Le Midi Libre - Culture - La 12e édition en compétition avec 50 films, Cuba invité d’honneur du 4 au 10 décembre
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Edition du 4 Décembre 2025



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Festival du film d’Algérie
La 12e édition en compétition avec 50 films, Cuba invité d’honneur du 4 au 10 décembre
4 Décembre 2025

À l’approche de son ouverture imminente, la 12e édition du Festival international du film d’Algérie (AIFF) s’annonce comme un événement pivotal pour le cinéma maghrébin et africain, avec pas moins de 101 films au programme, dont 50 en compétition officielle provenant d’Algérie et de 28 pays. Prévu du 4 au 10 décembre 2025 dans la capitale algérienne, ce rendez-vous culturel placera Cuba à l’honneur, soulignant les liens indéfectibles entre Alger et La Havane. Les organisateurs, réunis samedi en conférence de presse, ont dévoilé une programmation riche en diversité, mêlant fiction, documentaire et courts métrages, tout en inaugurant des initiatives novatrices comme un marché professionnel du cinéma.

Cette édition, sous l’égide du ministère de la Culture et des Arts, met l’accent sur les « voix du Sud », un thème qui résonne avec l’histoire anticoloniale partagée par l’Algérie et ses invités. Cuba, choisi comme invité d’honneur, symbolise un « prolongement d’un lien historique et culturel profond », comme l’a expliqué le directeur du festival, Mehdi Benaïssa. En partenariat avec l’Institut cubain des arts et de l’industrie cinématographique (ICAIC), six films cubains seront projetés hors compétition, explorant les dimensions politiques et esthétiques du cinéma révolutionnaire. Des classiques comme ceux de Tomás Gutiérrez Alea ou des œuvres contemporaines sur la résistance culturelle viendront enrichir le panorama, rappelant l’alliance forgée lors des luttes pour l’indépendance algérienne dans les années 1960.
La compétition officielle, cœur battant de l’événement, opposera 50 films dans trois catégories principales : 16 longs métrages de fiction, 14 documentaires et 20 courts métrages. Parmi les longs métrages, six productions algériennes se distinguent, telles que Rakia de Yanis Koussim, une exploration intimiste des traditions familiales, et Les Amants d’Alger de Mohamed Charaf Eddine Qattita, un drame urbain sur l’amour dans La Casbah. Elles rivaliseront avec des œuvres internationales, dont Après la fin de Pablo César (Argentine), un thriller post-apocalyptique salué à Cannes ; L’Homme d’or de Tordibek Maydan (Kazakhstan), une fable sur la corruption des élites ; et Rêves éphémères de Rashid Masharawi (Palestine), qui aborde l’exil et la mémoire collective. La section des courts métrages de fiction vibrera avec 20 entrées, neuf d’entre elles algériennes, comme Résultat positif de Nidal Mallouhi, une satire sociale sur la bureaucratie médicale. Des pépites étrangères compléteront le lot : Le Foulard noir d’Ali Reza Shah Hosseini (Iran), un portrait poétique de la répression des femmes ; Dissonance de Raquel Larru (Espagne), une expérimentation sonore sur l’identité queer ; et Le Secret de ma grand-mère de Nourhan Abdel Salam (Égypte), un conte familial teinté de mysticisme.
Les documentaires, au nombre de 14, offriront un regard cru sur le réel, avec quatre films algériens en tête : Aknaw de Houria Hammadouche, une immersion dans les rituels berbères du Hoggar, et Retour à la ville de Jamal Lakhal, un témoignage sur la migration rurale. À leurs côtés, Hayyu, la chanteuse rebelle (Sahara occidental/Suède), un hommage à une voix dissidente du désert ; Chant des Sami pour la survie de Yara Lee (États-Unis), plaidoyer écologique des peuples autochtones ; et Nankawazo de Jorge Fuentes (Cuba), chronique d’une communauté afro-cubaine en résistance.
Hors compétition, 51 films élargiront les horizons : huit productions palestiniennes primées mondialement dans une section dédiée « Portes ouvertes sur la Palestine », un geste solidaire face aux tensions actuelles au Proche-Orient ; 22 œuvres algériennes dans la « Panoramique du cinéma algérien », couvrant des générations de cinéastes des années 1970 à aujourd’hui ; et 10 films du Sud global, issus de pays comme l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud, pour interroger les inégalités postcoloniales.
Les prix, décernés dans chaque catégorie, incluront un grand prix, un prix du jury, un prix du public, un prix de l’innovation technique – nouveauté de cette édition, jugé par un comité présidé par le réalisateur Rachid Ben Alal – et des mentions spéciales. Ces récompenses visent non seulement à couronner l’excellence artistique, mais aussi à encourager l’innovation, particulièrement dans un contexte où le cinéma arabe peine à rivaliser avec les géants hollywoodiens.
L’événement s’ouvrira au Théâtre national algérien par la projection de la version restaurée de Plongeurs du désert (1952), un joyau du pionnier Taher Hannache, préfigurant l’Âge d’or du cinéma maghrébin. La clôture, émouvante, rendra hommage à La Voix de Hind Rajab de la Tunisienne Kaouther Ben Hania, un documentaire poignant sur l’enfance dans les zones de conflit. Plusieurs figures du 7e art seront célébrées : la légendaire Biyouna (Baya Bouzar), disparue mardi dernier et icône de la chanson et du cinéma populaires ; la cinéaste Zohra Yahia ; la Cubaine Liset Villa ; l’Allemande Monica Müller ; le vétéran Tawfik Fares ; l’Américaine Ellen McNulty ; et l’acteur Saleh Ouakri.
Pour la première fois, un « Marché du Festival international du film d’Algérie » ouvrira ses portes, espace d’échange professionnel accueillant 10 projets innovants pour favoriser les coproductions entre acteurs du cinéma et de l’audiovisuel. Les inscriptions sont déjà ouvertes, attirant des délégations d’Afrique, d’Europe et d’Amérique latine. Au-delà des écrans, le festival animera Alger à travers cinq salles emblématiques – la Salle Ibn Zaydoun à Riadh El Feth, le Cinematek, le Théâtre municipal (ex-Casino) et d’autres – avec des ateliers du Cini Lab pour étudiants : formations en effets sonores, écriture de scénario et montage, pilotées par des experts internationaux. Ces initiatives visent à former la relève, dans un pays où le cinéma, malgré un passé glorieux (de L’Opium et le Bâton à Machaho), souffre de sous-financement chronique.
Dans un contexte géopolitique tendu, où le cinéma devient tribune pour les opprimés, cette 12e AIFF renforce le rôle d’Alger comme capitale des cinématographies du Sud. Avec Cuba comme phare, elle invite à une réflexion sur la solidarité postcoloniale, tout en stimulant un secteur en pleine renaissance. Les cinéphiles du monde entier, de La Havane à Ramallah, convergent vers Alger pour une semaine de projections, débats et rencontres qui pourraient bien redessiner les contours d’un cinéma engagé et universel.


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