembre 2023, 1,5 million en 2024, 2,5 millions en septembre dernier, et voilà les 2,9 millions aujourd’hui. Une croissance exponentielle de 2730 % en quatre ans, qui place le pays en tête du Maghreb pour le nombre de connexions fibre en Afrique du Nord, avec 800.000 abonnés FTTH dès mi-2023. "C’est un milestone dans la transformation numérique de la nation", s’enthousiasme un cadre d’Algérie Télécom, contacté par nos soins. "On passe d’une couverture de 5% des ménages à près de 27% aujourd’hui, avec un objectif de 100% fibre d’ici 2027."
Cette offensive n’est pas un feu de paille. Elle s’inscrit dans la Stratégie nationale de transformation numérique dévoilée en mai dernier, baptisée "Algérie Numérique 2030". Ce plan ambitieux, piloté par le ministère de la Poste et des Télécommunications, vise à forger une "société, une économie et une gouvernance numériques". Trois axes phares : l’infrastructure (où la FTTH est reine), les services publics en ligne (e-gouvernance), et l’inclusion (formation aux TIC pour 5 millions d’Algériens d’ici 2030). Le gouvernement y injecte des milliards de dinars, avec des partenariats internationaux comme celui scellé en juillet avec l’Italie pour booster la connectivité trans-méditerranéenne. Résultat ? Une pénétration internet globale à 76,9% en 2025, soit 36,2 millions d’utilisateurs – une hausse de 1,4% en un an. Sur mobile, c’est même 116% de pénétration, un record africain qui compense les faiblesses du fixe.
Mais derrière les stats triomphales, des défis persistent. La fracture numérique, soulignée par l’Union internationale des télécommunications (UIT), reste béante : 71,2% d’accès global en 2024, contre 85,9% en moyenne mondiale. Dans les wilayas rurales comme Tamanrasset ou Illizi, la fibre peine encore à percer, freinée par le relief et les coûts logistiques. "On déploie à Souk-Ahras pour connecter tous les foyers d’ici fin 2025, et à Masila pour des connexions ultra-fiables", précise Algérie Télécom, qui table sur des câbles sous-marins et des tours 5G pour combler les trous. À Blida, les premiers bénéficiaires – agriculteurs connectés pour monitorer leurs récoltes via IoT, ou étudiants en visioconférence avec des universités européennes – témoignent déjà d’un virage sociétal. "Ma connexion ADSL plantait toutes les heures ; avec la fibre, je lance mon e-commerce sans stress", confie Amina, une entrepreneuse de 28 ans installée à El-Eulma, non loin de Blida.
Économiquement, l’enjeu est colossal. Le haut débit dope le PIB : chaque point de pénétration génère 0,5% de croissance, selon des études de la Banque mondiale adaptées au contexte maghrébin. En Algérie, où les hydrocarbures pèsent encore 95% des exportations, la fibre ouvre la voie à une diversification. Startups en fintech, plateformes de e-santé, ou tourisme virtuel : les 2,9 millions d’abonnés FTTH – majoritairement via l’offre Idoom Fibre à 2.200 DA/mois pour 60 Mbps – alimentent un écosystème en effervescence. "Algérie Télécom n’est plus un simple opérateur ; c’est un catalyseur de l’innovation", analyse Karim Belkacem, expert en TIC à l’Université d’Alger. "Avec des vitesses moyennes de 50,85 Mbps sur fixe, on rivalise avec le Maroc (730 000 connexions FTTH), mais il faut accélérer pour rattraper la Tunisie."
La 5G pointe déjà le bout de son nez, avec des tests en cours à Alger et Oran, conformes aux standards internationaux. Parallèlement, l’e-gouvernance avance : 88,91% des abonnés internet sont mobiles au T1 2025, mais le fixe grimpe pour les services administratifs en ligne, comme les déclarations fiscales ou les inscriptions scolaires. L’Algérie, classée 116e mondial en e-gouvernance en 2024, vise le top 100 d’ici 2030.
Pourtant, des ombres planent. La concurrence stagne : Ooredoo et Djezzy, focalisés sur le mobile, laissent Algérie Télécom dominer le fixe. Et les cybermenaces ? Avec 72,9% d’internautes en 2024, les attaques DDoS et phishing explosent, appelant à une cybersécurité renforcée. "On forme des milliers de jeunes aux TIC, mais il faut des data centers souverains pour sécuriser les flux", plaide un rapport récent sur le digital algérien.
En réaffirmant son "engagement continu" pour une "expérience riche et des services de haute qualité", Algérie Télécom trace la voie d’un futur connecté. À Blida comme ailleurs, ces 2,9 millions d’abonnés ne sont qu’un prologue. D’ici 2027, la fibre pourrait toucher 10 millions de foyers, transformant l’Algérie en hub numérique maghrébin. Pour les citoyens, c’est simple : un clic qui change tout. De l’agriculteur qui vend en ligne à l’étudiant qui code son app, la révolution est là, fil par fil. Reste à ce que le déploiement suive le rythme – et que personne ne soit laissé sur le carreau du numérique

Par : Hamrouche Mounir

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